Les courbes de mon coeur

J-50

Je m'étais couchée en ayant respecté mes trois serment, et pour une fois, en ayant hâte au lendemain. La nuit était passée vite, la lueur diffuse de la lune me permettait simplement de distinguer l'emplacement des meubles de la petite chambre légèrement délabrée que j'habitais.

Le lendemain matin, j'avais mangé un pomme, car mon corps ne supportait pas le manque. J'avais enfilé un sweat comportant le nom de mon ancien lycée et m'étais mise en route.

Avec Fauve dans mes oreilles, l'absence de soleil de ce matin me paraissait presque supportable. Les rue, parfois pavées, parfois délabrées,  rendaient ma progression assez difficile. J'ai faillit tomber deux fois déjà. En marchant, je suis passée devant une boutique qui m'a tout de suite plu. Un espèce de café littéraire, remplit de plantes et sentant l'encens et les huiles essentielles. Je me suis promis de m'y rendre dès que je le pourrais.

La promenade de la veille m'avais au moins permis de m'échapper de ma petite chambre, mais ce ne fut que pour un temps. L'objectif aujourd'hui était de trouver de quoi la décorer à mon image, afin de ne pas compter les jours restants avant mon départ en études supérieures. La liste était déjà faite :

- un ou plusieurs posters, vu que ma mère avait rangé les miens dans la caisse "à donner".

- des fleurs à sécher.

- quelques livres, mes lectures d'été ne m'avaient pas duré un mois.

- et de la peinture afin de peindre sur mes murs.

J'avais donc embarqué un tote bag, avec un livre lu et relu, les Poèmes Saturniens de Verlaine, et mes économie de mon anniversaire en quête de ces objets.

Mais avant cela, quelque chose me poussait à aller voir dans la petite forêt si mon message avait obtenu une réponse. Sous un soleil levant, j'arrivais à ce qui me semblais être mon futur refuge (enfin, surtout quand il fera beau). Avec un légère appréhension, je m'approchais du banc.

Plus que trois pas, deux, un..

Je ne le vis pas tout de suite. A peine gravé, un "qui es-tu ?" tremblant était inscrit juste à côté de mon message. Mon cœur s'était mis à battre un peu plus fort. Je ne savais pas quoi répondre. Et si au final c'était un psychopathe ? Un vieux ?

Mais mon instinct me soufflait de lui répondre, de toute façon, au pire, il ne sauras jamais qui je suis.

Je pris un couteau emporté au préalable, pour graver un petit "moi, je pense". Je trouvais mon message à la fois ironique et en même temps, il me permettait de garder mon anonymat. Mais deux minutes après, je me suis rendu compte qu'il ne pourrait rien répondre à cela. J'y ajoutais donc un "et toi ?" avant de m'en aller, en route vers la petite boutique de tout à l'heure.

Je m'allumais un cigarette, petit échappatoire, et m'autorisais un petit sourire.

Je n'ai pas tenu mon troisième serment, car, sans même savoir qui il était, je rêvais déjà de ses réponses.