Une mousse dense d'un vert profond recouvre les murs en brique qui constituent le bâtiment lequel, en son temps, devait être un poste de guet. Quelques fenêtres étroites, souvent brisées, laissent passer la pluie qui forme de petites flaques au pied des parois. Dans un coin du hall est renversée une table, des papiers noircis d'une petite écriture dispersés un peu partout autour d'elle. Au fond de la pièce se dresse une autre porte, bien plus imposante et mieux conservée que la première.
Près de la porte d'entrée, une armoire en bois massif orne une bonne part du mur, richement garnie de lampes torches ainsi que de lampes à huile. L'un des quatre aventuriers s'en approche et sort une lampe de poche qu'il allume et braque sur ses compagnons.
Le premier à être éclairé est le porteur d'arme. Il domine tous les autres d'au moins une tête, mais la sienne est cachée sous un casque intégral de soldat. Il porte également une armure d'un bleu foncé presque noir avec, sur son épaule, l'écusson international des marines. Son torse est d'une largeur impressionnante et son lourd pistolet brille dans la lumière de l'ampoule.
Voyant qu'il est dévisagé, le marine enlève son casque, révélant un visage ouvert étonnement souriant et noir ébène.
Puis le rayon saute sur sa voisine, la fugitive aux cheveux blonds. La lumière découvre de longues mèches sales et emmêlées, une peau crasseuse et un sourire de chicots jaunâtres. Mais les yeux verts de la jeune femme, vifs et inquisiteurs, scrutent chaque membre du groupe.
Suivant son regard, la lumière se déplace à son tour et tombe sur le troisième aventurier, une indienne entre deux âges, petite et trapue. Ses muscles se dessinent sous ses vêtements traditionnels et son visage est encadré par deux tresses de cheveux noirs. Une arbalète sort de son sac et un pistolet pend à sa taille.
Enfin, la lampe fait demi-tour et éclaire son porteur. Il s'agit d'un jeune homme au cheveux bruns coupés en brosse, à la mode militaire. Ses mâchoires broient inlassablement un chewing-gum terni par l'usage et ses mains aux ongles rongés tripotent aléatoirement la lampe et un revolver chromé. Son visage a un teint cireux et de profondes cernes aux couleurs livides encadrent ses yeux.
Alors que les membres de ce curieux groupe se dévisagent, quelque chose heurte la porte, produisant un bruit sourd. Instantanément, les quatre compagnons dégainent leurs armes et visent l'entrée. Tandis que les différents canons pointent le danger caché, s'élève une plainte déchirante, suivie de jappements.
- Laissez-le rentrer, ce n'est que mon chien ! s'écrie l'indienne en se précipitant vers la source des bruits. À peine entrouvre-t-elle la porte qu'un gros clébard beige au pelage trempé se rue dans la pièce, s'ébroue sur la blonde et se blottit contre les pieds de sa maîtresse.
Alors que tout le monde rengaine en tentant d'endiguer cette montée d'adrénaline, le jeune homme à la lampe aboie au trois autres:
- Maintenant que nous sommes relativement en sécurité, est-ce que vous pouvez me dire la putain de raison qui vous pousse à venir dans le Donjon du Condamné ?!
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Le Donjon du Condamné [EN PAUSE]
Short StoryAu fin fond de la forêt se dresse une tour, annexée de ruines. Beaucoup d'aventuriers solitaires y viennent, mus par un désir profond de posséder ce que ce donjon renferme au plus profond de ses entrailles. Ce qu'il contient vraiment ? Nul ne le sa...