Elle est prête. Prête à tout laisser derrière elle. Mais laisser quoi ? Des moqueries, des crachats et un isolement.Peut-être Iris aussi, obligatoirement sa mère et sûrement Valentine. Valentine qui ne répond plus depuis longtemps. Elle s'est lassé de Maëlla trop pacifique, trop timide, trop simple. Valentine est au-dessus de ça.
Maëlla a pensé à la réaction de sa mère et Iris. Même si elle n'est pas très proche de sa sœur. Elles la pleureront un peu avant d'oublier. Comme quand son Papa s'est jeté d'un pont.
Maëlla s'est décidé ; elle partira comme lui.
Mais pas dans l'eau. Non, en dessous d'elle il y a des trains. Elle a choisi cette mort. Pour sentir ses os se briser et son corps se déchirer. Sentir une dernière fois la vie. Elle repense à sa lettre laissé sur la table de la cuisine. Sa mère a du la lire depuis une trentaine de minutes. C'est maintenant qu'il faut sauter, tout achever.
Maman, Iris
je vous aime. On le dit peut-être trop peu dans cette famille. Et puis j'aime Papa. Même si on commence à l'enterrer. J'aimerais que mon absence laisse ce calme comme lui avant dans la maison. Parce que j'ai décidé de partir de la même façon que lui.
Vous ne pouvez pas comprendre. Je suis trop faible pour résister à mes camarades. Je n'en peux plus de leur blague. L'avis des autres compte trop.
Iris, je t'offre mon dessin qui est accroché au dessus de mon lit. Celui qu'un peintre m'a fait à Montmartre quand on y est allé. Comme, ça, tu te souviendra à quoi je ressemble. Et puis, prends ce que tu veux dans ma chambre aussi.
Maman, je te donne ma chemise grise. C'est le seul vêtement sue lequel on s'était entendu quand tu me l'as acheté. Papa l'aimait aussi.
Je vous aime. J'aurais aimé vous serrez une dernier fois dans mes bras.
Vous pouvez prévenir Valentine, bien qu'elle s'en fiche. Elle ne répond plus à mes lettres.
Ne m'oubliez pas trop vite,
Maëlla
Elle sourit. Elle a peur. C'est bientôt fini. Elle pose son sac par terre et enjambe la barrière. Elle a les pieds juste de l'autre côté et ses bras la retiennent encore à la barrière. Il faut juste lâcher et la souffrance disparaîtra.
Maëlla regarde les vides et sens les larmes qui coulent. Elle espère que ce soit la bonne solution, pas de retour en arrière possible.
Elle ferma les yeux.
Respire une toute dernière fois.
Et lâche prise.
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Encore et toujours
Non-FictionMaëlla n'a plus que sa plume. Une seule destinataire, la seule qui lui reste. L'encre devient peu à peu son désespoir. Elle relate sa vie dans ses lettres. Elle pleure avec ses mots. Et Valentine qui ne répond plus.