Chapitre 1

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Avez-vous déjà ressenti cette fraîcheur qui vient vous caresser le visage ? Une simple brise peut vous faire sourire, une simple brise peut vous redonner espoir, une simple brise peut vous faire respirer, respirer un air pur. Un air qui vous siffle au creux de l'oreille une douce mélodie, vous disant que, oui, vous avez le droit au bonheur. C'est ce genre de matin que j'aimais vivre, quand j'étais dans mon énorme pull en laine, mon café réchauffant mes petits doigts fragilisés par le froid qu'il faisait dehors, et mon regard porté sur les flocons qui tombaient gracieusement sur la montagne. Une petite musique de Noël me venait à l'esprit, et c'est à ce moment précis, que je retombais en enfance. Quel bonheur, cette nostalgie des fêtes. Moi qui avais toujours été très nostalgique de mon enfance perdue... Je me souvenais des réunions de famille, qui, sur le moment, je devais l'avouer, m'agaçaient fortement. Mais c'était par simple esprit de contradiction ! Bien sûre que j'aimais ces moments ! Quand je croyais encore qu'un gros bonhomme tout vêtu de rouge allait venir me faire plaisir, malgré tous mes caprices, malgré tout le « malheur » que soi-disant je pouvais ressentir. Ce titre de vilain petit canard, que je m'infligeais seule, juste par ce que j'avais peur de la banalité. J'en avais toujours peur d'ailleurs... Certains aiment le quotidien, par ce qu'à force, c'est régulier, c'est ordonné, c'est simple. Moi non. Il me fallait des imprévus, des malheurs, des disputes, mais aussi de l'amour ! Ce n'était pas par ce que je donnais l'impression de ne pas en vouloir, que je n'en voulais vraiment pas, non. Je ne savais simplement pas m'y prendre avec l'amour. C'est drôle et triste à la fois, de savoir que son enfance n'était que contradictions. Mais en même temps, qui a dit que les fêtes, les réunions de famille et tout ce qui s'ensuivaient devaient être réservé à l'enfance ?

C'était alors dans ce petit chalet, que j'étais venu me réfugier depuis quelque temps afin de pouvoir observer la montagne et la claire lumière qu'elle reflétait sur mon esprit. J'étais à un moment de ma vie ou j'avais besoin de me poser et de réfléchir, le genre de moment ou notre vie pourrait changer du tout au tout en un claquement de doigts. Mais est-ce que c'était vraiment ce que je voulais : que tout change ? J'avais eu la vie que j'avais rêvée étant jeune. J'étais seule, j'avais un petit chalet en montagne, j'avais créé mon propre journal. Je partageais dans celui-ci mes passions. J'avais sorti mon livre, celui qui racontait mes pensées et les gens qu'elles pouvaient imaginer. Et, de plus, je pouvais philosopher de la vie sans que personne ne me reproche de rester muette. Je pouvais rester planter là, devant ma fenêtre durant des heures, sans me rendre compte que le soleil avait bougé. Je ne décrochais mes yeux de ce paysage féérique, simplement pour me resservir d'une grande tasse de café. Et une fois la dernière goutte noyée dans ma tasse, je retournais penser à tout et à rien.

Ce moment, j'en avais ressenti le besoin. J'avais ressenti le besoin de m'évader en montagne et de repenser la totalité de mon existence... Je ne comprenais pas bien pourquoi, et je détestais ne pas comprendre, ne pas savoir la raison qui me poussait à prendre du repos et à reconsidérer mes pensées. Je savais que je devais prendre conscience de quelque chose à propos de moi, mais j'avais beau rester durant plusieurs heures muettes, à penser à une nouvelle façon de faire, j'en revenais sans cesse à la même conclusion : ma vie était celle que je voulais. C'était perturbant de ne pas comprendre ce qui m'amenait à un besoin tel. J'étais totalement perdu dans mes pensées comme un enfant dans la foule.

Un matin, je m'étais réveillé avec le sentiment d'avoir fait le tour de ma tête. J'avais l'impression que durant ces derniers jours, j'avais visionné la totalité du film de ma vie. Je décidais alors qu'il était temps, temps de partir de ce lieu consacré désormais à mes pensées. J'avais mis la clef dans la serrure et ma décapotable était parties pour des longues heures de balades.

Sur le chemin du retour, je me disais que la période de Noël me manquait vraiment. Ce n'était même plus une question de famille, mais bien de magie : la magie de Noël. Des étoiles dans les yeux et des rêves dans la tête. C'était ça Noël. Plus je descendais de la montagne, moins sa couverture blanche l'ensevelissait. Elle n'était plus que déchirures de tissues de neige. Et ce sentiment magique ne devenait peu à peu qu'un simple souvenir. Une nostalgie me montait alors à la gorge et des larmes aux yeux. C'était dans ce genre de moments où, les cheveux au vent, j'allumais la radio et je fonçais dans une destination inconnue afin d'oublier le passé pour m'en recréer un nouveau, un nouveau passé.

Une Chaleureuse FroideurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant