Guerre

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La guerre est un mot fort. Morts. Blessés. Déchus. Prisonniers.

Et parfois, il arrive qu'un seul Homme regroupe ces quatre adjectifs. La guerre mentale. Psychologique. La guerre contre soi-même.

La vérité, c'est qu'on a tous refusé un jour ou l'autre de continuer de croire en les sentiments. On est tous devenus neutres ou du moins on a tenté de le devenir un temps. Mais cette guerre contre son âme finit toujours par la consumer car l'amour remporte toutes les batailles. Etrangement, l'amour ne remporte jamais la guerre.

Aime un blessé, il mourra quand même. Prie pour un mort, il ne ressuscitera jamais. Pense à un prisonnier, il restera dans sa cage. Aie pitié du déchu, il sera toujours à terre. C'est la loi. La loi de la vie. Vivre, c'est ressentir. Pour vivre et avoir le luxe de ressentir, il faut agir. 

C'est complexe. 

J'ai combattu contre la nature humaine. Combattu contre mon coeur, mon cerveau, mon âme. Combattu contre l'enfant que j'étais, l'adulte que je voulais devenir. Je combats contre la personne perdue que je suis.

J'étais inébranlable. Pas une larme ne coulait tant que je n'étais pas entre quatre murs, seule. Les remarques ne m'atteignaient jamais. Je ne connaissais pas le mot "amour" et ne montrait aucune de mes faiblesses. Je paraissais arrogante et sûre de moi. On me croyait insensible et c'était le but. Un décès ne m'aurait pas faite tomber.

Et pourtant, à chacune de ces batailles pendant lesquelles je m'efforçais de paraître solide, sa seule pensée me faisait esquisser un sourire. Une seule injure à son égard et toute ma façade s'effondrait pour laisser place à la rage. L'amour m'a toujours fait perdre. Mais ce même amour, alors que je me suis toujours dévouée à lui, n'a jamais daigné nous réunir. Ce même amour, ne m'a pas sauvé. Il n'a jamais dévié la balle de mon revolver. 

J'étais banale et détruite. Méfiante et chiante. Renfermée et incomplète. Mystérieuse et obsédée. Faible et comédienne. Artiste et dépressive.

Il était beau et rassurant. Drôle et gentil. Attachant et affectueux. Souriant et expressif. Sportif et heureux. Confiant et humain.

Tous ces mots n'ont aucun rapport de lui à moi. C'était peut-être là le problème. Nous n'avions rien à voir. Il m'a tué bien avant cette balle.

La guerre s'achève toujours par notre propre défaite, mentale et physique. La défaite est la mort de quelconque sentiment et la déchéance de l'amour. 

Il reste sur le bas-côté et observe les larmes nous noyer, Satan nous emporter, le sang couler de ses plaies pas encore cicatrisées. 

On avait fini par croire en l'amour mais de sa couleur rouge sang, il était du côté du diable. Souriant, avenant, toujours présent. En fin de compte il a gagné, mais nous ne l'avons jamais su.

Textes instinctifs de survieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant