Prologue: à l'extérieur

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Un hurlement de loup retentit tout près tandis que la pluie s'intensifie encore. Sous un petit promontoire rocheux relativement au sec, quatre silhouettes s'observent en chien de faïence. Au cri de l'animal, elles tournent la tête comme un seul homme, pour ensuite reporter leur regard sur une tour en pierre délabrée qui s'élève à quelques centaines de mètres de leur position. Après quelques secondes d'hésitations, l'une des ombres prend la parole.

  - Je propose de parler au sec à l'intérieur de cette tour. Je veux bien surveiller nos arrières, dit-elle d'une voix grave, butant légèrement sur les mots.

Les trois autres hochent de la tête et se préparent à courir sous la pluie. L'ombre qui a pris la parole quelques instants auparavant porte sa main à sa taille, s'empare de ce qui ressemble à une arme à feu et la charge. Le claquement sec du chargeur rentrant dans la chambre vide du pistolet se répercute sur les murs de la grotte improvisée, créant un écho sinistre.

Alors que tout le monde se prépare encore, une des silhouettes fuse sous la pluie et commence à courir en direction de la tour délabrée. Un nouvel éclair laisse apercevoir qu'il s'agit d'une femme aux cheveux blonds et sales. Puis la chape noire de la nuit plonge à nouveau tout le monde dans les ténèbres. Dans un juron, les compagnons de la fugitive lui emboîtent le pas, bravent à leur tour la pluie.

Ils la retrouvent quelques minutes plus tard, s'escrimant en vain sur la porte d'entrée du bâtiment en ruine. Après avoir remarqué son arrivée, la jeune femme se retourne vers le groupe et lui sert un sourire contrit.

   - Je ne voulais que prendre un peu d'avance pour vous ouvrir le chemin, je vous le jure. Mais le bois de la porte a gonflé et maintenant, elle est coincée. Comme c'est ballot... dit-elle en triturant une mèche de cheveux gras à la recherche d'un peu de compassion.

Sans un mot, l'homme armé du pistolet la pousse sur le côté et s'approche du porche. Il l'inspecte brièvement puis, après avoir pris un peu de recul, lève le pied et l'enfonce dans la porte. Le bois humide cède dans un grincement sinistre.

Sur le seuil de l'édifice perdu au milieu des bois, quatre inconnus se regardent, méfiants et sur les nerfs. Enfin, sans se concerter, ils s'engouffrent dans l'ouverture béante. La porte claque après leur passage. Dans le paysage, plus aucune trace du petit groupe. Au loin, le loup hurle à nouveau.

Le Donjon du Condamné [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant