Les fins rayons du soleil traversaient le rideau de ma chambre et une douche chaleur flottait dans l'air. Je me réveillai, de bonne humeur et me lavai le visage puis je descendis les escaliers en chantonnant.
Me dirigeant vers la cuisine, j'apperçus des bagages au pied de la porte, ce qui me surpris.
Était-il déjà rentré? Ce n'était pas normal puisqu'il était là il y a moins d'une semaine encore. Je vis Maria, une servante, monter les bagages, et je m'empressai de lui demander:-Maria? Est-il déjà rentré?
-Oui, madame. Il se repose dans le salon. Il est arrivé à sept heures, il y a trois heures environ.
Je me dirigeai à petits pas vers la porte du salon, hésitante. Mon coeur battait de plus en plus vite dans ma poitrine et je me sentis pâlir. Je n'étais pas encore prête à le revoir et son arrivée à l'improviste n'arrangeait en rien le sentiment de crainte que j'éprouvais à son égard. Je m'adossai au mur et j'inspirai une bouffée d'air pour apaiser ma panique. Je sursautai quand je l'entendis m'interpeller:
-Entre donc, Soukaïna.
J'avais les jambres en coton et elles ne pouvaient plus supporter le poids de mon corps. J'entrai doucement et sentis son lourd regard se poser sur moi tandis que je traversais la pièce en direction du canapé.
C'était une pièce que j'aimais beaucoup, et pourtant elle était dépourvue de miroir. Ce n'était pas un énorme salon. Il contenait un grand canapé en cuire noir et une table basse était posée au milieu. Derrière nous, sur le mur, étaient accrochés deux grands tableaux représentants des fleurs aux vives couleurs. Les fenêtres étaient à droite du canapé, et en face de lui était accroché un grand téléviseur à écran plat.
J'osai enfin lever un oeil dans sa direction mais je rebaissai vite la tête quand nos regards se croisèrent. Un silence pesant régnait dans la pièce lorsqu'il décida de briser la glace:
-Pourrais-tu me passer la télécommande?
Je me précipitai de la lui apporter afin de ne pas avoir à subir ses foudres.
-Merci.
Choquée. C'était le mot qui me définissait le mieux en ce moment. Je le regardai, les yeux gros comme des soucoupes. Je le fixais encore lorsqu'il esquissa un sourire. Je baissai les yeux, ahurie par ce qui venait de ce passer. Nous prîmes donc notre petit-déjeûner ensemble.
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Cela fait maintenant trois jours qu'il est là, et pour la première fois, tout se passe à merveille. Pas de disputes, pas de violence, et bizarrement, j'en vins même à apprécier sa présence et le temps qu'on passe ensemble. Le moment de son départ arriva, car toute bonne chose a une fin. Je me retrouvai, pour la première fois, triste de son départ alors qu'avant je n'attendais que ça. Je faillis carrément le retenir et l'empêcher de partir mais je me retins de le faire. Pendant cette semaine, il avait été très attentionné envers moi. C'était comme un rêve. Mais dans tous les rêves, il y a un moment où on finit par se réveiller. C'était tellement plaisant que j'avais oublé d'évoquer le collier et de le remercier.
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Je dormais profondément lorsque je sentis une main me caresser affectueusement les cheveux.
-Idris? chuchotai-je, engourdie par le sommeil.
La main se retira brusquement et je sentis la présence se diriger vers la sortie. J'entendis un objet se fracasser sur le sol. J'allumai très vite la lampesur ma table de nuit, le coeur battant la chamade. Ca ne pouvait pas être Idris, car il venait de partir hier soir! Qui était-ce donc? Aurais-je halluciné? Mon regard se déposa sur la grande glace en face de mon lit. Je la fixai un moment puis me recouchai.
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Je jetai un coup d'oeil à l'horloge. 11:37. Je me levai avec difficulté et remarquai quelque chose près de la porte, à côté de la commode. Je m'approchai, sur mes gardes, et je fus stupéfaite de voir la main de Fatma de ma grand-mère brisé sur le sol. Je n'avais donc pas rêvé...
Je courrus vers l'entrée, bousculant tout sur mon passage. J'ouvris la porte à la volée et me précipitai vers Marco. Je lui demandai tout en essayant de reprendre mon souffle s'il n'y avait pas eu une infraction pendant la nuit mais il me répondit par la négative. Je retournai à l'intérieur sous le regard interrogateur du garde.
J'essayai d'oublier cette histoire invraissemblable. Je me rendis à la cuisine et mangeai une tartine au Nutella comme si de rien n'était...
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Le djinn du miroir
KorkuSoukaïna, une jeune marocaine vient de se marier à Idris, un riche pragmatique toujours très occupé par le travail et malheureusement très violent. Seule dans la grande villa avec l'interdiction de sortir et des gardes la surveillant, la jeune femm...