Chapitre 1

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Le taxi traversa la ville. Forcément, il fallait que le 221B soit à l'opposé de l'endroit de la réception. Le cœur de John s'accélérait encore un peu plus à chaque minute qui passait. Et si Mary avait raison ? Non ... Il n'avait pas le droit de le laisser. Pas une deuxième fois. John essaya de l'appeler plusieurs fois. Rien. Il tombait directement sur son répondeur. Enfin, il arriva ! Il sauta du taxi, le paya en vitesse et ouvrit la porte. Quelle bonne idée il avait eut de garder les clés de l'appartement. Il monta les escaliers quatre à quatre et s'arrêta devant la porte, le cœur au bord des lèvres. Il n'entendait rien. Pas un bruit. Pas un murmure. Il entra doucement dans le salon. Sherlock était là, allongé sur le canapé, un pistolet dans la main. Il le faisait tourner autour de son doigt, le regard perdu. Il n'avait même pas remarqué la présence de John. Sherlock orienta le pistolet vers lui. John s'approcha et s'agenouilla près de lui.

« Sherlock ... »

Le détective, sursauta, comme si le docteur venait de le tirer de son sommeil.

« Qu'est-ce-que tu fais avec un pistolet pointé sur toi ? »

John tendit doucement la main et se saisit de l'arme. Il se releva.

« Rien, voyons. Que veux-tu que je fasse ?
- Justement, c'est la question que je te pose.Qu'est-ce-que tu allais faire ?
- Rien.
- Très bien. »

Il ouvrit le chargeur de l'arme.Une balle.

« Roulette russe ? »

Sherlock baissa les yeux et s'assit sur le bord du canapé.

« Une chance sur 8.
- Ce qui, en soit, est minime.
- Une chance sur 8 de mourir c'est déjà trop Sherlock.
- Qui te dis que j'allais vraiment tirer ?
-« Mais si il y a une pilule pour m'aider à oublier, Dieu sait que je ne l'ai toujours pas trouvée. Mais je suis en train d'en mourir, Dieu je suis en train d'essayer. », c'est bien cela les paroles, non ? »

Sherlock leva les yeux vers son ami. Il avait l'air perdu. John s'assit à côté de lui.

« Alors tu as compris ...
- Oui Sherlock. J'ai compris ton dernier hommage. Ta dernière note. J'ai su comprendre, répondit le docteur avec une pointe de fierté dans la voix, perçant au travers de son sérieux.
- C'était bien la seule fois où j'aurais aimé que tu ne comprennes pas.
- Pourquoi avoir mis cette musique alors ?
- Je ne sais pas ... Sur le coup j'avais pensé que ... Que c'était une bonne idée. Que c'était plus simple de te le dire comme ça. Mais quand je vous ai vu, tous les deux avec Mary, heureux ... J'ai espéré que tu ne comprennes pas.
- Mais ...
- Enfin, encore une fois, on dirait bien que j'ai tout gâché. »

Le cœur de John se brisa.

«Tu n'as rien gâché Sherlock ...
- Bien sûr que si. Regarde, aujourd'hui tu t'es marié, tu devrais être en train de fêter ça avec ta femme ... Et, à la place, tu es là. Avec moi.
- Tu veux que je te dise ? C'est Mary qui m'a dit de venir te rejoindre. Moi j'étais tétanisé, je ne savais pas quoi faire. Et elle, elle m'a dit que c'était toi qui avais le plus besoin de moi ce soir. »

Sherlock baissa les yeux.

«Elle a dit ça ?
- Oui. »

Le regard de Sherlock se fixa sur la cheminée, tandis que ses yeux devenaient brillants. A ses premiers mots, sa voix se brisa, mais il garda son regard droit.

«Je suis désolé John. Tellement désolé. Mais c'était trop dur de te laisser partir loin de moi. Je voulais te le faire savoir par un moyen ou un autre. J'avais un espoir, un tout petit espoir, qu'au final, tu restes avec moi. Mais aujourd'hui, j'ai compris. Tout compris. Qu'est-ce-que j'ai à t'offrir ? Qu'est-ce-que serait ta vie avec moi ? J'ai réalisé que c'était mieux ainsi, que tu avais fait le bon choix en épousant Mary. J'ai réalisé que tu seras beaucoup plus heureux comme ça... »

Silence. Quelques larmes coulèrent de ses yeux bleus, qu'il essuya d'un revers de la main. Sa voix ne tremblait plus. 

«Tu ne sais pas quoi dire ? Je comprends ... Me voir dans un tel état. C'est pitoyable hein ? Moi le grand Sherlock Holmes, le sociopathe, le génie, le cerveau, réduit à néant par ce qu'il a toujours dénigré : les sentiments. Moi aussi je me suis fait prendre apparemment. Mais, pour une fois dans ma vie, je me suis trompé sur toute la ligne ... Comment ai-je pu, un jour, croire que j'étais digne de toi John ? »

John le regarda, sous le choc.

«Ne me regarde pas comme ça. Je t'ai toujours estimé. Toujours. Et je t'estime bien plus que tout autre, bien plus que moi-même. Que ma propre vie. Voyons ? Qu'est-ce qu'un homme comme toi pourrait bien faire avec quelqu'un comme moi ? C'est absurde. »

Il se mit à rire. Un rire à fendre le cœur. Puis, plus rien. Le silence retomba. Total. Assourdissant. John s'approcha de son ami et mis une main sur son épaule. Il le sentit tressaillir. Alors, il l'attira à lui et le pris dans ses bras. Après quelques secondes, Sherlock enlaça la taille du docteur et se blottit contre lui. On aurait dit un enfant qui voulait qu'on le console.

Un nouveau chapitreWhere stories live. Discover now