N°9 : Maison à Louer

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Tandis que l'obscurité et la solitude m'accompagne, comme chaque soirs entre mes draps, la pluie frappe avec fracas sur les velux de ma chambre. Ayant eu le souhait de ne pas recouvrir d'un store la fenêtre, je peux apercevoir les étoiles qui brillent dans le ciel et cela m'apaise, j'aime me sentir toute petite face à l'immensité et la force de ce monde infini.

Plongée dans mon esprit, je m'essaye mentalement à quelques vers de poésies nocturnes. Quand, soudain, un bruit étrange venant du grenier derrière la trappe attire mon attention. Il est facile d'y accéder grâce à une petite porte, à la hauteur d'Alice aux pays des Merveilles, qui se trouve quelques mètres à ma droite et, avec le temps, j'ai pris l'habitude de ne plus faire attention à cette porte et de ne plus m'inquiéter du bruit des grattements des souris ou encore simplement du bois qui travaille derrière ses murs, puis elle est fermée à clefs. Mais cette fois ci c'est différent, c'est un grognement. Un grognement lourd, rauque.

Je prends mon courage à deux mains, soulève la couette et me lève du lit pour aller voir, mais quelque chose m'en empêche immédiatement; la clef de la petite porte est entrain de se tourner toute seule dans la serrure. Les grognements continuent, ils se rapprochent de moi, je peux les entendre résonner dans la pièce.

Ma respiration commence à s'accélérer et mes jambes peinent à ne pas trembler sur le parquet qui craque comme un vieux coffre en bois. La clef s'est arrêté de tourner mais la porte est désormais entrouverte, laissant entrer dans ma chambre une petite lueur sombre et un froid glacial qui me frigorifie les membres.

Deux énormes mains noires sortent lentement du grenier et aggripent fermement le coin et la tranche de la porte. Des doigts crochus anormalement longs aux ongles sales et pointus s'agitent dans tout les sens et une matière visqueuse s'en écoule puis glisse au sol.

Je suis tétanisée, mon cerveau sidéré n'autorise aucun mouvement à mon corps, je reste plantée là comme un pantin et de grosses goûtes de sueur perlent sur mon front. Soudain, un corps difforme, mou et squelettique apparaît dans l'embrasure et rampe au sol en s'approchant dangereusement de moi.

Je laisse échapper un cri effroyable qui aurait pû réveiller un mort, je n'ai jamais vu une telle chose, même dans les films d'horreur ce n'est pas aussi terrifiant ... ni réaliste. La créature est totalement noire, sa peau gélatineuse tombe en lambeaux le long de son corps maigre et destructuré et son visage est déformé par l'horreur, la souffrance. Sur un semblant de crâne, deux gros trous béants remplacent ses yeux, seules deux minuscules pupilles rouges semblent briller dans le fond de ceux-ci. Il n'a pas de nez et sa bouche entrouverte me sourie pleinement, laissant apercevoir des dents nécrosées, rongées et tachées de sang foncé.

La créature laisse échapper un nouveau grognement rempli de terreur venu des Enfers. Dans un élan de survie, je me lève, cours vers la porte de ma chambre et dévale les escaliers d'une traîte, manquant au passage quelques marches. La peur n'est même plus descriptible à ce stade, je n'arrive plus à respirer, je n'arrive plus à crier, je n'arrive même plus à penser. Ma compréhension est totalement brouillée, je sens ma vie m'échapper, je ne sais plus quoi faire à part courir comme une folle partout dans ma maison pour trouver mon trousseau de clefs et m'éloigner le plus possible de ce monstre horrible.

Je l'entends descendre les marches une par une, le plus lentement possible, comme si elle savait que de toute façon je ne lui échapperait pas. Dans la précipitation et l'affolement, je me cogne la tête violemment contre un mur et tombe sur le sol comme une idiote. Le choc m'oblige à fermer les yeux quelques secondes pour reprendre mes esprits mais quand je les ré-ouvrent, la bête est devant moi, me soufflant au visage son haleine chaude et putride.

Je sens que c'est la fin pour moi, c'est terminé. La créature m'attrape fermement les chevilles et me traîne dans le couloir. Je ne peux pas m'échapper, sa force est bien trop puissante, elle est inhumaine et je sens ses ongles saillants s'enfoncer dans ma peau. Mon sang se répand sur le sol, j'hurle le plus fort possible mais la créature se contente de me regarder et de sourire narquoisement.

Elle m'attrape d'un coup sur son "dos" en me plaquant contre celui ci et se dirige à l'étage, prenant son temps pour monter chaque marches. Je perds presque connaissance, la texture et l'odeur de la créature est affreuse, c'est un mélange de pourriture gélifié, de terre granuleuse et de mort. J'use de toutes mes forces restantes pour me débattre mais c'est impossible. Le monstre ouvre la petite porte accédant au grenier et s'y engouffre, m'entraînant avec elle dans son antre maléfique.

Il y a plusieurs choses ici au sol, je pense que la bête vit là depuis longtemps. Il y a une trentaine de cadavres d'animaux morts à terre, des rats, des oiseaux, des écureuils... Il y a aussi des morceaux de viandes moisies, des restes de nourriture... et je reconnais même un morceau d'emballage déchiré d'une barre sucrée que je mange au petit déjeuner.

Toujours sur son dos, elle m'entraîne plus loin dans le grenier puis elle ouvre une cage en fer où un cadavre en putréfaction est entrain de se décomposer à l'intérieur. Elle m'y jette dedans, m'y enferme avec un énorme cadenas, puis elle verrouille ma porte ainsi que la porte de la trappe, de façon à ce que jamais personne ne puisse y rentrer. Elle se retourne et me fait face, m'offrant son plus beau ricanement. Que va t-elle faire de moi ? Vais-je mourir ici ? Vais-je devenir comme elle ?

*** 8 mois plus tard

« Par ici messieurs dames, voilà la spacieuse chambre, un des atouts de cette maison. Elle est très lumineuse. Ne faites pas attention aux griffures sur la porte à droite, les restaurations n'ont pas encore été faites mais ça sera changé. Regardez plutôt ces grands velux, imaginez vous observer les étoiles avant de dormir ! Merveilleux, non ?

Comme je vous l'ai dit, l'ancienne locataire a disparue du jour au lendemain sans donner de nouvelles, ni à sa famille ni à personne. Elle a donc laissé derrière elle tous les meubles... alala vous vous rendez compte ! Humr... alors voilà il y a beaucoup d'espace comme vous pouvez le voir mais part contre si vous comptiez avoir du rangement de ce côté à droite sachez que cette petite porte donnant accès à un grenier est condamnée, il est impossible de l'ouvrir, les ouvriers ont essayés à maintes reprises mais il est verrouillé... Ah et... il ne faut pas vous inquiéter pour les bruits que l'on entend, c'est le bois qui travaille vous savez c'est une ancienne maison... »

Heideyne 🏚

10 Histoires D'horreur N°2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant