Chapitre 7

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Par ce que les nuages gris étaient apparu, et que la réalité m'était de plus en plus lointaine à chaque seconde, j'avais décidé de me lancer dans la recherche de l'homme mystérieux pour en savoir plus sur ce lac. Il faut aussi dire que mon ventre commençait à crier famine... Après une bonne demi-heure de marche dans une forêt sombrement merveilleuse, j'aperçus un semblant de toit à quelques mètres. Mon esprit n'attendit pas une seconde avant de foncer tête baissée vers la grande demeure. Elle paraissait encore plus gigantesque face à mon petit un mètre soixante-cinq. Je soupirai un grand coup et toquai finalement à l'immense porte en bois ce qui me valut un petit cri de douleur ridicule. J'attendis quelques secondes qui me paraissaient une éternité, puis l'immense porte s'ouvrit dans un grincement. Je penchai ma tête vers l'intérieur de la demeure : personne. Personne n'était là, à m'accueillir. Je rentrais alors prudemment dans l'immense pièce qui était quasiment vide, le bruit de mes pas sur le carrelage étincelant résonnait. Soudain, un bruit de pas derrière moi me fit frissonner. Je n'osais me retourner, mais je sentis une grande main se poser sur mon épaule. Prise de panique, je me retournai, et sans même regarder qui venait de m'effrayer, je giflai cette stupide personne. Quand le silence fut revenu, je me retrouvais à quelque mètre derrière mon acte de violence, la bouche entrouverte, figer. C'était elle, c'était la femme qui m'avait détruit l'existence, celle qui me hantait encore, c'était ma mère.

Comment, comment était-ce possible ? Comment cette femme qui m'avait enfin quittée il y avait de cela quelques années pouvait être là, face à moi, avec le même rictus, avec le même regarde, avec ces mêmes rides, avec ces mêmes cheveux, avec ce même visage. C'était impossible...

« Je savais que vous reviendriez... »

Mon regard se focalisa alors sur la voix. L'homme, l'homme du lac, je le revoyais enfin. Je ravalai ma salive, et le saluai de la tête, ce qui le fit sourire.

« Pourquoi dites-vous ça ? lui dis-je

-Dire quoi ?

-Comment pouviez-vous savoir que je reviendrais ?

-L'intuition ! Vous ne l'écoutez jamais votre intuition vous ? me dit-il comme s'il savait déjà la réponse. Suis-je bête, si vous ne l'écoutiez pas, vous ne seriez pas ici aujourd'hui.

-Qui vous dit que c'est mon intuition qui m'a faite venir jusqu'ici ? Oh, laissez-moi deviner : l'intuition ? »

Il se mit à rire doucement, puis s'approcha de moi, posa sa main sur mon dos et m'emmena dans une autre pièce.

Cette autre pièce, bien que plus restreinte que la première, était tout de même immense. Mes yeux ne savaient où se poser. De toute façon, je n'avais pas la tête à analyser un objet. Je venais d'apercevoir le portrait de ma mère encadré dans l'entrée d'un homme dont je ne connaissais rien.

Il me fit signe de m'assoir dans un grand fauteuil remplit de dorures après s'être lui-même affalé dans un identique. Il prit une pipe qui était posée sur un joli petit meuble à sa droite et la fourra entre ses lèvres. Du fumé commença alors à en sortir. Nous étions restés là, une bonne demi-heure, à se regarder dans le blanc des yeux sans se dire la moindre parole. Je me lançai alors :

« Comment avez-vous rencontré ma mère ?

-Votre mère vous dites ?

-C'est bien cela, Isabelle Duroche.

-Oui, oui... Il baissa le regard après avoir entendu son nom. Une grande femme ! Je crois n'en avoir jamais rencontré d'aussi têtu ! »

Il disait cela avec un sourire fourbe, moi, je restais neutre.

« A vrai dire, cela remonte à il y a une décennie... Oh ! Cela prendrait bien du temps de vous raconter cela.

-J'ai tout mon temps.

-N'y a-t-il pas des personnes qui vous attendent afin de fêter votre anniversaire ? »

Comment pouvait-il savoir ? Cela m'agaça mais je ne voulais en aucun cas le lui montrer. Qui sait de quoi il avait l'intention ?

« Comme je vous l'ai dit, j'ai tout mon temps. »

Ma parole le fit sourire, il me regarda fixement, tira su sa pipe puis reposa un peu plus son dos dans le grand dossier de son fauteuil. Moi, je restais là, à le fixer, attendant des explications. Je ne laissais rien paraître sur mon visage, mais la peur, la peur de savoir commençait doucement à caresser ma frêle peau pâle.


Une Chaleureuse FroideurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant