Ce jour là.

45ème jour

Il était là. Contre cet arbre. 

Non pas cet inconnu mais Achille. Quand il me vit, il marcha vers moi. Mais je ne fuis pas la confrontation car j'étais fatiguée. Je fuyais mes sentiments, mes peurs et l'inconnu alors que le temps lui, s'écoulait de plus en plus vite.

Il est vrai que je change souvent d'avis. Il est vrai. Mais après tout je reste un être humain soumis à ses sentiments et à sa raison. Parfois je penche un peu trop vers mes sentiments, au détriment de ma raison et de mes décisions. Parfois, je délaisse mes sentiments pour mieux vivre, ou pour vivre tout simplement. Car le temps passe et ma sentence approche. Voilà ce qu'est ma raison. Voilà pourquoi aujourd'hui, je penche vers ma raison.

Enfin arrivé à ma hauteur, Achille prit mon poignet et le tient fermement. Peut être de peur que je ne fuis encore une fois. Il chercha mon regard, et je vis dans ses yeux ce que je vis la première fois en lui. La couleur de ce cerisier. Je vis dans ses yeux la vie qui n'était plus dans les miens depuis longtemps. Percevait-il cette différence ?

 -Ta mère nous a demandé de prendre soin de toi. Elle n'a plus les moyens de payer le loyer de votre appartement. Elle nous a demandé de te loger le temps qu'elle trouve une solution. 

Il était mon cousin, pourtant l'homme qui se tenait devant moi était un parfait inconnu. Cet inconnu, ma mère lui faisait confiance. Ou bien ne s'en préoccupait-elle pas vraiment ? L'abandon que j'avais ressenti tant de fois avec mon père refit surface. Non. Je ne pouvais pas croire que ma mère m'abandonnait comme mon père l'avait fait. Ma mère avait toujours été ma seule faiblesse, mais aussi ma seule force. 

Alors après les cours, je fis mes valises et quelques cartons. Et je laissais derrière moi cet endroit qui nous avait recueilli et accueilli. Je laissais derrière moi les murs qui avaient absorbé les larmes de ma mère.

Le lendemain, ma vie recommencerait une nouvelle fois. Avec ma famille, un mot que je ne connais plus. Avec des inconnus.