Chapitre 7

1.1K 18 1
                                    

Tous les mardis soirs, avec Jules on se rendait au stade pour le rugby. Le rugby c’était un moment de bonheur, un moment qui dépassait tout, même d’être avec Anna ou Juan. Pour nous deux, le rugby c’était une façon de se donner à fond, de faire sortir toute cette douleur qui coulait à contre –cœur, d’envoyer balader la souffrance à l’autre bout du monde, le rugby c’était toute la puissance.

Jules se défoulait comme un fou, il était heureux, je le voyais bien. Je remercie maman de nous avoir inscrit, peut –être qu’elle savait qu’il nous aiderait, peut-être qu’elle avait anticipé sa disparition… Le rugby c’était la vie.

C’est un mardi soir, que je cru apercevoir une nouvelle fois sa silhouette…

J’étais dans la mêlée quand tout à coup j’ai été expédié de la plus violente façon au sol. Je suis resté un instant, les yeux ouverts, croyant rêver, il me semblait être revenu dans le passé.

Elle était là, près de la barrière, elle me regardait si violemment que j’ai cru mourir d’amour. C’était pas de la méchanceté, c’était tout autre chose, quelque chose de plus fort, quelque chose de VRAI.

Je me suis sentie tiré par le bras. C’était l’entraîneur qui me relevait.

« Max ! On n’est pas là pour traîner, je te rappelle qu'on a un match à gagner la semaine prochaine alors on traîne pas ! Debout ! »

J’avais détourné mon regard et lorsque je repris connaissance elle n’était plus là.

Putain de manque.

Il me faisait halluciner maintenant. Et pourtant, ça n’avait pas l’air d’un rêve. J’ai vraiment cru qu’elle se tenait là, tout près de moi.

Max ! Oh, oh ! Max ! " Jules venait de me sortir de mes pensées. Il s’était assis à côté de moi, dans l’herbe.

" Max ? ! Ça fait longtemps que je te cherche, tu devais venir me chercher à l’entrée du gymnase…qu’est ce que tu fais assis là ? "

Je me suis rendu compte que j’étais assis juste à côté de la barrière, à l’endroit même où elle s’était tenue quelques instants auparavant.

J’étais comme un enfant, roulé en boule, les mains sur les genoux, le cœur gros, le cœur lourd, de ressentir encore ce manque, ce « putain de manque » !

" WOW ! Max qu’est ce qui t’arrive ! On va rentrer ! Viens ! "

Il me prit la main, et m’entraîna d’un pas décidé à la maison. Il était tard, il faisait nuit mais on était deux alors tout allait bien. Pourtant, c’était moi qui semblait avoir peur ce soir là, j’étais comme un enfant torturé, torturé du désir fou de la revoir, brisé par des souvenirs des plus détestables et des plus merveilleux en même temps.

Tous les soirs je m’endormais avec l’image de ses yeux ancré dans mon esprit.

Tous les matins je m’éveillais avec la pensée que je l’avais trahie.

Plus le temps passait, plus je me noyais dans ma torpeur, je m’étais crée une torture artificielle, parce qu’il n’y avait apparemment rien qui me lie à elle. Si, juste la douleur de cette affreuse disparition, juste la possibilité qu’elle me fasse redevenir moi-même.

Après tout, ce n'était pas grand chose, juste ce qui pouvait m'aider à retrouver le sourire, à retrouver cette envie de vivre et surtout, à effacer cette si triste réalité... personne n'était là pour moi, finalement je n'avais besoin que d'elle et elle ne serait jamais là pour moi. C'était pire de l'imaginer face à moi, c'était pire que tout de la voir me fixer, elle semblait me hanter, elle semblait me narguer.

Et moi, j'étais comme un fou, cette nuit là je n'ai pas dormi, je ne pensais qu'à ces yeux, qu'à son regard triste et à la fois sûr de lui, qu'à cette lourde peine qu'elle portait... et dont je ne connaissais pas encore la cause.

Coma.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant