3

154 32 30
                                    

Aujourd'hui, au lycée, j'ai eu de nouveau droit à toutes ces belles insultes habituelles, leurs "petits surnoms" en quelque sorte.

Vous pensez qu'avec le temps ça s'arrange mais laissez moi vous dire que pas du tout. Depuis déjà quatre ans, j'y pense, je pense à partir, aller rejoindre Jade de l'autre côté du miroir. Ce grand miroir sans aucun retour possible, je veux bien sûr parler de la mort.

Pas un seul jour passe sans que j'y pense. C'est devenu une obsession de vouloir rencontrer la grande et immortelle Faucheuse, gardienne des âmes. Je l'imagine déjà m'emporter avec elle vers mon avenir, vers l'espoir d'une vie. Un espoir que plus jamais je ne serai insulter, que plus jamais je ne serai grosse. J'y pense.

Vous me direz de ne pas le faire, de penser aux gens qui m'aiment, de ce qu'ils seront sans moi. À mes parents meurtris de me voir inconsciente sur mon lit tacheté de mon sang, cette merveilleuse couleur rougeâtre coagulant sur les draps blancs.

Mais si je pars, personne ne souffrirait de ma perte, personne ne ferait couler de larmes pour ma perte, personne, même pas mes parents.

Depuis le décès de Jade, mon corps à doubler de volume. Vous avez bien compris, je suis GROSSE, mais ce n'est pas pour autant que je n'ai cessé de me battre. Sauf que là, je suis rendue à saturation, j'en ai marre d'être grosse, de ne pas être belle. J'en ai marre.

inDIFFÉRENTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant