Fais péter ton prologue

TEXTE 18

Catégorie : roman d'amour

Dans les années 80,

Nous aurions voulu le faire exprès, nous n'y serions pas arrivées. Depuis des mois, c'est notre constat et il nous amuse. Le hasard, probablement mais il fait bien les choses.

Ma meilleure amie Nathalie est tombée enceinte quelques semaines avant moi. Parvenue à terme, l'accouchement a connu quelques rebondissements. Finalement, tout s'est bien terminé et ils ont maintenant un petit être à satisfaire les besoins de base. Un adorable petit garçon d'une semaine : Adrien. Toute petite crevette à câliner qui remplit sa vie ainsi que celle du nouveau papa, Lionel, de beaucoup de bonheur. Demandant pas mal d'attentions pour cause de petite santé, il est mignon comme tout. Dans quelques mois, il sera robuste. Je n'en doute pas. Sans pudeur, leur joie, que nous partageons, est manifeste.

Attendant des jumeaux, mon tour va arriver un mois avant le terme à quelques jours d'intervalle. Le coup du destin. Nous allons pouvoir fêter les anniversaires en même temps.

Avec mon mari Stanislas, nous sommes comblés bien qu'une petite pointe d'appréhension se fait parfois sentir à mesure que l'accouchement approche. Novices en matière d'enfant, en avoir deux d'un coup a de quoi effrayer.

Cependant, il est tellement disponible et attentionné que je ne doute pas une seconde de son implication au sein de la famille que nous allons fonder.

Nous habitons une maison cosy passage Villa Dietz-Monnin dans le seizième arrondissement de Paris. Véritable investissement sur l'avenir, elle est à notre image. Chaleureuse et généreuse. Stanislas est promoteur immobilier et gagne bien sa vie, ce qui nous a incité à acheter ici.

Efficaces et parfaitement organisés, la chambre d'enfance est tout juste terminée. Dans les tons bleus avec du mobilier hêtre, je suis convaincue que les petits gars seront très bien. Nous les aimons déjà et avons hâte de faire leur rencontre avec tout ce que cela implique.

Nostalgique de nos vacances dans le Sud, j'ai confectionné des petits sachets de senteurs parfumés à la lavande pour embaumer agréablement le linge dans la penderie.

– Nous avons fait du beau travail, chérie, dit fièrement mon mari en étudiant les lieux.

– Je trouve aussi. On devrait se mettre d'accord pour les prénoms ?

Ses bras m'enlacent doucement. Rien n'est plus précieux que d'être lovée contre lui.

– Bonne idée. Pierre-Henri et Jean-Eudes ?

– Trop classiques.

– Sylvain et Cédric ?

– Pareils.

– Alban et Aymeric ?

– Bof...

Seul point de divergence entre nous. Rien ne nous plaît vraiment. Je me fais une raison en me convaincant que ça nous apparaîtra au bon moment. Dès que nous les verrons. Nous laissons tomber pour l'instant.

Je suis absolument heureuse. Ma vie est belle. Je n'en changerais pas une seconde.

Le rêve. Tout est si parfait entre nous.

Depuis une décennie. À nos seize ans.

Notre rencontre remonte au lycée.

Moi, Astrid, première de la classe, je passais inaperçue. Mes vêtements trop amples et sans fantaisie, je faisais petit rat studieux. Mes lunettes et mon chignon sage complétant ma tenue ne laissaient aucun doute sur mon insignifiante banalité.