Une All Black à Clairefontaine

Chapitre n°13 - Tu m'as tellement manqué

Point de vue de Valentine

Aujourd'hui, c'est l'enterrement de mon père. Je suis assise devant ma coiffeuse à fixer le miroir. Je me regarde toute de noir vêtue avec les cheveux attachés en un chignon très propre, très soigné. Dan et moi, on a pris le soin d'organiser ses funérailles comme il la désirait simple et traditionnelle. On va le faire reposer en paix aux côtés de ma défunte mère. Nous partons en direction du cimetière. En descendant de voiture, je me croche fermement à mon frère, j'ai les jambes lourdes prêtes à me lâcher à n'importe quel moment. Je suis encore choquée par sa disparition soudaine. Nous suivons le cercueil de mon père jusqu'au lieu de la cérémonie. Je m'assoie sur une chaise, Dan est à mes côtés. Il me tient la main et me fais des petits cercles dessus pour me rassurer, me calmer et me dire qu'il sera toujours là pour moi. Les invités prennent place autour de nous, j'en reconnais certains d'autres pas du tout. Ce qui me fait chaud au cœur, c'est de voir la présence des All Blacks ici. Malgré le fait que Dan n'est plus un international, l'équipe est toujours là pour nous soutenir. C'est ce que j'aime dans le rugby, c'est cette cohésion et cette idée de famille. Parmi eux, il y a Richie McCaw, Julian Savea et les membres de l'équipe que mon frère a côtoyé. Je pense que même Jonah Lomu serait venu s'il était encore de son monde. L'équipe actuelle est là aussi donc par conséquent, Beauden est ici. Il est venu avec ses frères, ses parents et sa petite-amie. Vous vous demandez qui est Beauden pour moi. Beauden est mon ex petit-ami. Ben oui, je suis tombée amoureuse d'un rugbyman. Il y a longtemps. Il a été mon premier amour mais ça n'a pas fonctionné. En fait, je l'ai rencontrée lors de sa première sélection en équipe nationale, j'étais préparatrice physique là-bas. On est sorti ensemble au bout de trois mois puis six-sept mois plus tard, on a rompu en bons termes. On s'est rendu compte que l'on pouvait pas dissocier vie professionnelle et personnelle. En fait, notre relation ne pouvait qu'être amicale. Officiellement, c'est ça mais techniquement, on avait deux personnalités différentes. Je suis une dure à cuire dans le monde professionnel mais un cœur d'artichaut quand il s'agit de sentiments qu'il soit amicaux, familiaux ou amoureux. Le problème, c'est que Beauden est un dur à cuire dans les deux cas alors aux entraînements, c'était explosif. On s'est engueulés un nombre incalculable de fois alors après le travail, j'essaie de faire quelque fois et d'avoir des moments tendres et d'affectueux avec lui mais c'était peine perdue. Beauden est très rancunier. On avait marre de cette situation et on a rompu. Voilà l'histoire. C'est peut-être pour ça que j'ai peur d'avouer mes sentiments à Olivier. Déjà, je ne sais pas comment j'ai fait pour ne craquer. Je veux dire quand je lui ai formellement interdit de venir alors qu'en fait, j'ai trop besoin de lui maintenant. Je reprends mes esprits et me concentre sur la cérémonie où les collègues de mon père se remémorent tous les souvenirs qu'ils ont vécus ensemble. J'ai rigolé face à certaines anecdotes. Puis mon frère part dire quelque mots, je l'écoute attentivement.

Dan: Aujourd'hui, nous sommes là pour rendre hommage à un homme formidable, mon père. Mon père était un homme aimé et respecté de tous et il le leur rendait bien. C'était un père aimant, affectueux qui nous a dévoué corps et âme pour moi et ma sœur, Valentine afin de réaliser de nos rêves. Je n'aurais jamais cette carrière sans lui et son soutien. On a eu ses magnifiques opportunités de carrière grâce à lui. On a manqué de rien, il s'est toujours surpassé pour nous envoyer dans les meilleures écoles de Christchurch. Il a toujours été là pour nous surtout depuis la mort de notre mère. Ton éducation, les valeurs et les principes qui tu nous ai enseignés on fait de nous, les adultes que nous sommes. Je tiendrai la promesse que je t'as fait avant de mourir, de prendre soin de ta petite princesse, la confier le jour de son mariage à l'homme qui la mérite. Tu nous manque terriblement

Je pars prendre mon frère dans mes bras avant d'aller prendre sa place pour mon éloge funèbre. Il me retire les larmes aux yeux et aux joues avant de m'embrasser le front puis il retourne à sa place.