Strangers SOUS CONTRAT D EDITION

Welcome

Cela fait maintenant trois semaines que nous avons emménagé et tout se déroule à merveille. Karl fait des efforts et chaque soir, en rentrant du boulot, il prend une demi-heure pour jouer avec son fils dans le jardin. Il a même insisté pour que je m'aménage à l'étage un bureau rien qu'à moi pour écrire ou bouquiner. Je suis en train d'y apporter la touche finale, une lightbox sur laquelle s'affiche : « Happy Day », oui j'avoue j'ai rien trouvé de mieux à écrire, mais si je change d'avis j'ai un sachet de quatre-vingt-dix lettres à portée, et j'admire le résultat. Au début j'avais choisi du beige clair mais même si cela donnait un rendu très classe, ça ne m'aidait pas à écrire. Finalement j'ai utilisé de la peinture de toutes les couleurs pour dessiner de grands cercles qui se croisent et s'entrecroisent. J'ai également repeint mon vieux bureau en blanc, sauf les pieds et les tiroirs pour lesquels j'ai opté pour du pourpre. Je passe la main sur ce bureau qui me suit depuis ma chambre d'adolescente et arrange le pot à crayons. J'ouvre un tiroir pour admirer tous les carnets colorés et vierges qui m'attendent et me félicite pour mon rangement. Au-dessus du bureau se trouve un panneau de liège sur lequel je punaise des photos d'acteurs, des articles qui m'inspirent ou tout simplement des images qui me remontent le moral. Actuellement, il y a des photos de Mattéo, de Karl et de pâtisseries. Prés de la fenêtre se trouve mon fauteuil crapaud en velours violet avec un porte revue en métal rosé, et sur les murs, j'ai fait accrocher des étagères pour y disposer mes livres. Mattéo, qui est encore trop jeune pour comprendre la notion d'espace vitale, a ramené de sa chambre son pouf orange et sa boîte à livres :

- Comme ça quand tu écriras moi je pourrais rester avec toi, m'a-t-il dit en me regardant avec amour.

Du coup j'ai craqué et lui ai installé une petite table basse sur laquelle il pourra faire des dessins et de la pâte à modeler. Par contre mes images d'hommes à moitié nus ne rejoindront plus le panneau de liège mais resteront bien au chaud dans mon ordinateur portable.

- Chérie !

Karl m'appelle et je descends les escaliers pour le retrouver.

- Oui qu'y a-t-il ? demandé-je en le voyant devant la porte d'entrée.

- Nous avons de la visite, dit-il en s'écartant.

Effectivement, trois femmes d'une trentaine d'années maximum, se tiennent dans l'encadrement avec un énorme panier de muffins. Je rejoins mon mari, qui prétexte avoir du travail pour s'échapper. La blonde qui se tient devant moi, doit faire environ ma taille, un mètre soixante-dix, porte une robe bleue plutôt longue, un sac Vuitton, et arbore un chignon dont pas une mèche de dépasse. Elle est entourée d'une brune assez ronde, aux cheveux maintenus par un serre-tête (Je ne savais même pas que ça existait encore) et d'une petite blonde toute menue avec des lunettes à monture dorée.

- Bonjour, lance la femme du milieu, je suis Brittany Johnson, la femme de Stéphane Johnson, chirurgien à la clinique, voici Laetitia Savage dont le mari Rory est banquier et elle c'est Josy Rauch.

Elle désigne de la tête alternativement la petite blonde et la brune qui m'adressent un sourire, et j'en déduis que le mari de Josy ne doit pas avoir une situation suffisamment intéressante pour plaire aux deux autres.

- Moi c'est June Walker, répondé-je.

- Comme je disais à votre mari, reprend Brittany, nous n'avons pas osé venir vous déranger plus tôt, nous voulions vous laisser le temps de vous installer.

- C'est très gentil à vous, répondé-je.

Elle me tend le panier de muffins en me précisant qu'ils sont faits maison et cent pour cent bio. A son attitude et aux regards que lui lancent ses deux amies, j'en déduis que c'est elle la chef de bande. Je me détourne pour poser le panier sur le bar et les trois femmes prennent mon geste pour une invitation à entrer. Je remarque leurs yeux de fouine scrutant chaque recoin de la pièce et je suis soudain saisie d'aversion envers elles.