Sanction

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C'était bizarre, mais ça faisait bientôt un mois que le "méchant" ne s'était pas montré. Comme si le "gentil" avait pris le dessus. Et j'en fus comblée. Une partie de moi trouvait quand même cela étrange, mais j'essayais de l'ignorer. Je croyais d'ailleurs devenir folle quand je repensais à ça. Le téléphone sonna, interrompant mes pensées. Je décrochai le combiné:

-Bonjour. Êtes-vous bien madame Soukaïna Bensalem?

-C'est bien moi. Qu'y a-t-il?

-Je suis inspecteur et... j'ai le regret de vous annoncer que nous avons retrouvé le cadavre de votre mari dans une grange abandonnée...

-C'est très drôle, monsieur l'inspecteur, mais mon mari est actuellement avec moi. Je crois que vous vous êtes trompé de personne. Sur ce, bonne soirée.

-Le médecin légiste affirme qu'il s'agit d'Idris...

Je lui raccrochai au nez. C'était une blague de très mauvais goût et ça avait réussi à me perturber. Je descendis voir Idris qui, à mon arrivée, regardait une match de foot. Je l'interpellai:

-Hobi*mon amour, tu sais quoi?   

-Quoi, omri*ma vie ?

-Un inspecteur de police vient de m'appeler.

-Qu'a-t-il dit?

-Qu'ils t'avaient retrouvé mort, abandonné dans une grange!

Il se mit alors à rire, d'un rire qui me glaça le sang dans les veines. C'était celui de quelqu'un de pas normal, de perturbé, de fou! Dans ses yeux, je vis une lueur noire, celle de quelqu'un qui voulait faire du mal. Je m'éloignai, prise de peur. Il était un lion et moi une pauvre biche.

-Qu'est-ce qui te fait croire que ce n'est pas vrai?

Je bredouillai avec peine:

-Ce n'est pas drôle...

-Mais ce n'est pas une blague! Ça fait maintenant un an que je t'observe de l'autre côté du miroir. J'ai finis par tomber sous ton charme...

-Que... qui es-tu? Idris, arrête, ce n'est pas drôle!

Je reculai de plus en plus et à mon plus grand malheur, il le remarqua.

Il se leva et d'une démarche terrifiante, se mit à avancer vers moi. Il avait un air machiavélique, aussi horrible que le diable en personne.

Maria, ô grand malheur, entra dans la chambre à ce moment même. Elle n'eut pas le temps de cligner des yeux qu'il agrippa son cou d'une seule main et la souleva. Un craquement hideux retentit dans le salon. Je sentis le sol se dérober sous mes pieds lorsque je vis cette scène abominable. Le cou de la malheureuse se tordait dans un angle anormal. Du sang coulait abondamment de ses narines et de sa bouche, et ça n'avait pas le moins l'air de perturber l'homme qui se tenait devant moi. Mais était-ce vraiment un homme? Une chose était sûre, ce n'était pas Idris, et j'avais l'intuition que ce dernier s'était fait tué par la personne face à moi. Le policier disait donc vrai! J'étouffai un sanglot et me retrouvai à vomir tripes et boyaux sur la moquette du salon.

Il eut enfin l'air de se rendre compte de l'acte qu'il avait commis. Il tenta de s'approcher de moi mais je le repoussai le plus fort que je le pouvais et je montai les escaliers à une vitesse record, poussée par mon instinct de survie. Je claquai puis verrouillai la porte derrière moi.

Je repris mon souffle, toute tremblante, lorsque je sentis un soupir chaud sur ma nuque. Je sentis mes poils se hérisser et mes cheveux se dresser sur mon crâne. Je tournai très lentement la tête. Il était là, juste devant moi, et un affreux rictus ornait son visage. Je me mis à prier Dieu en qui je n'avais jamais cru. Mais je savais bien que ça ne marchait pas comme ça.

Il tendit délicatement la main pour caresser ma joue gauche, mais j'eus un mouvement de recul. Son visage se décomposa et je vis ses yeux se révulses de colère. Il me murmura à l'oreille, d'un air glacial:

-C'est pour toi que je fais tout ça. Tu m'appartiens.

-Tu n'es qu'un taré.

Je fus la première surprise de cet élan de courage. Ma réponse parut lui déplaire et il me poussa violemment contre la porte, mes cheveux dans ses mains. Je ressentis une vive douleur au niveau du cuire chevelu et les larmes me montèrent aux yeux.

C'était bien un fou. Mais comment avait-il pu entrer dans ma chambre quand bien même je l'ai verrouillée? Je me sentis perdre la tête, et la raison par la même occasion. Je ne reconnaissais plus le vrai du faux, le rêve de la réalité. Mon esprit me jouait sans doute un tour. J'allais me réveiller de ce mauvais cauchemar.

Ma tête tourna, puis je ne sentis plus rien hormis le vide...

Le djinn du miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant