Chapitre 3

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Le cœur du docteur rata un battement.

«Euh ... Je ... Je ne sais pas ... Je ...
- Non, pardon. C'est moi, je n'aurais pas du te demander, c'était idiot. Oublie. »

John s'enfonça un peu plus dans le canapé. Après tout, il en avait envie. Là. Tout de suite. Et c'était peut-être la dernière fois qu'ils se retrouvaient seul à seul, comme ça, dans cette atmosphère suspendue, un peu hors du temps. John souleva lentement le menton de Sherlock, de manière à ce que le visage de ce dernier se retrouve face au sien.

«John ... Qu'est-ce-que tu ...
- Chut ... »

John s'avança, réduisant l'espace entre leurs lèvres, jusqu'à les joindre complètement. Tous les deux se retrouvèrent embarqués dans un tourbillon de sensations nouvelles. Leurs têtes tournaient. Au bout de quelques minutes, le souffle leur manqua et ils détachèrent leurs lèvres. Sherlock plongea son regard dans celui de John.

«Tu n'étais pas obligé ...
- Quoi ? Ça ne t'a pas plu ?
- Si ... Bien sûr que si ... Mais je ne veux pas que tu te sentes obligé.
- Je ne me sens obligé de rien. J'en avais envie.
- Et tu en as encore envie ?
- Ça peut s'arranger. »

John sourit et les lèvres de Sherlock vinrent, de nouveau, à la rencontre des siennes. Et c'était reparti. Le tourbillon, les papillons dans le ventre, le cœur qui s'accélérait. Et le souffle qui manquait.

«Sherlock ... Je ... Enfin, ces baisers ...
- Ne veulent rien dire, je sais. Ça ne prouve rien. Ça ne scelle rien. Et ça sera sûrement les seuls, alors j'en profite.
- Je ne sais pas si ça sera les seuls, mais en tout cas ce sont les premiers. Et les premières choses ont toujours un goût particulier. Alors, j'en profite aussi. »

Il attira de nouveau le détective à lui. Cette fois, leurs langues franchirent la barrière de leurs lèvres et se rencontrèrent.

«Tu embrasses encore mieux que je ce que j'imaginais.
- Parce que tu t'es déjà posé la question de comment j'embrassais ?
-Oui. Pas toi ?
- Si. Mais moi je n'ai jamais caché une certaine inclination pour les hommes, contrairement à toi, souligna Sherlock avec un clin d'œil. »

Touché une deuxième fois.

«Pour m'auto-citer. Tu m'embrasses avec une facilité déconcertante.
-Tu comptes me dire ça à chaque fois que je vais faire quelque chose ?
- Tout dépend de ce que tu comptes faire, murmura Sherlock avec une voix qui fit frémir John. »

Le docteur s'éclaircit la gorge. Il avait toujours aimé la voix du détective mais là ... Elle lui faisait plus d'effet qu'à l'accoutumée.

«Écoute ... Je ne sais pas comment ça se fait. Peut-être que, encore une fois, j'en avais envie depuis longtemps. Les choses commencent à se remettre en place, tout doucement. Je me souviens de certaines choses que j'avais oubliées jusqu'à maintenant.
- Comme ?
- Comme ce que je pouvais ressentir pour toi, parfois. Avant que tu partes démanteler le réseau de Moriarty. J'ai toujours pensé que c'était de l'amitié très forte mais ... Je me demande maintenant si ça n'était pas autre chose. Je pensais tellement que c'était impossible que je ne me suis pas attardé sur ce que je ressentais.
- Qu'est-ce-que tu pensais impossible ?
- Tout. Moi amoureux d'un homme, qui, en plus, était mon meilleur ami. La possibilité que tu ressentes la même chose. Celle que tu désires une relation amoureuse. Entre nous, je n'imaginais rien d'autre que de l'amitié et pourtant ... Maintenant je suis à peu près sûr qu'il y aurait pu avoir quelque chose d'autre. »

Sherlock sourit. John ne put s'empêcher de demander :

«Tu n'as jamais deviné ?
- Quoi ?
- Que je pouvais ressentir des choses pour toi ?
- Si. Si mais je n'en étais pas sûr, et les sentiments ne sont pas ce que je connais le plus et... Je ne voulais pas m'avancer là-dessus et prendre le risque de tout briser. Du coup, je n'ai rien dit. J'ai essayé de te faire comprendre, de nombreuses fois, que je ressentais quelque chose pour toi mais, comme d'habitude tu vois ...
- Mais tu n'observes pas.Je vais finir par me la faire tatouer cette phrase.
- Au moins, tu t'en souviendrais comme ça. »

En réalisant tout cela, John avait un goût amer dans la bouche. Cette sensation qu'ils s'étaient ratés. Que c'était trop tard. En tout cas, que c'était devenu bien plus compliqué que ça ne l'aurait été à l'époque. La voix du détective le sortit de ses pensées.

«C'est de ma faute.
- Quoi ?
- Si je ne t'avais pas fait croire que j'étais mort pendant 2 ans, tout serait différent à l'heure qu'il est.
- On peut refaire l'histoire avec des « si »Sherlock, mais quel intérêt ? Et puis, on est aussi fautifs l'un que l'autre. Moi j'aurais dû m'en rendre compte. J'aurais dû le voir. Ou au moins, j'aurais dû te le dire, te le faire comprendre. Tu vois ? Ça ne sert à rien de s'en vouloir et de se dire que ça aurait pu se passer autrement. L'histoire est comme elle est. Et c'est à moi qu'il revient de prendre une décision. Et j'espère en être capable.
- Tu l'es. Je le sais. Prends celle que tu juges la meilleure pour toi. »

John soupira.

«Je ne veux pas y penser. Jusqu'à ce que je reparte, je ne veux pas y penser. Je veux juste profiter de ces moments avec toi.
- Alors profitons. »

Sherlock se retourna et s'allongea sur le docteur. Il l'embrassa, jouant avec sa langue sur les lèvres de son ami. Ce qui arracha à John un léger gémissement. Ils passèrent du temps, comme ça, à s'embrasser, se toucher, se goûter. Sherlock sentait bien que John n'était pas prêt pour aller plus loin, mais qu'importe, ce qu'ils vivaient étaient déjà merveilleux. Ils finirent par s'endormir, dans les bras l'un de l'autre.

Le jour était levé depuis plusieurs heures déjà quand John et Sherlock se réveillèrent. Ils savaient tous les deux que c'était la fin de ce moment qu'ils avaient passé ensemble. Que, suivant la décision de John, ça ne reproduirait peut-être jamais. Habités par une profonde mélancolie, ils se levèrent et prirent un thé autour de la table de la cuisine. Puis, il fut l'heure de partir.

«Sherlock ... Il faut que j'y aille. »

Le détective se retourna vers lui, une profonde tristesse dans son regard. John avait la gorge serrée. Il s'avança vers son ami.

«Je te promets de venir te voir bientôt.
- Ne pars pas ...
-Je suis obligé ... Cette nuit, c'était parfait. Vraiment. Mais je ne peux pas tout régler là maintenant. Il faut que je rentre, que je vois Mary, que je lui en parle. Je ne peux pas tout laisser tomber comme ça.
- Pourquoi pas ?
- Parce que je me suis marié ,parce que, quoi que je ressente pour toi, je ressens aussi des choses pour elle. Je la respecte et l'aime énormément et je ne peux pas prendre une décision comme ça. Je ne peux pas vous faire ça. Ni à elle, ni à toi. Il me faut du temps. »

Les deux hommes se firent face. John s'avança vers Sherlock et lui déposa un tendre baiser sur les lèvres.

« On n'aurait jamais du passer la nuit ensemble. C'est trop difficile maintenant.
- Tu aurais préféré que ça ne se passe pas ?
- J'en sais rien. Je ne sais plus John. 
- Écoute ... Je rentre pour la journée, d'accord ? Et je reviens ce soir ?
- Je me rends compte de ce que je te demande. J'en suis désolé.
- Arrête de t'excuser. Embrasse-moi. »

Sherlock s'exécuta, et après une dernière étreinte, John quitta le 221B, le cœur lourd. 

Un nouveau chapitreWhere stories live. Discover now