Prédiction

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Akiko se leva avec peine. Chacun de ses membres souffrait atrocement et elle tenait à peine sur ses jambes.
Comme d'habitude, la maison était déserte. Les habituels cinq cents yen l'attendaient sur la table de la cuisine.
Exténuée, elle commença à masser doucement son épaule tout en regardant sur son portable les discussions tardives de ses amies.
Habituée à rapidement analyser un grand nombre de messages, il suffit à Akiko de jeter un seul coup d'œil sur le groupe de chat pour comprendre la situation.
Une personne réputée pour causer des ennuis avait quitté le groupe, et les bio de ses amies confirmaient ses doutes : un drame avait eu lieu.
Comme si elle était l'héroïne d'un jeu d'enquêtes policières, Akiko s'amusa à fouiller tous les réseaux sociaux de ses amies pour dénicher le moindre petit détail.
Enfin, après une vingtaine de minutes, l'enquête prit fin et la détective avala d'une traite un verre de jus de pommes bien mérité, allant même jusqu'à oublier ses membres endoloris.
À l'extérieur, le vent glacial fouetta Akiko sans pitié, faisant voler en éclats son identité fictive.
"Dès que je m'amuse, il faut toujours que quelque-chose de désagréable me ramène à la réalité... Si seulement quelque-chose de grave pouvait se passer... Je ne demande pas grand chose, un accident de la circulation me suffit et je peux me contenter d'un banal suicide... "
Tout en ruminant, Akiko arriva à la gare. Mais une fois arrivée sur le quai, elle fut prise de bouffées d'angoisses.
"Qu'est-ce qu'il m'arrive... Mon cœur bat si vite...! Mais pourquoi..."
La voix robotique débita son texte comme à son habitude.
Et le cliquetis métallique des roues du train s'approchait de seconde en seconde, jusqu'à l'instant fatal.
Le train s'arrêta. Akiko était au sol, en nage. Elle avait du mal à respirer et ses membres la faisaient terriblement souffrir.
Après avoir repris ses esprits, elle se dépêcha de monter à bord du train. Quand ses portes automatiques se fermèrent brutalement, Akiko fut soulagée d'un poids énorme qui oppressait sa poitrine.
"Ce quai doit être maudit..."
Fatiguée, elle trouva une place et s'endormit.

La même voix robotique que tout à l'heure annonça le terminus. Tout le monde descendit du train avec lenteur.
Akiko entra dans son collège. Sa classe bavardait en attendant l'arrivée du professeur.
"C'est vrai qu'il est en retard, c'est inhabituel de sa part. Peut-être qu'il est..."
Une détonation énorme conclut prématurément ses pensées. Toute la classe se regarda avec inquiétude. Un silence de mort régnait.
Ce dernier fut brisé par deux autres détonations, puis des cris, et enfin le silence. Le silence revient toujours en maître.
Soudainement, les portes de la classes furent soufflées par une explosion. Les élèves situées à proximité furent projetés contre les vitres qui se brisèrent en éclats.
Akiko ne comprenait rien. C'était comme un rêve, une utopie.
D'un côté, elle était horrifiée par la situation, mais de l'autre... N'était-ce pas ce qu'elle avait toujours souhaité ? Un changement radical ?
Elle se cacha sous sa table, suivant le geste de ses camarades.
Des hommes armés pénètrent dans la salle en criant des mots qu'Akiko ne comprenait pas. Des cris résonnaient partout dans le collège, mêlés au bruit des détonations.
Soudain, une balle atteignit Akiko en plein dos. La douleur était indescriptible, c'était comme si chaque cellule de son corps était brûlée vive. Elle tomba, agitée par des spasmes et des convulsions incontrôlables. Malgré la douleur elle trouvait toujours la situation amusante.
Et après s'être débattue comme une carpe hors de l'eau, une balle vint se loger dans sa tête et l'acheva.
Le sourire aux lèvres.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 20, 2017 ⏰

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La Pente aux Spirales. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant