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Quelques rayons de soleil venaient éblouir le beau visage du noiraud allongé dans ses draps. La blancheur du linge contrastait parfaitement avec la peau opaline de celui-ci. On aurait dit un ange tombé du ciel après avoir fait une chute vertiginieuse parmi les nuages. Une douloureuse et longue chute malgré lui. Ses mèches noires ébènes ne purent que soutenir la pureté de son âme, ainsi que la corruption. Une corruption doucement et lentement insérée par sa vie précédent la rencontre de son bonheur. On ne pouvait le plaindre, on ne pouvait l'aider. Il était destiné à vivre dans la solitude et la tristesse au milieu de tout ces humains.

Il se leva paresseusement, la tête encore ailleurs, dans le pays des rêves, là où personne ne pouvaient le blesser. Petit à petit, ses esprits repris, le jeune homme, bien qu'il ait largement passé la vingtaine, sortit de sa chambre et fit entrer un pied dans la salle de bain. Hésitant légèrement sur le pas de la porte, la détermination quotidienne le rattrapa rapidement et le poussa à entrer et se placer sur le bord du lavabo. À cet instant, l'envie de hurler à l'aide lui chatouillait les cordes vocales, mais cela était tout simplement impossible, puisque le monstre, c'était lui. Le reflet que renvoyait le miroir n'était que le sien. Sa fine silhouette, ses cernes marquées, ses os saillants, les commissures de ses lèvres fanées, la peau mutilée, ses iris d'un violet pâle, ainsi que son air renfrogné ne lui inspiraient pas du tout le jeune homme souriant, chaleureux et dynamique d'autrefois, le petit garçon qu'il était d'antan. Son envie de retourner à cet époque n'était pas à zéro, loin de là. Il aurait tellement voulu retrouver le ventre réconfortant de sa progénitrice. De l'extérieur, elle pouvait paraître ignoble, horrible par ces coups de poings, de pieds, gifles et objets balancés, néanmoins, elle n'en restait pas moins sa mère et son intérieur ne mentait point sur la nature de leur lien. Elle était sa maman, celle qui l'avait porté pendant neuf mois et qui lui avait donné naissance, le sourire aux lèvres. Mais lorsqu'elle avait appris que son fils était un monstre assoiffé, elle s'était vite cachée, n'oubliant surtout pas de lui faire porter les malheurs et sa solitude. Élever un enfant, seule, et n'ayant personne sur qui compter, bien sûr que cela faisait mal. Elle n'avait personne et Baekhyun le savait. Seulement, pensant que ceci ne rendrait sa mère que plus malheureuse, il garda tout pour son petit être, bien au fond de son coeur et sa tête en dépit de son jeune âge.

Maman! Maman! Regardes comment les pommes ont rougi!, s'agita-t-il en fixant celle-ci, perdue.

- Tu n'aurais pas dû naître.. Tu as tout gâcher! Dégages sale monstre!, hurla-t-elle les larmes au bord des yeux alors qu'elle recommença une nouvelle fois à abattre sa colère noire sur le corps frêle du premier.

- M-Maman..J'ai mal.

Oui, lorsque Baekhyun faisait face à son reflet, il n'y voyait que misère et malheur. Tout ses démons resurgissaient des abîmes et l'entrainaient vers une mort subtile. Cette femme avait été retrouvée quelques jours plus tard après cet énième colère, couchée dans une marre de sang dans leur manoir. Là aussi, il ne comprit qu'une centaine d'années après l'importance d'une vie et les conséquances de ses actes. Elle était morte par suicide, ne pouvant plus supporter cette douleur qui se comprimait à sa poitrine. Elle devenait folle et la mort l'avait accueillie à bras ouvert pour soulager ce supplice.

Soudainement, un ricanement résonna à travers les carrraux de la salle de bain humide tandis qu'un bruit métallique retentit un peu plus bas, vers sa main. Il se saisit lentement du bout de métal, admirant l'instrument de bien-être qui lui déchirait déjà la peau des doigts. Ce n'était pas grand chose par rapport à son immortalité, cependant, en se blessant, il se sentait vivre à nouveau, il sentait l'importance qu'il donnait à son corps. Et rien que de savoir ce fait, le mettait dans une joie euphorique. Le liquide chaud qui vint s'écouler abondament le long de son son cou et qui dessinait un joli feu d'artifice écarlate, était tout simplement divin. Ça devait sûrement lui offrir la chaleur qui l'avait quitté il y a désormais cent dix-huit ans. L'homme qu'il chérissait de tout son coeur était également une des raisons du pourquoi faisait-il ça. Ce n'était pas un lâche, ni quelqu'un de courageux, alors il se laissait aller par ses envies et se torturait soi-même pour garder son malheur loin des autres. Après tout, toutes les personnes qui l'entouraient lui souriaient, alors pourquoi les embêter avec de sombres pensées? La peau nuancée d'un magnifique rouge, une couleur qui en disait bien long sur son origine, frissona au plaisir qui parcourait son corps. On aurait dit une décharge électrique qui faisait repartir son organe principale alors qu'il ne pouvait mourir de son plein gré. Il n'observait pas non plus le désastre qu'il avait semé sur le lavabo, sinon, cela lui redonnerait l'envie de recommencer, encore et encore, et il avait promis à son ami de ne pas dépasser deux fois par jour. Avec une santé aussi fragile que la sienne, tout pouvait lui arriver. Sauf le repos éternel.

Monster -b.yeol-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant