Chapitre 3

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Attention Lemon ! vous voilà prévenus

Bonne lecture 

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J'ai commandé de quoi manger pour deux et en attendant la venue de nos plats, le silence est difficilement percé par nos deux respirations...

Je garde Jimin contre moi jusqu'à ce que ses yeux soient complètement secs. Il ne pleure jamais tant, ni si souvent. La situation et le stress, l'inquiètent. Il n'a pas encore eu la liberté de reprendre ses esprits et de se reposer après la première partie de notre World Tour, il est épuisé. Et il entre maintenant dans un état que je hais profondément. Un état d'absence qui le prend parfois... où son corps est présent mais son âme est ailleurs, loin d'ici, loin de moi. Dans ces instants de silence, où son regard se fixe sur un point invisible, il m'est inaccessible. Je sais que pendant ces longues minutes, il remet en cause l'essence de son existence. Et j'aurai beau essayer de le convaincre de la valeur de sa vie, il ne me regarde pas, ne m'écoute pas, plongé et submergé par ses réflexions à mille lieues des maigres stratosphères que je suis capable de déchiffrer. Jimin ne parle pas de ses problèmes. Il ne veut pas nous inquiéter. Mais ce qu'il ne comprend pas, c'est que le silence et l'ignorance m'inquiètent davantage que ses rares aveux. Il emmagasine seul sa douleur et je crains le jour où il ne supportera plus cette pression. Ces derniers jours, Jimin a très peu ouvert la bouche, il a vécu des épreuves difficiles et il en a pleuré. C'est cette infime différence qui me serre le cœur. J'ai peur qu'il ne craque, qu'il ne se brise et ses larmes m'effraient. Elles semblent le mener vers ce point de non-retour sur un chemin droit et tout tracé que j'ai du mal à sinuer. J'aimerais bâtir des ponts, des détours, des impasses sur sa route trop sèche pour retarder le jour où il en touchera le bout. Je veux le retenir, le préserver des aléas qui l'engloutissent. Mais pour cela je dois attirer son attention et le sortir de cet étau de mansuétude.

J'affiche une mine boudeuse en ceinturant sa taille et en gonflant les joues. Je ne suis pas un grand amateur d'aegyo mais Jimin aime ça et je joue l'enfant pour l'arracher aux bras de la mélancolie. Mais Jimin ne répond pas. Il est plongé dans ses sombres pensées et remarque à peine ma présence.

- Jimin...

Je gémis son prénom comme un petit garçon qui demanderait un nouveau jouet en faisant des yeux de chien battu. J'ai vraiment l'air d'un koala sur sa branche et je resserre ma prise jusqu'à ce que son regard croise le mien. Cet échange ne dure que quelques secondes avant qu'il ne me force à me décrocher.

- Jungkook arrête... je vais me coucher.

- Tu ne veux pas attendre de manger un bout ?

- Non, je n'ai pas faim...

Il fouille dans ma valise pour récupérer son portable, il enfile ses chaussures et prend son manteau.

- Où est-ce que tu vas ?

- Dans l'autre chambre.

Il vient verser ses larmes au creux de mon cou puis s'enferme dans sa carapace et maintenant il veut s'éloigner de moi ? S'il pense que je vais le laisser faire, c'est qu'il me connait mal.

Au moment où il pose sa main sur la poignée pour ouvrir la porte, je le devance et la referme dans un claquement sonore. Je suis dans son dos, seule ma main, au bout de mon bras tendu, est posée à plat sur la porte. Mes doigts son encore crispés sur le bois au cas où il réitérerait sa tentative de fuite. Sur mon avant-bras se dessinent deux grosses veines où circule mon sang qui bouillonne. Il n'a rien fait de mal mais un sentiment de colère s'empare de moi.

TraqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant