Chapitre 1 : Mutisme (part2)

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Camille relève brièvement la tête. Durant ces quelques secondes, elle observe le délégué qui se tient devant elle. Ses cheveux clairs et son regard qui semble percutant. Son visage fin. Un peu allongé. Sa silhouette élancée. Puis elle détourne les yeux, les fixant dans le vague et baissant la tête.


- Camille, répond-elle simplement.


Sa voix brisée résonne à nouveau dans tout le château une fraction d'instant. La nouvelle au regard fatigué ne relève pas la tête. Elle ne veut plus croiser les yeux de l'étudiant. Aussi, Nathaniel semble le ressentir et recule d'un pas.


- Nous devons nous rendre chez la directrice.


La nouvelle acquiesce, continuellement en silence. Toujours sans lancer un seul regard au jeune homme. Mais ce n'est pas de la timidité. Nathaniel en est certain. Derrière cette attitude fermée il peut sentir une raison qui va bien plus loin que la peur d'une nouvelle rencontre. Toutefois ce n'est pas le moment d'essayer de comprendre d'où provient ce renfermement, ce silence si lourd... Ce mutisme.


Le délégué finit par tourner les talons et gravit les escaliers sans rien ajouter, respectant le calme de Camille. D'ailleurs lorsque qu'elle avance, elle ne fait aucun bruit. Ses pas sont feutrés et l'étudiant au regard d'or se sent obligé de se retourner pour vérifier qu'elle le suit bien. C'est le cas. Elle est là, dans son dos, tête basse. Mains liées, triturant ses doigts si fort qu'elle pourrait se blesser. Silencieuse. Tel un fantôme torturé par une histoire inachevée.


Rapidement, les jeunes gens arrivent dans l'aile est du château. Le bureau de la directrice est au sommet de l'une des tours, forcément. Aussi cela force les élèves à monter de nombreux escaliers en spiral, bien plus étroits que ceux du hall. À force d'avancer et de ne voir que ses pieds grimpant les marches, Camille finit par avoir la tête qui tourne. Elle s'arrête d'un coup sans en avertir le délégué, s'appuyant d'une main sur le mur à sa droite. Nathaniel continue de monter quelques marches avant de réaliser que la jeune fille ne le suit plus. Il redescend donc sur le champ pour découvrir une Camille figée et fort pâle.


- Tout va bien ?
- E... Excuse-moi. J'ai... La tête qui tourne je...


L'équilibre vient à manquer à la belle. Elle titube un peu, descendant une marche avant de se sentir basculer. Par reflexe elle tente de rattraper à l'encadrement d'une petite fenêtre juste là, en vain. Heureusement, Nathaniel a de bons réflexes. Sans réfléchir il attrape la main tendue et la tire vers lui. Camille lui tombe donc dans les bras, étouffant un gémissement de douleur.


Le temps se suspend une fraction de seconde, à peine. La pâle jeune fille a les mains et le front posé sur le torse de l'étudiant. En tombant, elle a fermé les yeux et ne réalise pas immédiatement ce qu'il se passe. Lui non plus. Il peut juste sentir un corps tremblant se fondre dans ses bras, avant de comprendre qu'elle est visiblement mal au point. Et ce, mentalement et physiquement.


- Ça va ?! S'inquiète le délégué, tandis qu'il oblige la demoiselle à s'assoir sur les marches.


Camille amène l'une de ses mains à son front pour le masser. Il lui faut quelques secondes pour se reprendre. Par la suite, elle relève tout de fois la tête afin de plonger son regard profondément navré dans les pupilles dorées de Nathaniel.

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