🌖 1.23 "Cherchez-moi sous vos semelles si vous voulez me retrouver"🌘

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Trouver un moyen d'avertir Liam. Trouver un moyen d'avertir Liam.

Voila ce que Emma se répétait en boucle depuis une semaine. Une semaine qu'elle était enfermée dans ce bunker, seule en face d'elle-même. Et même crier n'y changeait rien, à part agacer son ravisseur. Mais après tout ce temps sans rien avoir à faire, elle avait perdu toute envie. Enterrée dans un cube en béton enfouis sous la terre dans le jardin d'une maison de Ravenwood, personne ne l'entendait, et personne ne risquait de venir la chercher.

La jeune femme était même prête à abandonner tout espoir de sortir un jour d'ici, lorsqu'un nom lui vient à l'esprit. Un seul, pas si important que ca, finalement. Un nom qu'elle avait presque oublié, mais qui était toujours inscrit au plus profond de son esprit. Un nom qui, si son ravisseur était assez bête, lui permettrait peut-être même de sortir d'ici.

Walt Whitman.

Un poète du dix-neuvième siècle, qu'Emma affectionnait particulièrement pour sa "Chanson de moi-même". Quelques vers lui revinrent en mémoire, des vers qui lui avaient plu sur le moment. Des vers qui, aujourd'hui, pouvaient lui sauver la vie. Il ne manquait plus d'y ajouter un indice pour que Liam découvre qui était son ravisseur, et le tour était joué.

En fouillant un peu dans sa prison, Emma finit par trouver une feuille de papier jaunie, et un vieux stylo. Elle griffonna son message, signa, et le plia en deux. Puis elle attendit patiemment le retour de son geôlier.

Deux heures plus tard, il pointa le bout de son nez, un plateau repas entre les mains. Il n'avait plus sa cagoule.

- S'il te plait, demanda Emma. Est-ce que tu pourrais transmettre ce message à Liam ? Qu'il sache au moins que je suis en vie. Ce sont quelques vers d'un poème que je lui ai fait découvrir, mentit-elle en lui tendant la feuille. Et pourrais-tu me dire quel jour on est ?

Le jeune homme la parcouru du regard avant de hausser les épaules.

- S'il n'y a que ça... On est vendredi.

Puis il quitta la pièce, le morceau de papier plié dans la main.

Pendant ce temps, Liam se rendait au lycée, accompagné de James. Ils passèrent le portail et rejoignirent Thalia et Jane, qui patientaient sur un banc accompagnées de Percy. Au moment où ils se saluèrent, la sonnerie retentit, et ils se rendirent en cours d'histoire. Aucun d'entre eux n'avait vraiment le coeur à discuter depuis qu'Emma avait disparu, et on avait l'impression qu'un nuage noir planait en permanence sur le petit groupe. Ce qui n'était peut-être pas qu'une impression, en fin de compte.

- Je vais chercher mon livre au casier, je vous rejoins, marmonna Liam avant de s'éloigner vers son casier en traînant les pieds.

En l'ouvrant, une feuille de papier jaunie tomba au sol, imitant la chute d'une feuille morte.

Le jeune homme soupira, et se pencha pour le ramasser. Si c'était encore l'un de ces textes latins teintés de menaces, il n'était pas sûr de pouvoir le supporter.

Il déplia la feuille, et reconnu presque aussitôt l'écriture soignée et légèrement penchée d'Emma.

"Je fais don de moi-même à la boue pour grandir avec
l'herbe amoureuse.
Cherchez-moi sous vos semelles si vous voulez me
retrouver."

Le créateur des proses n'est pas le plus candide dans tout ça.

Emma.

La signature le lui confirma encore une fois, c'était bien Emma qui lui avait écrit cela. Mais qu'est-ce que tout ce charabia voulait bien pouvoir dire ? D'après les guillemets, les deux premières phrases semblaient être des extraits d'un poème. Pour Liam, la dernière phrase ne voulait rien dire. Mais l'importance, c'est qu'Emma lui avait adressé un mot. Elle était vivante. Elle était vivante, et c'était tout ce qui comptait pour Liam en ce moment.

Le jeune homme détala vers la salle d'histoire, oubliant presque de refermer son casier.

Il s'assit devant James avant de l'appeler :

- James ! Regarde ce que j'ai reçu ! Regarde ! chuchota-t-il en brandissant la feuille de papier sous le nez de son ami.

- Ok ok c'est bon, pas la peine de t'exciter ! C'est pas comme si t'avais reçu un mot d'Emma !

- J'ai reçu un mot d'Emma ! s'écria-t-il en posant sa feuille sur la table de James.

Aussitôt, celui-ci s'empara du papier, et lu le message. A plusieurs reprises, il fronça les sourcils, et Jane lui envoya un coup de coude dans les côtes.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle en se penchant vers les deux amis.

Ils lui montrèrent le papier, qu'elle lu en silence sous le égard attentif de Liam et James.

- Je crois que c'est des vers de Walt Whitman. Ça vient de son recueil de poèmes Feuilles d'herbe.

- C'est sensé nous aider ? ricana James.

Mais Jane l'ignora.

- Ensuite, elle parle du créateur du poème en prose. C'est Aloysius Bertrand. Je ne vois pas trop ce qu'elle lui reprocherait, réfléchit la jeune femme.

- Mais c'est évident enfin ! Il a inventé le poème en prose ! clama James. Voila ce qu'elle lui reproche !

- James arrête tes conneries, intervint Thalia. C'est sérieux là !

- Écoutez, je crois qu'il vaudrait mieux en parler plus tard, lança Liam. La prof d'histoire nous regarde de travers, et j'ai déjà pas la moyenne dans sa matière, alors si elle me voit en plus discuter, je vais me faire tuer !

Au même moment, la professeure demanda à ses élèves d'ouvrir leurs livres.

Liam se figea sur sa chaise.

- Qu'est-ce que t'as mec ? lui souffla James.

- J'ai pas pris mon bouquin !

Moonlight Shadows II ( TERMINÉ )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant