Toi + Moi

16. Jade (1e fin)

Présent:
Papa m'a déplacé mes meubles dans la chambre en bas. C'est plus simple.

Je vais près de la fenêtre et reste devant. Que ressentait-il, lui quand ça lui est arrivé.

D'horribles souvenirs me reviennent.

Un terrain glissant... Une pluie battante... Les cris de la foule... L'air inattentif de Red... Ses pieds qui dérapent... Son poitrail trempé se prenant de plein fouet les 9 barres de l'oxer. Moi qui passe par dessus sa tête, atterrissant à quatre pattes dans le sable mouillé. Son arrière train qui se tourne à 180°. Il est allongé par terre... Il bouge seulement ses pattes avant. Il a un regard apeuré.

Je m'approche précipitamment de lui, toujours à quatre pattes. Je suis dégueulasse, tachée, d'habitude je me serais frottée avec mes mains... Mais là Red occupait tout mon esprit. Il hennissait à n'en plus finir.

Il me regardait et son regard s'accrochait à moi comme si sa vie en dépendait. Mais c'est ce qui arrive...

J'ai compris ce qui lui est arrivé. Il est paralysé. À vie. Les larmes roulent sur mes joues. Je ne peux retenir mes sanglots. Je pleure comme un bébé. Je m'allonge sur son encolure cuivrée. Je le carresse. Le chanfrein, les oreilles, les naseaux, je lui lisse son toupet et passe sa main dans sa crinière.

Je me met devant lui et lui parle sans cesser de le carresser. Il s'est un peu calmé. Le vétérinaire s'approche de nous, sa malle noire à la main.

Red pose ses naseaux sur ma joue et frotte sa tête contre ma poitrine. Le vétérinaire enfonce la première aiguille dans son épaule. Celle qui va l'endormir.

Je pleure encore plus fort. Les gens dans les gradins ne disent plus un mot. Même la pluie s'est arrêtée.

Le monde entier semble s'être arrêté. Red hennit doucement... Une dernière fois. Je n'ai pas arrêté de le carresser et de lui parler.

Le vétérinaire approche la deuxième aiguille... Celle qui va lui arrêter le coeur.

Je serre la tête de mon alezan contre moi. Je l'embrasse entre les oreilles et lui repose sa tête sur mes genoux.

Le vétérinaire, sans broncher, enfonce cette aiguille remplie de bleu dans la peau si délicate de Red.

Je ferme les yeux et m'allonge par terre, contre lui. Nous sommes toujours sur le sable trempé. Je suis aussi trempée, jusqu'aux os. Je tremble. De froid. Et de peur. Et de tristesse. Et de colère. De tout en fait.

Des bras me soulèvent sous les aisselles, ils me remettent sur mes pieds. Valentin. Je retombe à genoux malgré moi.

Les larmes roulent de plus belle sur mes joues et viennent se perdre dans mon cou. Valentin me prend dans ses bras. Il m'emmène vers la sortie de la carrière. Je me retourne et Red n'est plus là. Ils l'ont déjà sorti. Le concours a été arrêté. Valentin me conduit à la voiture.

Je m'assois sur le siège passager. Arnaud arrive et se met au volant. Sundance s'agite dans le van derrière.

Arnaud ne démarre pas. Il me regarde. Je ne lui jette même pas un coup d'oeil.

Les larmes ont arrêté de couler. Le monde entier devrait s'arrêter. Mais seule nos deux vies viennent de s'arrêter. La mienne reprendra.. Mais pas la sienne. Et je serais seule.

Il pose une main sur ma cuisse. Je la regarde... Puis relève la tête et fixe un point imaginaire loin devant moi.

Valentin et Arnaud me parlent... Mais je ne comprend pas ce qu'ils disent. Les mots glissent sur moi. Comme si une bulle de silence s'était formée autour de moi. Plus aucun son ne m'arrive distinctement.

Je n'arrive plus à discerner le bien du mal... Puisque je suis bien dans le mal.

Je ferme les yeux... Penche la tête en arrière et m'endors. Arnaud démarre la voiture. Valentin attache ma ceinture. Nous partons. Mais... Lui, reste ici.

Coucouuu !
Première fin possible !
Celle que j'avais en tête depuis le début. Je la ferais mais du point de vue de Red juste après.
Ça peut paraître zarbi mais j'ai pleurer en l'écrivant. Faut que j'arrête d'être aussi fragile sérieux 😂.
Je ferais une des fins proposée précédemment. Une a bien retenu mon attention (celle du train de 20h 😜).
Je vous laisse bisouuuus !
😘