Fin

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Ericresta tranquille le temps que ses blessures disparaissent puis ilrevint à Versailles, d'autant plus déterminé à en finir. Il avaiteut une courte discussion avec Malia et il lui avait interdit, defaçon tout à fait formelle, de parler de ce qu'il avait vu quelquestemps avant. De retour à la cour scintillante et rutilante, il étaitprêt à en découdre malgré sa morosité. Il retrouva sesmaîtresses: Marie-Thérèse de Saint-Augustin, Anne de Breteuil,Louise de Montemaison, Joséphine de Mortemarre pour les principales.Il passa du temps avec chacune d'entre elles mais il n'arrivait plusà retrouver ce frisson qu'il ressentait avant lorsqu'il embrassaitleurs lèvres, la peau de leurs cous, caressait la rondeur de leursseins et s'activait entre leurs cuisses. Pfft! Disparu. Trop delassitude, trop de jeux, peut-être. Un soir justement où il étaitavec Marie-Thérèse, celle-ci lui lança un regard sévère alorsqu'ils étaient encore nus.

-Je sais ne pas être la plus belle de tes amantes mais est-ce utilede me le prouver aussi ostensiblement?

-Pardonne moi, ce n'était pas mon attention.

-Vraiment?

-Vraiment. Je te porte beaucoup d'affection mais pour être franc, jeme lasse d'être un mignon. Je songe à partir aux colonies.

-On meurt vite dans les colonies.

Ilesquissa un sourire puis prit la main ridée de la quinquagénaire,embrassant cette peau fine.

-On me l'a dit il y a peu.

-C'est alors que j'ai raison.

-Tu as souvent raison, Marie-Thérèse. Même si je quitte les cerclesde Versailles, me parleras-tu?

-Je suis une vieille femme. Écrire des lettres sera un bon passetemps. Ne meurt pas si vite, mon mignon.

Ericse rallongea à ses cotés et il la prit dans ses bras. Il éprouvaitde la tendresse pour cette femme, qu'elle fut sa maîtresse n'étaitqu'un hasard leur ayant permit de se rapprocher, voilà tout.

Lejeune comte avait oublié à quel point il était divertissant defaire des emplettes avec Anne de Breteuil. Elle essaya un chapeauplat d'un très joli jaune soleil orné d'un ruban de soie orangepâle. Des couleurs très estivales somme toute alors que leprintemps débutait à peine. La dame à la chevelure châtain et auxyeux extraordinairement bleus tournoyait devant le large miroir de laboutique. Elle souriait, elle était solaire et pas seulement àcause de sa robe jaune, bien que parsemée d'un motif de roses rougessur les manches et la cape. Son sourire était tel un soleil radieuxen plein été. Eric lui sourit quand elle se tourna vers lui.

-Alors?

-Il est très beau ce chapeau.

-Je pense à faire un portrait de moi avec cette robe et ce chapeau,dans les jardins. Qu'en penses-tu?

-C'est une excellente idée. Ce portrait montrera votre fraîcheur.

-Suis-je encore fraîche après cinq enfants et bientôt quarante ans?

-Je pense que vous le serez tant que vous aurez ce magnifique sourire.

-Peut-être que je devrais faire un portrait de famille, je n'ai pasbeaucoup de tableaux me représentant moi et les enfants.

-J'aimerais le voir, si je suis encore là.

Elleôta le chapeau et le regarda d'un air songeur. Eric était son amantmais aussi un ami en quelques sortes. Elle haussa les épaules puislui sourit.

-Choisissez un chapeau pour vous, mon bon Monsieur. Ne refusez pas,c'est un cadeau d'au revoir.

-Ah dans ce cas, je ne puis refuser en effet.

Le mignon de VersaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant