Chapitre 19

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Dix-neuvième chapitre

Sophia se retourne vers mon frère,  Ludovic,  avant de me jeter un regard rempli d'incompréhension. Je déglutis difficilement et glisse enfin mon regard de Sophia à Ludo.

- Euh... Ludo, je...  Je te présente Sophia, une grande amie à moi... Je bafouille.

Ludo plisse les yeux et s'approcha de la porte.

- On aura une discussion tous les deux ce soir... Me lance t-il avant d'entrer dans la maison.

J'avale difficilement ma salive et lance un regard empli d'inquiétude à ma meilleure amie,  tandis qu'une boule se forma dans mon estomac.

- Viens, on va faire un tour... Me dit doucement Sophia.

Je hoche la tête et la suis jusqu'à sa voiture. Je monte à l'intérieur côté passager et Sophia côté conducteur. Elle démarre et m'emmène je ne sais où. Je pose ma tête contre la vitre froide et embuée et ferme les yeux un court instant, quand Sophia me demande :

- C'était ton frère, n'est-ce pas ?

Je me mords la lèvre inférieure et ferme fort les yeux.

- Oui. Répondis-je simplement, ne prenant même pas la peine de me tourner vers elle.

Il y eu un silence et je me tourne légèrement vers elle. Elle fixe la route et tapote le volant d'un air pensive.

- Sophia ? L'appelai-je.

- Oui ?

- Qu'est-ce que tu veux me dire ?

Elle me jeta un coup d'œil furtif et se concentra de nouveau sur la route.

- Je... Je sais que ça va te paraitre stupide, mais... Je sais pas, j'ai comme l'impression de vivre ce que tu vis... Enfin, pas ta situation, hein ? Juste la douleur...

Cette fois c'est la joue que je me mords fortement pour éviter de pleurer. Je me retourne immédiatement vers le paysage qui défile à une allure folle, quand une larme coula.

- Je suis désolée, Sophia, mais ce que je ressens tu peux le ressentir que quand tu vis ce que je vis... Vis-tu dans ce milieu, Sophia ? M'exlamais-je.

- Non, désolée Chloé, je voulais pas...

- Ce n'est rien. La coupais-je. Mais ne dis plus de conneries pareilles s'il te plait...

Elle hoche la tête. Au bout d'un moment, elle se gara sur une place de parking et coupa le moteur. Je me tourne pour regarder devant moi et remarque que nous sommes devant un centre commercial. Je fronce les sourcils et me dépêche de rejoindre Sophia.

- Sophia, qu'est-ce qu'on vient faire ici ? M'écriai-je.

- Bah, du shopping ! Répond t-elle en haussant les épaules, comme si c'était évident.

- Mais je n'ai pas d'argent !

- Moi j'en ai. Déclare Sophia, sûre d'elle.

Je soupire mais souris malgré moi.

- Bon, je ne pense pas avoir le choix...

- Nan.

- Alors c'est parti pour une journée shopping.

- Tout à fait. 

Je secoue la tête de gauche à droite et fais un rire un peu étouffé.

- Alors, c'est parti.

+++

- Et celle-là ? Me demande Sophia en sortant une robe à fleurs d'un des rayons du magasin; elle est immonde.

- Beurk ! Plus vieux tu meurs... ! M'exclamai-je.

Sophia lève les yeux au ciel mais sourit.

- Bon ! Dit-elle avant de repartir vers les rayons.

Je ris et me retourne vers mon occupation : les bijoux. Après une bonne dizaine de minutes, mon amie revient surexcitée.

- Chloé ! S'écrie t-elle, cette robe est faite pour toi ! Y'a pas moyen de négocier, tu la prends et tu la mets pour vendredi soir !

Elle sautillait sur place en cachant ce qui, j'imagine dois être la robe, derrière son dos.

- Bon,  bah montre-la moi.

Elle la met sous mes yeux et là, je tombe amoureuse... ! C'est une robe assez simple et beige, sans manches avec juste un bustier et le dos nu. Je la touche, des étoiles dans les yeux. Elle est douce et doit être faite de soie... C'est sûr, il me la faut.

+++

J'étais en caisse avec Sophia. Elle avait pris des tonnes de choses, tandis que moi, j'ai seulement pris des escarpins noirs, des bracelets ainsi que des boucles d'oreille argentées. Nous nous retrouvons donc, avec une tonnes de sacs sur les épaules. On rangea tout ça dans le coffre et nous grimpons dans la voiture mauve. Durant le trajet, le silence règne. Je n'arrêtais pas mes pensées qui fusaient dans mon crâne. Comment va se passer la soirée de vendredi ? Était-ce un rendez-vous ? Ou Ethan voulait me faire penser à autre chose ? Tant de questions... Auxquelles on ne va répondre que lorsque je serai avec Ethan. Mon père sera t-il là ce soir ? Mon frère va t-il finir comme mon père ? Cette pensée me fit tressaillir.

- C'était une super journée en tout cas ! Dit Sophia, brisant le silence.

Je sursaute légèrement revenant de ma conscience. Je me tourne vers Sophia, cligne plusieurs fois des yeux, avant de lui répondre.

- Ouais, c'était super.

Sophia hocha la tête. Je baisse les yeux sur mes mains posées sur mes cuisses et les frottent sur mon jean.

- Merci, Sophia... Murmurai-je dans un souffle à peine audible.

Sophia fronce les sourcils et me jette un oeil.

- Pour quoi, ma belle ? Demande celle
-ci.

- Pour... Pour m'avoir emmenée loin de...

Je ravale un sanglot.

- De Ludovic. Je finis.

Elle pose une main sur ma main gauche et me sourit.

- Chloé, murmure t-elle, je savais, je voyais que tu avais peur... Je n'allais tout de même pas te laisser dans ta merde ! 

Je baisse les yeux une nouvelle fois et je ne peux empêcher une larme de couler.

- Eh, je suis là, d'accord ? Ajoute t-elle.

Je lève les yeux pour l'observer et hoche la tête.  Elle regarda derrière moi et me regarde avec de l'inquiétude dans le regard. Je me retourne vivement vers la fenêtre, de peur que mon père soit là à m'attendre, mais je ne vois que la porte de chez moi. Je frissonne déjà à l'idée d'entrer. De une, parce-que mon père ne paye plus l'électricité, donc le chauffage et qu'il fait un froid de canard, et de deux, parce-que je sais pertinemment que mon frère m'attend.

- Bon, dit Sophia, bonne chance et s'il le faut, tu fuis et tu m'appelle, ok ?

- Ok. Répondis-je la voix brisée par l'émotion.

Elle me prend dans ses bras.

- Aller, courage.

Je hoche la tête et ouvre la portière, avant de me glisser dehors. Je grimpe le perron et, arrivée sur celui-ci, je me retourne et fais un lent signe de la main à Sophia. Ce n'est que lorsqu'elle démarre la voiture et qu'elle quitte ma rue, que j'enroule une main autour de la poignée et ouvre la porte.

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