32ème jour

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"Achille ? Non mais vraiment ? Comme dans talon d'Achille ?"

Ok ça m'a bien pris deux jours pour comprendre qu'il se foutait de ma gueule, mais j'étais sur mon petit nuage... Enfin, ce que je pensais être un petit nuage avant que je ne me réveille en sursaut en pleine nuit avec ce genre de pensées.

Alors le 32ème jour, quand je le vis au pied du cerisier, je n'ai pas hésité une seule seconde. J'ai foncé sur lui, et je lui ai donné un coup de pied dans le tibias, et une fois le géant plié en deux et ses oreilles accessibles, je lui en ai tiré une avant de dire :

-Achille ? Tu te fous de ma gueule ? 

Ce n'est quand j'ai vu les têtes que faisaient les passants, que je m'aperçus de ses gémissements plaintifs. Je fis un signe de tête aux passants, leur faisant comprendre que tout allait bien, et je me retournais vers lui de nouveau.

-Putain, là Mao tu me dois vraiment un verre.

Minute papillon... Comment tu connais mon prénom ? Je vis à sa tête qu'il avait réalisé sa gaffe, et il se redressa, avant de poser sa main sur mon épaule.

-Mao, il faut vraiment qu'on parle.

La manière dont il prononça mon prénom me glaça, et me rappela quelque chose sans que je ne sache de quoi il s'agisse.

-Tu veux bien qu'on aille s'assoir quelque part ? C'est assez important.

Tout devient alors très vague et flou dans ma tête. Il m'emmena sur la terrasse d'une petite buvette de quartier non loin de mon école et il se mit à jouer avec ses bracelets de cuirs. J'avais beau le regarder, l'étudier,  je n'arrivais pas à mettre le doigt sur ce que me disait son visage. Et pourtant, il m'apparu familier.

-D'abord, je m'appelle bien Achille, je ne t'ai pas menti. 

Je me mordis la lèvre en repensant à ce que je lui avais infligé en public, mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il continua:

-Ensuite, tous les deux, nous sommes de la même famille. Je suis ton cousin. 

Ma tête se vida d'un coup en même temps que mes poumons, et toutes mes pensées se mélangèrent. "Mon cousin ? Alors il est le fils du frère de ma mère. Un même frère qui a renié ma mère car elle avait choisi l'amour, car elle avait choisi mon père." J'avais pourtant vu des photos de mon oncle, mais si je n'avais pas fait le lien avec Achille, s'était sans doute à cause de ses cheveux décolorés.

-Je sais, la ressemblance n'est pas frappante...

Je me sentis alors envahi par une colère, une haine de ce qu'il représentait pour ma famille. Je me levais d'un bond, prête à partir, mais Achille me retient:

-C'est ta mère qui m'envoi. Elle veut que tu viennes vivre avec nous. S'il te plait, écoute au moins ce que j'ai à te dire...

A cet instant, je ne pouvais pas comprendre parce que je ne voulais pas comprendre. J'étais complètement déboussolée. Ma mère, qui ne m'avait pas appelé depuis des mois, lui avait demandé de s'occuper de moi ? Alors même que je ne le connais pas, alors même qu'elle ne leur a pas parlé depuis des années ? M'avait-elle menti ? 

Je partis alors comme une furie, le laissant seul face à une chaise vide.

Le soir, alors même que je préparais mon sac pour le lendemain, dans une tentative vaine de m'occuper l'esprit, je me rendis compte que j'avais laissé ma paire de lunettes sur la table de la terrasse. J'allais donc devoir l'affronter. Avais-je fais cela inconsciemment ? Car au fond de moi, je voulais savoir, car au fond de moi, je devais le revoir.

 

Ce jour là.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant