38ème jour

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Je sais. Je suis lâche.

J'ai attendu que le temps passe, et j'ai tout fait pour éviter ce moment. Je ne suis pas allé en cours, et j'ai loué une chambre dans un hôtel. J'avais peur qu'il ne vienne jusqu'à chez moi. Après tout, il avait affirmé que ma mère avait repris contact avec eux.

Pourquoi avait-elle fait ça ? Pourquoi ne m'en avait-elle pas parlé ? Pourquoi n'avais-je plus de nouvelles d'elle ? 

Je ne veux pas être la première à appeler. Je ne veux pas lui montrer que toute ma vie, elle a été à la fois ma force et ma faiblesse. Alors je vais attendre qu'elle m'appelle. Alors je vais attendre qu'elle revienne et qu'elle s'explique. 

Ce matin, j'ai décidé d'arrêter de me cacher, et d'affronter mon passé qui n'a jamais vraiment existé mais qui a tellement joué sur celle que je suis aujourd'hui. J'ai mis mon uniforme, et en me regardant dans le miroir j'ai essayé de trouver de la force et du courage. J'ai essayé de trouver dans mes yeux ce que j'avais toujours vu dans ceux de ma mère.

J'ai trainé des pieds jusqu'à l'entrée de mon lycée, ne regardant qu'au sol de peur de le croiser. Par habitude, mes pas m'ont mené vers ce foutu cerisier. Je savais qu'il serait là, ou du moins j'en étais persuadée. Regardant toujours vers le sol, je vis apparaître une paire de rangers. A nouveau, le tic que j'avais emprunté aux dessins animés me revient, et je penchais alors la tête vers la droite.  Je vis apparaître dans mon champs de visions ma paire de lunettes. Je tournis alors la tête vers la gauche, avant de relever les yeux. Rangers, jean noir et sweatshirt gris. Son visage lui, était caché par d'imposantes lunettes de soleil. Et tout comme ces mêmes lunettes, ses cheveux étaient d'un noir profond.

-Tu vas les prendre tes lunettes, j'ai pas toute la mâtiné moi.

Gênée, je les pris en hâte, et partis en direction des grilles de mon lycée. Je voulais vraiment partir sans un regard en arrière et saisir cette chance de ne pas revoir Achille. Je voulais vraiment ne pas savoir qui était ce mec. Mais, de ce que j'avais vu de lui, quelque chose me perturba. Il avait l'air comme fatigué. Pas d'une fatigue éphémère. Il avait l'air fatigué de vivre, comme moi. Je pouvais le voir à sa façon de se tenir. A son dos légèrement courbé, et à sa voix. Une voix rêche, tellement abîmée, et pourtant tellement jeune. 

Alors, même si je ne voulais pas savoir qui il était et quels liens entretenait-il  avec Achille, je pris la décision de me retourner. 

Il était toujours contre cet arbre. Il portait toujours ses lunettes, mais semblait me regarder, de loin. Je fis un pas vers lui. Il me tourna le dos et partit. 

Ce garçon hanta mes pensées, à tel point que je ne pensais plus à Achille. Il hanta mes pensées et m'empêcha de penser. Je ne voulais pas le revoir. J'avais peur de le revoir. Car il était comme moi. Fatigué de vivre à en mourir.

Ce jour là.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant