L'Orphelinat

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Une bourrasque de vent fit claquer les volets d'une petite chambre qui se situait au deuxième étage d'une importante bâtisse (note de l'auteur : vous avez-vu, je vous l'avais bien dit que ça allait être romancé...). Cette chambre avait le strict minimum, et cela aurait pu être suffisant pour tout adulte qui soit. Malheureusement, l'individu qui venait de se réveiller à cause du vent n'était qu'un enfant. Il regarda le mur vide en face de lui, qui commençait à s'écailler à cause de l'humidité. C'était une triste chambre d'enfant, mais il ne s'en plaignait pas. D'ailleurs, il avait appris à ne jamais se plaindre.

Il se leva de son lit avec difficulté, ses membres étant encore un peu engourdis par le sommeil. Il se changea, et descendit les escaliers rapidement. Il savait qu'il était en retard. Il franchit la porte de ce qui semblait être la sale à manger, et d'un coup, le calme de sa chambre fit place à un énorme brouhaha. De nombreux enfants étaient assis autour d'une très longue table et riaient, se chamaillaient, ou tout simplement mangeaient.

Il évita de croiser le regard des autres enfants, car la plupart lui envoyait de la nourriture quand elle le voyait. Il s'assit à l'un des bords de la table, et commença son petit déjeuner en silence. A l'autre bout de cette immense table, un garçon, à la chevelure blonde comme les blés, avec une mèche lui couvrant la moitié de son visage, lui fit un signe. Le garçon tourna la tête dans sa direction, lui adressa un sourire timide, avant de replonger sa tête dans ses céréales.

Quand le jeune garçon eut fini son repas, le blondinet vint le voir en souriant.

- Hé Louis, tu vas pas me croire si je te dis que le roi a accepté que tous les enfants de l'orphelinat puissent assister à son anniversaire !

Louis n'en revenait pas, il allait enfin pouvoir sortir de cet endroit et visiter le royaume astrien, qu'il ne connaissait que grâce aux livres qu'il lisait. Louis était un pensionnaire du plus grand orphelinat de la ville de Soleil. C'était la ville la plus importante du royaume, car c'était ici que le roi habitait. Chaque année, il invitait toute la noblesse pour son anniversaire créant ainsi l'évènement le plus attendu de l'année pour tout le royaume. Louis n'avait jamais voulu y assister, mais le simple fait de sortir de cet établissement le remplissait de joie.

- C'est génial Thomas ! Mais... comment tu sais ?

Son camarade n'eut pas le temps de répondre qu'un adulte arriva dans la salle à manger du pensionnat et confirma la rumeur. Les deux amis étaient aux anges.

-C'est Charlotte qui me l'a dit tout à l'heure... chuchota Thomas à Louis.

Charlotte était la cuisinière qui était chargée de nourrir toutes ces bouche affamées, ce qui était loin d'être une simple affaire. Néanmoins, elle s'était pris d'affection pour les deux garçons qui venaient régulièrement parler avec elle en cuisine.

L'anniversaire était dans une semaine. Tout le pensionnat ne se mit qu'à parler de cet événement, car il fallait trouver des costumes pour chacun, des cadeaux pour le roi, et enfin organiser le voyage. Ce n'était pas une mince affaire, et tout le personnel était réquisitionné pour le mener à bien. Ainsi, personne ne surveillait les deux compères qui s'adonnaient à leur activité favorite : s'échanger des vignettes de leur album de l'Elite, qui recensait tous les figures importantes de l'école (ndla: c'est une activité tout à fait honorable). Thomas arrivait le plus souvent à arnaquer son ami, trop timide pour marchander quoique se soit. Louis avait toujours vécu dans l'ombre de Thomas, car il était plus petit, moins costaud et moins charismatique. Pourtant, il lui vouait une amitié sans nom.

- Tiens, je t'échange le directeur Magimel contre ton Stadir Origan, commença Thomas.

Louis, qui avait cette carte en trois exemplaire, accepta tout de même l'échange. Thomas continua dans sa lancée, ravi de la crédulité de son ami. Mais lorsqu'il vit que Louis possédait déjà la carte, il ne put se résoudre à faire d'autres échanges.

- Louis, il faut que tu saches t'imposer et dire non parfois... c'est important !

Louis regarda tristement son ami. Il savait qu'il n'y arriverait jamais, il n'arrivait pas à communiquer simplement avec les personnes qui l'entouraient, aussi proches de lui fussent-elles. Néanmoins, il avait fait un grand pas en avant en fréquentant Thomas, qui était son seul et premier ami.

Louis observa son album de vignettes et toucha du bout de son doigt les images des différents capitaines qui se sont succédés à la tête de l'école. Son rêve depuis qu'il était tout petit était de faire partie de cette école. Car là-bas au moins, il deviendrait quelqu'un. Il voulait devenir le plus grand capitaine que l'école n'ai jamais connu (ndla: vous comprenez aisément qu'il a réussit). Mais pour le moment, ce n'était qu'un rêve, comme l'on rêve de devenir riche ou d'avoir une maison faîte de bonbons.

Faire partie de l'école de l'Elite était un privilège, car personne ne pouvait contester l'autorité des Elitiens, pas même le roi. C'était ce qui plaisait à Louis. Lui qui avait tant souffert de l'autorité d'une tierce personne, toujours à lui donner des ordres sur l'endroit où il devait vivre, sur ce qu'il devait faire... Il en avait assez, et voulait avoir 12 ans pour pouvoir s'inscrire dans l'école de ses rêves et s'échapper de cet orphelinat.

La malédiction de Louis SerraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant