TEXTE 43

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Noria courait à en perdre haleine.

Sa course à travers la plaine de Zoria l'épuisait, mais elle ne laissait pas tomber.

Elle savait qu'on avait besoin de son aide, et le plus vite possible.

Alors qu'elle se trouvait dans sa demeure, implantée dans la capitale du royaume, elle fut envoyée en urgence aux frontières de son pays :

Les armées voisines tentaient de prendre possession des quelques terres situées à l'intérieur des frontières du pays, connues pour leurs terres fertiles et leurs bons climats.

Les oiseaux et petits animaux se faufilaient, d'autres s'envolaient dans les arbustes les plus proches à l'approche de la demoiselle. Sa course résonnait maintenant dans la forêt de Hed.

Ses longs cheveux châtains, atteignant les omoplates, étaient balayés par le vent, tout comme sa robe blanche qui lui arrivait aux genoux.

Ses petites chaussures noires commençaient à être salies par les flaques de boue dans lesquelles elle posait le pied. Il en était de même pour ses jambes, complètement salie par la terre humide. Les bas branchages foutaient même les chevilles de la demoiselle à son passage.

Ses yeux, qui brillaient d'un vert émeraude, avaient un éclat unique.. La couleur était tellement vive qu'il semblait possible de les voir, même dans le noir total.

Arrivée devant une colline qui ressemblait d'avantage à une montage, elle dut s'accrocher à quelques branches pour éviter de tomber lorsqu'elle l'escalada.

Mais elle y était presque, elle n'allait pas laisser tomber.

Ses efforts ne furent pas vain.

Se tenant en haut de cette colline, la jeune femme pouvait apercevoir, loin devant elle, le champ de bataille. Ce qu'elle voyait ne signalait rien de bon, mais elle était arrivée.

Après cette brève réjouissance, elle pressa de nouveau le pas, le souffle court.

Un peu plus tard, elle finit par arriver en dernière ligne de combat, d'abord doucement acclamée par les soldats qui, bien trop concentrés, n'avaient pas encore remarqué sa présence :

« Mademoiselle, enfin ! Vous avez réussi à nous rejoindre ! » s'exclama un des hommes. « Nous avons tenu du mieux que nous avons pu ! »

La joie s'entendait dans sa voix, mais un air grave le reprit aussitôt. Il se retourna en direction du champ de bataille et s'accroupit brusquement, en se tenant la côte gauche. La douleur devait être intense pour cet homme, car il continua de parler sans regarder Noria:

« Mais .. plusieurs de nos confrères sont tombés, déjà.. Nous ne sommes plus beaucoup, et l'armée ennemie reste bien plus forte ! Et bien plus nombreux également.. ! »

Noria s'accroupit à son tour avant de poser la main sur l'épaule de cet homme. Ce n'est qu'à ce moment qu'elle réalisa qu'il n'avait pas plus de seize ans. Presque son âge, à elle.

« Maintenant, je suis là, commença-t-elle, et je vais inverser le cours de cette bataille. Je vous le promets. »

Souriante, elle se releva et avança. Elle dépassa alors la dernière ligne, marchant encore vers le champ de bataille, jusqu'à apercevoir le corps d'un premier homme.

Elle leva le regard vers l'horizon.

La curiosité, à la fois qualité et défaut de la jeune fille, s'agitait dans l'esprit de Noria qui découvrait ces centaines de corps qui jonchaient le sol.

Or, la plupart ne semblaient pas mort. Leur respiration saccadée s'entendait pour les plus proches, et s'observait pour les plus lointains.

L'horreur de la guerre laissait des traces, tout comme le sang dans lequel une lance faisait baigner sa lame. Un nombre incalculable d'armes jonchaient le sol.

Elle se baissa alors. Elle craignait le pire pour l'homme qui se tenait devant elle, et décida de prendre son pouls.. Il était encore en vie.

Elle en soupira de soulagement.

Sans perdre une minute de plus, elle se leva et ne bougea plus.

Joignant ses mains, Noria se mit à murmurer quelques phrases dans une autre langue.

Un jeune soldat, non loin de là, entendit ses paroles :

« C'est donc ça, murmura-t-il, L'Exegimus, le langage des Anciens »

On ne pouvait entendre nulle part ailleurs une telle conviction dans la voix d'une jeune femme. Sa voix était un mélange de vérité et d'imploration. Une personne aux véritables croyances.

Elle était l'espoir.

Elle était le miracle.

Elle se tut. Rien ne se passait.

Elle leva les yeux au ciel, les larmes aux yeux et murmura dans la langue de son pays natal :

« Je vous en prie.. Je veux juste sauver cette bataille, et mon royaume avec .. »

Toujours rien, puis juste avant que le désespoir ne l'envahisse, elle entendit le râle d'un homme à ses côtés.

Elle tourna le regard dans sa direction pour l'entendre murmurer tout en tâtant sa jambe :

« Ma jambe .. ma jambe, elle est guérie ? »

D'autres hommes se relevèrent, ayant guéri de leurs coups reçus. Tous furent étonnés tandis que Noria souriait de soulagement. Les éléments lui avaient accordé leurs pouvoirs et avaient écouté la demande de la demoiselle :

Soigner la totalité des soldats alliés.

C'est à dire plus d'un millier d'hommes au bord de la mort.

L'armée adverse, ayant pu voir chacune des actions de Noria, leva le drapeau blanc en signe de retraite alors qu'elle avait une avance considérable. Mais ils étaient terrorisés, complètement médusés:

Jamais ils n'avaient vu pareil sortilège capable de relever des guerriers gravement blessés !

Les frontières du pays étaient maintenant sauves.

Noria savourait l'aide qu'elle avait apporté à l'armée de son pays tandis que les soldats

hurlaient à la gloire de la jeune femme :

« Vive la Ashie ! Que son âme soit à jamais sauve !

- Elle nous a tous sauvé ! Elle est vraiment formidable ! Nous lui devons la victoire ! »

Et c'est acclamé de tous que Noria commença à rejoindre le camp des guerriers pour faire part de la situation victorieuse au Roi.

Or, elle était maintenant épuisée : La course, ainsi que l'utilisation excessive de son don lui avait consommé toute son énergie. A chaque pas, on avait l'impression qu'elle allait s'effondrer sur sol.

Un jeune guerrier se proposa de porter la demoiselle jusqu'au camp : Ils savaient tous très bien l'immense énergie qu'il fallait pour utiliser ce qu'ils appelaient l'« Exegimus »

Noria s'endormit sur le dos du porteur, le sourire aux lèvres.

Fais péter ton prologueWhere stories live. Discover now