Et le plus dur, je crois que c'est le retour à la vie. Tu sais, quand tu t'es habituée pendant 15 années entières à la déception, au vide, aux larmes tard le soir. Quand on te demande de ressentir à nouveau et de sourire. Un vrai sourire je veux dire parce que sourire je sais le faire. On sait tous le faire. Sourire pour faire croire, pour essayer de se convaincre soi-même que 'ça va'. Sourire en rentrant chez toi, devant tes parents, devant ton miroir, devant tes amis, sourire en pleurant. Sourire pour paraître dure et insensible. Sourire pour ne pas s'écrouler à terre et gueuler au monde entier que ce n'est pas juste. Et après avoir fait de tout ça un allié. Après avoir adopté un masque d'argile auquel est accroché ce sourire, après avoir adopté la lune pour défier la nuit à nos côtés, l'alcool pour défier la dépression, la clope pour défier la vie et peut-être le sang pour défier la douleur, on nous demande de revivre. On nous demande de savoir rire et aimer sans avoir peur. En ne redoutant plus les potentielles armes de la vie.
Le plus dur, je crois, c'est de ressentir à nouveau.
Ressentir la confiance, ressentir l'amour ou l'amitié, ressentir la douleur qu'on ne sentait plus. Ressentir l'oxygène, mais plus à travers les clopes. Ressentir parfois, la chaleur d'un corps qui nous réconforte.
En fait, le retour à la vie, c'est ce qu'on redoute le plus. Imagine toi la scène, tu as passé ta misérable jeune vie à pleurer tous les soirs. Puis, les larmes ne pouvaient même plus couler. Tu souriais chaque jour juste par habitude, tu ne t'attachais à plus personne et c'est limite si tu supportais encore ta propre famille. Tu partais en dérive dans toute cette "'eau de vie". Et du jour au lendemain tout change, tu retrouves la foi, la confiance, l'envie d'évoluer, tu redonnes ton coeur. Et tu réapprends à vivre, à être blessée parce qu'on n'a pas le choix. Tu survies même avec tous les coups que l'on te porte et tout ça pour quoi ? Quelques mois plus tard, on te détruira à nouveau, tu n'y croiras plus. Tu tomberas plus bas que tu n'as jamais été. Voilà le scénario. Tu connais la suite. Malheureusement, personne n'a jamais tenu assez longtemps pour nous la raconter.
Le retour à la vie, l'arrivée à la mort.
