Plus qu'un corps

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18/06/17

Paris, gare Montparnasse, 6h07, assise dans mon train, dans un silence apaisant, entourée de personnes somnolentes, mes yeux fatigués se ferment tous seuls. Doucement je me laisse bercer par le train et m'endors dans un sommeil léger. Je sens celui-ci ralentir et ouvre les yeux avec difficulté. J'entend la mélodie de la SNCF et une voix nous annoncer que nous allons nous arrêter dans la gare de Massy car ils ont trouvé un corps sur les rails. Un corps inerte allongé sur les rails, un corps gisant, un corps d'une pauvre personne qui s'est ôtée la vie. Un corps d'une personne désespérée qui n'a trouvé aucune autre solution. Un corps d'une personne touché en plein coeur par la vie, par les atrocités de la société qu'est la notre, seule face à tous ça. Mais était elle seule parce qu'elle n'avait personne ou par choix ? Ne voulait elle pas inconsciemment rester seule parce que toute cette tristesse tout ce désespoir la submergeait et qu'inconsciemment elle se renfermait sur elle-même comme le font la plupart des suicidaires. J'aimerai comprendre. Comprendre comment une personne peut en arriver là parce que même si elle y pense passer à l'acte est tout autre chose. Moi j'y pense, tous les soirs c'est le même refrain, la même question éternelle. Mais passer à l'acte ! Je ne sais pas si j'en serais capable et au fond je pense pas. Mais comment elle, elle a pu. Tous cela se joue à une fraction de seconde où l'instinct de survie ne nous rattrape pas et dans ce cas là cela montre un désespoir infini. Mais je comprends toujours pas. Cette personne n'avait elle pas une famille, des amis ? Personne n'avait trouver son comportement différent. Personne n'avait remarqué quelque chose. Comment peut on laisser une personne en sachant parfaitement qu'elle va mal parce que ça se voit, ça se ressent comme un pressentiment. Nan ? Ca se remarque tout de même. C'est inhumain de laisser quelqu'un aussi faible, de ne pas le soutenir lorsqu'il est au plus bas. Mais les gens sont inhumains, la société est inhumaine. On vit dans un monde de bourrins où il faut se battre pour avoir sa place, se battre pour son bonheur, se battre pour rester triste ne serait-ce qu'instant parce que la société nous dicte qu'il faut être à tout pris heureux. Alors oui je comprends ces gens, je comprends leur désespoir. La vie est parfois si dur et si cruelle que cela peut devenir insoutenable. Au bout d'un moment on ne peut plus continuer à lutter en vain. Ce désespoir nous rattrape toujours nous saute à la gorge, nous tue à petit coup et aujourd'hui le corps de Jane Doe à 6h17 est retrouvé mort sur les railles. Ce corps inerte sur les railles, ce corps gisant, ce corps d'une pauvre personne qui s'est ôtée la vie. Ce corps d'une personne désespérée qui n'a trouvé aucune autre solution.

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