Clone (En Pause)

Prologue (III)

Et c'est ainsi qu'il s'enfonça dans les conduits avec les cinq enfants, les deux scientifiques et un assistant. Ils firent plusieurs pauses sur leur chemin, car les enfants n'avaient pas leur condition physique. Le cinquième -le témoin- n'en menait pas large. Il était encore plus essoufflé que les quatre autres. Bill prit son pouls qui était anormalement élevé. Il n'était pas sûr qu'il atteigne la surface. Il fallait se hisser à la force des bras et les quatre adultes formaient une échelle humaine pour permettre aux enfants d'escalader. Il faisait chaud dans les conduits et la fatigue les affaiblissait. Sans vraiment savoir au bout de combien de temps, ils atteignirent le bout du tunnel métallique. Bill Moore ouvrit la grille d'un coup de pied et ils se firent passer les enfants pour les sortir du conduit. La nuit commençait à tomber. Les dernières lueurs du soleil disparaissaient déjà derrière les flancs de la montagne. L'assistant leur fit signe de se baisser en indiquant d'une main les deux miradors au-dessus d'eux. Ce serait un sprint hasardeux qui déterminerait leur survie. Ils pouvaient distinguer l'orée des bois d'où ils se trouvaient. Ce n'était pas plus de 500 mètres, mais à découvert et avec 2 sniper dans le dos, c'était un risque mesuré qu'ils s'apprêtaient à prendre.

Chacun prit un enfant sur son dos et Bill prit également le cinquième qui menaçait de perdre connaissance. Les quatre autres fixaient les bois avec une certaine fascination. Ils ne cherchaient pas à fuir. Ils se contentaient de se tenir là, les bras ballants et les pieds nus.

- À mon signal, courrait aussi vite que possible vers les bois. N'oubliez pas de zigzaguer, vous serez plus dur à viser. Si l'un de nous est touché,...ne vous arrêtez pas, compris. Peu importe ce qu'il se passera ne vous retournez surtout pas avant d'avoir attend ces foutus bois.

Sa voix était tremblante. Peut-être, est-ce la peur ou bien la colère qui la rendait ainsi. Lui portait la fillette brune sur son dos. Il sentait ses petites mains enserrant ses épaules. Puis ce fut le signal. Il se mit à courir en zigzag. Les balles fusaient tout autour d'eux. Bill était déjà à la moitié. L'assistant, qui portait un jeune garçon aux cheveux blonds, courrait au même niveau que lui. Le second scientifique n'était pas dans son champ de vision. Il sentait les balles passer toujours plus près de lui. Mais l'adrénaline qui parcourait son corps le fit courir encore plus vite. L'orée du bois n'était plus qu'à une dizaine de mètres quand il vit l'assistant s'écrouler devant ses yeux. Il entendit son cri étouffé. Bill venait d'atteindre les bois. Il avait disparu derrière les arbres. Le petit garçon blond se mit à pleurer. Une balle passa tout près de lui et lui entailla la joue.

Il ne réfléchit pas. Toujours en zigzaguant, il revint sur ses pas, là où son malheureux camarade était tombé. Il ne pourrait rien faire pour lui sans se mettre en danger lui-même. Lui ou la fillette sur son dos qui le serrait plus fort encore. Il plongea pour attraper l'enfant au sol, l'agrippa par le bras et le jeta sur son épaule. Au milieu d'une pluie de balle, il reprit sa course sur les quelques mètres qui le séparait encore de la sécurité des bois. Quand il eut atteint la ligne des arbres, il entendit la voix de Bill qui lui disait de continuer et il ne s'arrêta pas. Le second scientifique, portant également une petite fille sur son dos, apparut sur sa gauche. Après encore dix minutes de course, ils s'arrêtèrent, épuisés, aux milieux des bois. Après avoir repris leur souffle, Bill les guida jusqu'aux voitures qu'ils avaient cachés sous des branchages. Pendant qu'ils en dégageaient deux, l'état du cinquième enfant empira. Ses veines avaient pris une teinte noire et du sang s'écoulait de sa bouche, de ses yeux, de son nez et de ses oreilles. Les quatre autres enfants l'observaient silencieusement. Bill Moore prit à nouveau son pouls avant de secouer la tête.

- Il n'en a plus pour longtemps.

Ils n'eurent pas le luxe de l'enterrer et furent forcés de le laisser au milieu des bois. Bill conduisait la voiture dans laquelle il était monté avec la fillette aux boucles brunes et le petit garçon blond. Les deux autres enfants étaient avec le second scientifique dans une deuxième voiture. Il était plus prudemment de les séparer équitablement au cas où quelque chose arriverait. Les 2 rovers avançaient l'un derrière l'autre en direction de la limite du site. Une fois la barrière franchit, ils seraient à un jour et demi de route du village le plus proche. Dans le véhicule, il tenta d'entrer en contact avec Maggie, grâce au talkie qu'il avait emmené, mais il n'eut pas de réponse. Bill lui conseilla de ne pas trop réfléchir, mais c'était trop tard. Il avait compris.