Truc qu'on sait pas ce que c'est #2 : faire bonne impression avec le résumé.

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Bon très tard (ou très tôt) mes amis pandicornes. Aujourd'hui je ne vous ai pas réunis pour fomenter une révolte (passons outre le fait que je ne sache pas ce que ça veut dire et pourquoi on ne dit pas fermenter, ce qui serait plus approprié), mais pour vous parler de ces monstres, qui n'osent même pas faire un effort d'orthographe lorsqu'ils présentent leurs bouquins.

Je suis déjà tombée sur des perles de la dissimulation, dans le genre « Juliette vit en compagnie de son père, un orgueilleux homme d'affaire, qui voit l'avenir de sa fille déjà tout tracé, avec un mari, une villa et un labrador brun. La jeune femme, elle, ne l'entend pas de cette oreille, et refuse de laisser ce parent si éloigné d'elle et de son petit cœur bien au chaud dans sa poitrine lui dicter la vie. Quand il lui vient l'idée d'organiser des rancards avec les charmants stagiaires de son entreprise, dans l'espoir de caser sa fille, c'en est trop pour Juliette. Le temps de préparer sa valise et la voilà en route pour Aix en Provence, où son amie Constance pourra la loger durant l'été. Elle a juste besoin de temps pour calmer le jeu, et dissuader son père de continuer dans sa démarche. Mais l'été est synonyme d'amours, et le cœur de la belle Juliette saigne à la vue du beau Roméo qui semble la détester, lui, le plus beau fils de la famille concurrente dans le marché des brosses à chiottes. »

Voilà, c'est beau, bien écrit, les expressions ont un petit côté amusant, on sait que ça va être une histoire d'amour cliché, mais comme c'est bien écrit et qu'il n'y a pas de fautes, on se laisse tenter. Lisons maintenant le premier paragraphe des aventures de Juliette.

« Le réveil sonne, et sonne, et sonne encore et encore. À croire que la touche snooze n'existe pas sûr un réveille. Ah bah oui chuis conne. Mon poing s'abbat sur ce pauvre réveille, qui se tait après avoir émi un dernier sccrsc des plus déplaisant. Ahhh c'est bon d'être en vacances, plus d'école, de gens chiants à supporter, de devoir à faire, et surtout, plus papa qui sera là chaque soir pour me demander si il y avait un mec beau dans ce trou paumé. Des gars beaux à Paris ?! Il me prend pour un pigeon ou quoi ? Tous le monde sait que les Parisiens sont moches.

Je me lève et me dirige vers le miroir. Mon reflet me renvoya l'image d'une fille banal, presque moche que je suis et je détournais le regard, dégoûtée. Ah, au fait, je me suis pas présenté, je suis Juliette Ketler, j'ai 17 ans, des cheveux blonds qui m'arrive jusqu'au genou et des yeux verts avec des reflets d'or et de rubis. J'ai des formes là où il faut et je fais du bonnet E. Mais bon, c'est mon atout pour attirer les gars, alors sa reste entre nous, hein ? »

Non, non et non !!!! Comment c'est possible d'écrire un résumé comme ça et de donner aux lecteurs envie de vomir du sable dès la PREMIÈRE minute de lecture !!!! Là, j'ai juste l'impression de m'être fait avoir sur la marchandise, elle a payé quelqu'un pour lui écrire le résumé, l'auteure ? (et oui au féminin parce que sur Wattpad, ce sont les femmes qui dirigent la catégorie clichée, à mon grand désarroi) Le résumé a tout d'un début de livre humoristique, mais non, pour une raison qui m'échappe, elle est classée en Romance ! Tu t'attendais à un livre humoristique avec un pet de vache de poésie et quelques fils conducteurs pour pas lire du vide, mais non, vla une nouvelle version de Roméo et Juliette à la sauce amour d'été, prend rendez-vous chez ton ophtalmo mémé ça pique un peu les yeux !

Mais attention, chers compatriotes, ceci n'était que l'introduction (très longue) du vrai problème que nous allons aborder aujourd'hui. Les perles de la non dissimulation. Les auteurs qui comme parfum sur leur tas de merde, ont choisi la saveur chou rance (je sens que je vais me faire taper sur les doigts pour cette métaphore peu flatteuse). Tas de merde parce que ce ne sont pas des petites histoires qu'on fait tous quand on commence à écrire, en suivant les schémas basiques, mais ces histoires qui ont su trouver leur public et atteignent jusqu'à vingt millions de vue, alors qu'il y a trois fautes à chaque mot, même quand c'est « Je » et que le style est déplorable. Que le narrateur utilise huit temps dans une même phrase et que pour décrire l'héroïne (quand c'est à la troisième personne) il n'y a que deux choix : « elle » et son prénom.

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