Un soir je me suis levé, et juste à côté d’elle, je me suis glissé.
J’aurais voulu lui dire tout ce que je ressentais
J’aurais voulu faire sortir cette douleur qui me tuait.
Je n’avais jamais pleuré encore, jusqu’à ce jour,
Jamais pleuré comme ça en tout cas, ce fût mon tour…
C’est lorsqu’elle a ouvert les yeux,
J’ai vu alors un océan de couleur bleu,
Un regard d’abord égaré, venant de loin, du passé,
Un sourire d’abord figé, puis tout s’est éblouie.
Je lui ai pris la main.
Elle a tremblé.
J’ai pleuré tout bas, pour ne pas me faire remarquer.
J’étais heureux qu’elle se soit éveillée, enfin.
J’étais certain qu’elle allait m’aider à retrouver mon chemin.
Elle a posé ses yeux sur moi. Ils sont devenus si grands, si beaux, ils brillaient comme des étoiles, à cet instant.
Et là, elle a murmuré : MAX…
J’ai été tellement surpris que je ne m’en suis pas remis tout de suite.
Peut-être avait-elle entendue mon prénom dans son profond sommeil lorsque l’infirmière m’avait parlé quelques instants plutôt.
Peut-être l’avait-elle entendue sans vraiment s'en rendre compte.
Et pourtant, la première personne qu’elle voyait depuis que ses paupières s’étaient fermées, on aurait cru à tout jamais, c’était moi. C’était moi qu’elle regardait avec tant d’insistance, de ces yeux qui brillaient de tant d’amour, j’avais l’impression. Elle semblait encore plus belle que lorsqu’elle dormait, c’était sûrement ses yeux bleus, d’une puissance incroyable, d’une beauté innommable.
Elle me serrait la main si fort que je me suis senti réconforté. C’était elle, je le savais, la seule qui pouvait guérir mes blessures, promises éternelles.
Max…
Je serrais sa main aussi fort qu’elle serrait la mienne.
On était comme deux êtres perdus, et pourtant à deux on était plus fort pour vaincre la douleur.
Mais l’infirmière entra brusquement.
« Mon dieu ! Comment est-ce possible ! ? ! Elle s’est réveillée ! Elle est réveillée ! »
Elle sortit de la chambre en courant, puis quelques secondes plus tard revint avec trois autres infirmières et un médecin.
Ils avaient tous le sourire aux lèvres, moi j’avais encore sa main dans la mienne, mais elle ne regardait que moi, et moi je ne regardais qu’elle.
J’avais peur de perdre cette force qu’elle semblait me transmettre dans sa main, à travers son regard, je ne voyais que le bien en elle, elle m’aidait à oublier la souffrance interminable qui m’entravait le cœur.
Le médecin s’approcha, lui retira tous les câbles branchés à elle, depuis des mois.
Elle ne regardait personne d’autre que moi.
Mais le docteur annonça qu’il fallait la déplacer, l’emmener dans une chambre où elle serait seule pour effectuer des tests sur sa mémoire, sur sa compréhension, pour voir si rien n’avait été endommagé lors de son sommeil.
Mon cœur sembla se briser en mille morceaux, comment faire pour affronter la douleur, seul, sans personne sur qui compter, il n’y avait qu’elle. Il n’y avait qu’elle qui puisse me réconforter, elle était la seule, le destin nous avait choisi pour nous rencontrer.
Les infirmières voulurent déplacer son lit. Elle ne me quittait toujours pas du regard, mais sa respiration a commencé à s’accélérer.
J’avais l’impression que ses yeux m’envoyaient des SOS, j’avais l’impression que son regard me transmettait des appels au secours, elle voulait que je l’aide, elle n’avait pas envie de me quitter, je n’avais pas envie de la lâcher !
Mais plus le lit s’éloignait, plus la distance de nos êtres augmentait. Il fallut alors que je lui lâche la main.
Son regard se décrocha du mien.
Et elle disparut de ma vue, elle quitta la pièce à une vitesse qui me brisait le cœur.
Je restais là, seul, sur la chaise, où je me tenais quelques minutes auparavant, la main dans celle de cette fille, le regard accroché au sien.
J’aurais pensé que plus rien ne pouvait me défaire de tout cela, et puis finalement il suffisait de quelques infirmières pour tout détruire de ce qu’on venait à peine de construire.
"Max, ce soir-là Max n’était plus rien, qu’un pauvre humain rempli d’un désespoir sans fin, d’une tristesse, d’une douleur et d’une souffrance infinies, d’un mal qui ne pouvait être guéri."
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Coma.
RomanceOn dit que le Destin ramène un coeur brisé à un autre pour qu'ils découvrent à eux deux un bonheur tout neuf. On dit que ce Destin rassemble les gens qui sont faits pour être ensemble. On dit que parfois ce Destin est malsain et peu généreux, qu'il...