Fin

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Les deux jeunes hommes s'attendent avidement, l'un dans son carosse accompagné de son conseillé Billy Besson, et l'autre dans son grand salon, divaguant sur les touches de son piano. Les femmes à la taille faussement fine et au teint grossièrement pale s'empilent à l'entrée du palais, les hommes quant à eux marchent lentement rejoindre leur compagne. Le conseillé Sebastian de Phantomhive interrompt le morceau de son maître pour le prévenir de l'arrivée de M. Trancy. Ce dernier cache son plaisir sous un air indifférent et une couturière vient réajuster son costume tandis qu'on lui restitut sa canne en bois laquée.

Leurs yeux se croisent, leur coeur tressaillent, mais leur élégance dissimule leurs émotions ingrates. Ils se saluent de manière distinguée.
La beauté de P. fait une gracieuse pirouette à laquelle Alois aurait bien voulu répondre par une lame tranchant sa nuque.
Le banquet semble long pour toutes personnes attablées, mais elles se taisent et rient à des choses futiles.
Ciel observe le dessin de l'hiver d'un regard doux et froid, ses mèches ombrageant son délicat portrait.
Alois ne cesse de contempler sa merveille, les jambes croisées pour éviter une érection inutile à ces pensées obscènes.
Leur monde n'est qu'illusions, mais ils se contentent de vivre ainsi.
Ils s'échappent dans les hauts arbres aux baies rouges, leurs oreilles bercées par la mélodie de leurs rires et des chansons fredonnées par les invités au loin. Ils n'en n'ont que faire d'être attrapés.
Ils se couchent au sol et dessinent des motifs de leur corps frigorifiés, main dans la main comme des adolescents insouciants.
Ils s'embrassent des heures durant avec une convoitise et une férocité incontrôlable.
Ils s'aiment, ils se désirent, ils font l'amour.

" Tes yeux ressemblent à l'aubépine. De simples iris, douces, timides, fragiles, qui parsèment du poison mortel. Je trouve ça irrésistible "
Ciel sortit deux blaireaux de sa poche et en offrit un à Alois.
" Les tiens sont comparables à la lune couchant sur l'eau d'un étang gelé, répendant la poésie et les rêves dans l'imagination des âmes."
Ils s'embrassent lentement, rosissent leurs lèvres, les paupières closes, les langues dansant sur une chanson d'amour inexistante.
Et le sang se répendit sur la légère couche de givre, comme à ces derniers hivers tragiques. Mais cette fois si le métal frappa leur veines et non leur coeur, qui battait passionemment l'un contre l'autre.

Hiver écarlate Où les histoires vivent. Découvrez maintenant