Mathis

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Mardi 13 juin 2017

Le cahier de doléances n'a toujours pas refait surface, et cela grâce à Mathis, personne ne semblait s'en être aperçu, ce qui d'après Mathis, était une bonne nouvelle. Il lui tardait de voir la fille au regard perçant, le "rendez-vous" approchait.

Mathis arriva à la boulangerie et regarda autour de lui, il ne vit personne, il se dit qu'il était arrive avant elle et s'assit sur le trottoir. Il attendit cinq, puis dix, puis quinze minutes, et conclut qu'elle lui avait posé un lapin, Mathis était déçu, déçu et humilié, il aurait du être en colère mais ce n'était pas le cas, pas encore. Après tout, il fallait s'y attendre. Il se leva, s'apprêtant à rentrer chez lui, quand soudain, des bruits de klaxons suivis d'un hurlement retentirent, Mathis courut en direction des cris tandis qu'un boule d'angoisse se formait dans son estomac, le spectacle auquel il assista le laissa pantoi, immobile sur la chaussée, observant avec horreur le spectacle qui se profilait devant ses yeux .
Une voiture renversée sur le côté débordait sur le trottoir d'en face, de la fumée noire provenant du moteur polluait l'atmosphère, les passants, témoins de la scène, pâlissaient puis émettaient des gémissements de surprise et de terreur. Il y avait une fille, coincée entre la voiture et le trottoir, un filet de sang s'échappait de sa bouche. Ses yeux étaient ouverts, mais chaque clins d'oeil semblait la faire souffrir. Se respiration était irrégulière, ses traits déformés par la peur et la douleur. Elle ne disait rien, mais pourtant, tout son corps s'exprimait pour elle, la victime était prises de soubresauts. Le sang qui s'écoulait abondamment n'était rien comparé à la souffrance que l'on pouvait lire sur le visage de la jeune fille. Elle avait toute la vie devant elle, mais voilà que tout s'arrête, son petit monde s'éteignit, elle poussa son dernier souffle, puis, sa vie se termina, si brusquement.
Mathis ne comprenait pas comment cela avait pu arriver si vite, secoué, il observa les pompiers faire leur travail, l'ambulance, toute cette agitation le dépassait. La fille avait été évacuée, mais elle était morte, Mathis la savait, il l'avait vu. Les larmes s'écoulaient lentement le long des ses joues, il rentra chez lui, bouleversé, manquant de s'écraser sur le sol chaque fois qu'il faisait un pas.

Cette nuit là, Mathis qui ne dormait pas, poussa un cri et couru vomir dans la cuvette des toilettes, sa mère qui l'avait entendu, accourut et il lui raconta tout, il sanglotait dans les bras de sa mère, devenue pâle comme un linge.

Au matin, il saisit le carnet et écrivit :

" J'aimerais tant ne pas le croire, j'ai peur, j'ai mal, la vie est dégueulasse, mais pas pour moi, j'ai eu de la chance, mais pas elle bordel, pas la fille au regard perçant, comment ça a pu arriver, si seulement... si seulement quoi ?  Je suis plongé dans la confusion la plus totale, un imbécile paumé, c'est ce que je me contente d'être."

Puis le donna à Gabriel.

Le cahier de doléancesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant