Illusionniste

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J'avais envie d'être drôle, de paraître forte et intéressante. Ouais je sais on aurait pas dit mais derrière ma grande gueule et mes bastons y avait cette peur qui se planquait. Celle que tu te lasses, que tu oublies tout ce qui te faisait chavirer en moi, comme les autres... Y avait cette foutue appréhension dans mon ventre qui me disait : " vas-y raconte lui des blagues, laisse parler ton imagination ou il partira". C'est con, j'aurais jamais pensé devenir comme ça, m'accrocher à quelqu'un comme si ma vie en dépendait. Tu sais ce que c'est le pire, c'est qu'à chaque fois que je me forçais à être inventive, je perdais une partie de moi importante;  l'authenticité. J'étais devenue une illusion, une simple image que l'on pouvait façonner à sa guise. Et j'avais quand même l'impression que tu t'en foutais, comme si chacune de mes blagues te confirmait chaque jour un peu plus que j'étais folle, complètement tarée et peut-être un peu lourde. Alors ouais, j'te l'accorde, j'avais perdu la raison depuis longtemps alors je me raccrochais à ce brin d'espoir, ce p'tit bout de toi que je croyais m'appartenir. Je m'efforçais de construire en moi une personnalité qui te marquerait parce que j'avais trop vécu la solitude. Et finalement, une fois de plus, avec tous mes efforts et un p'tit bout de moi aussi, tu es parti. Comme si tout cela n'était qu'un jeu et qu'une fois la partie finie, tout repartait à zéro. Malheureusement, pas pour moi.

Textes instinctifs de survieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant