Chapitre 4

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Le souvenir du crash me hanta à nouveau, le mal revint encore me bousculer le cœur, je cru m’effondrer encore, partir loin, là où ne volent que les rêves.

Plusieurs jours passèrent sans que jamais je ne revoie la couleur de ses yeux. Je m’efforçais de me rappeler sa si douce beauté, la situation dans laquelle elle m’avait mise alors, quand elle avait laissé ses yeux tomber dans les miens, toutes ces émotions qu’elle m’avait fait découvrir, non je n’étais pas prêt de les oublier. Et pourtant, pourtant je ne devais pas non plus les mettre de côté, car je n’avais plus que cela à me raccrocher, c’était tout ce qu’il me restait de cette unique rencontre, formidable rencontre que je ne pourrais jamais oublier.

Mais la douleur de l’absence de maman se faisait de plus en plus ressentir, j’avais l’impression que la seule personne qui puisse m’aider, allait m’échapper comme la main de ma mère m’avait échappée des jours plus tôt.

C’est ce dernier espoir qui aurait peut-être pu me guérir qui me montra l’importance de cette jeune fille pour moi.

Et si elle était déjà partie, si elle était déjà rentrée, je ne connaissais rien d’elle, rien du tout.

Je sortais de ma chambre, arpentait le couloir sombre par ce matin de janvier.

Il était encore très tôt mais déjà les infirmières arrivaient.

Je voulais à tout prix la retrouver, vouloir encore poser mes yeux sur elle, plonger mon regard dans le sien et enfin oublier tous mes chagrins.

Il n’y avait qu’elle, qu’elle seule.

J’ai dû faire des kilomètres dans cet hôpital pour la retrouver.

J’ai dû passer des heures à arpenter tous ces couloirs en quête de ses yeux brillants d’amour et de tendresse.

J’ai dû laisser tomber quelques larmes en croyant qu’elle m’avait échappé pour toujours.

Lorsque finalement, vers 16h je la retrouvais dans une triste chambre, endormie comme à son habitude, toujours silencieuse.

Je m’approchais d’elle, j’avais envie de revoir son regard bienveillant, réconfortant.

Elle dormait toujours calmement, mais son visage avait changé. Ses traits étaient tirés, elle ne semblait plus aussi paisible qu’avant, elle était tout simplement paniquée, paniquée et endormie pourtant.

Ses sourcils étaient froncés, comme si, comme si elle était en train de rêver, j’avais envie de bousculer son rêve, de détruire son cauchemar, lui dire que tout ça, ce n’était qu’imagination et que je l’attendais de l’autre côté du pont.

Je lui ai pris la main, j’ai cru qu’elle allait se réveiller, comme la toute première fois, lors de notre rencontre, face à face, les yeux dans les yeux.

Mais elle restait endormie, comme si, comme si on la maintenait dans son sommeil, comme si on la forçait à dormir…

J’avais l’impression qu’elle était de nouveau prisonnière du coma, elle ne pouvait pas avoir rechuter, elle ne pouvait pas me faire ça, j’avais tant besoin d’elle, j’avais tant besoin de Toi !

" Max "… l’infirmière venait d’entrer dans la chambre ternie par le silence.

Je ne sentais même plus son souffle courir le long des murs, courir après le silence, pour le détruire à tout jamais. Je ne percevais plus rien du tout de sa lente respiration, comme si elle ne respirait plus tout simplement.

L’infirmière posa sa main sur mon épaule, elle murmura mon prénom. Je savais qu’elle voulait me réconforter, je savais qu’elle ne voulait que le bien de ses patients, pourtant elle devait savoir aussi, oui, ça se voyait, elle devait savoir qu’il n’y avait qu’Elle qui viendrait à bout de mes blessures les plus profondes, il n’y avait qu’elle et personne d’autre.

Elle seule.

Et pourtant, je ne connaissais rien de son prénom, rien de sa vie, rien de tout ce qui avait pu l’entourer depuis qu’elle avait pointé le bout de son nez. Rien de son passé, comme de son présent. Ça me frustrait, ça m’intriguait, ça me soûlait, ça me rendait fou, fou d’elle. J’avais désormais la solide impression qu’elle n’était plus qu’une drogue pour moi, une drogue dure, dont je ne pourrais plus jamais me passer.

Elle était ma drogue, ma morphine contre la douleur éternelle, une douleur qu’aucun autre médicament n’aurait pu soigner, n’aurait pu atténuer. Je sais qu’elle, elle aurait pu tout détruire, mais je n’entendais plus rien, pas un souffle de sa part, pas un battement de cil à l’horizon.

L’infirmière me raccompagna dans ma chambre. Je dû encore la laisser tomber comme je l’avais fait ce premier jour, je lui avais lâché la main, et je m’en veux aujourd’hui, comme je m’en veux de ne pas m’être battu pour elle, je n’étais qu’un pantin, un sombre pantin qui n’a rien voulu faire pour elle, rien, et pourtant j’aurais pu la sauver.

L’infirmière m’expliqua qu’elle avait rechuter, de nouveau dans le coma, elle était désormais à nouveau seule, toujours seule, j’avais l’impression qu’elle insistait sur le mot SEULE comme si c’était de ma faute.

Il y avait de quoi persister à se croire ridicule, encore, car avec moi, tout aurait été différent.

Cette nuit, il n’y avait qu’elle qui comblait mes pensées.

Je ne pouvais que la remercier de m’avoir sauvé.

Aujourd’hui c’était à mon tour, Dieu me tendait la main, il était temps de la saisir, ce jour je lui viendrais en aide, désormais elle pourrait compter sur moi, elle n’était plus seule, plus jamais seule. Je serais toujours là pour elle, qu’elle le veuille ou non, il me semblait qu’on était lié pour la vie, par un lien invisible et solide, que rien ne pourrait plus jamais briser.

Coma.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant