L'épopée

261

Le village était calme, rien de spécial à l'horizon. Les guerriers, séparés en petit groupe le long de la palissade, discutaient gaiement des nouvelles du jour.
Dans le village, Adophe, le taneur, avait envoyé son fils dans la remise pendant qu'il vendait ses quelques peaux de bêtes restantes. Claude, le forgeron, tapait continuellement sur l'épée qu'il forgeait pour Alan, quant à Briac, son apprenti, il actionnait la souffleuse pour chauffer plus fort la barre de fer suivante. Quelques femmes marchaient en discutant, passant dans quelques échoppes pour acheter des bijoux ou des morceaux de tissus, d'autres s'avançaient plutôt vers les marchands de légumes ou de viandes.
En dehors du village, Ronan et ses enfants tentaient désespérément de rassembler leur troupeau de chèvres. Non loin de lui, Edern et sa femme s'occupaient à la traite de leur troupeau de vaches.
Quant à Isaac, notre protagoniste, il était occupé à labourer ses quelques champs. Les deux bœufs face à lui n'étaient pas les meilleurs et n'en faisaient qu'à leur tête, s'arrêtant très souvent. Isaac désespérait lentement, certain que le travail qu'il devait finir avant la nuit ne serait jamais terminé avant demain. Il avait d'abord commencer à leur crier dessus, les intimant d'avancer pour qu'il puisse passer à autre chose, il avait tant de choses à faire aujourd'hui. Puis, il avait terminé par les supplier, les caressant doucement. Il avait levé la tête pour fixer le ciel, le Soleil lui tapant fort sur le crâne, ce n'était que le début de l'après-midi mais Isaac n'avait pas le temps pour passer sa journée à labourer. Essuyant son front, il recommença à pousser gentiment les bœufs pour qu'ils avancent.

- J'ai pas toute la journée sales bêtes...

Il souffla un grand coup et les bœufs se remirent à avancer. Isaac se retint de sauter de joie et continua son labourage. L'après-midi passa sans autres interruptions et il put passer à l'étape du semage. Le soir arriva vite et il traversa le village pour retourner dans sa hute. À l'intérieur, Astrid, sa femme depuis quelques mois, préparait le repas. Elle était occupé à découper de la viande fraiche, les légumes étant apparemment déjà en train de cuire dans le chaudron vu l'odeur qu'il en dégageait.
Astrid et Isaac ne s'étaient pas encore vus de la journée, l'un étant parti très tôt dans les champs, l'autre s'étant levé plus tard mais ayant fait autant de choses dans la journée.

- J'ai croisé Blodwen tout à l'heure, elle m'a dit qu'elle t'avait vu aux champs et que tu avais eu des difficultés avec les bœufs. Commença Astrid en touillant les légumes.
- Malheureusement, ils n'avaient pas l'air de vouloir avancer aujourd'hui...
- Tu as réussi à labourer quand même ?
- Oui, j'ai aussi eu le temps de semer correctement. Répondit-il en plaçant les cuillères et les verres sur la table.
- Tant mieux alors. Un jour de plus et nous aurions été en retard pour la moisson...
- Ces satanés bœufs, je les ferais bien en rôti si ça ne tenait qu'à moi...

Astrid termina de servir les assiettes de potages et s'approcha de lui, posant sa main et sa tête sur le bras de son mari.

- Calme-toi Isaac, nos bœufs étaient sûrement fatigués...
- Ils sont très souvent fatigués alors.

Elle soupira, se détacha de lui et partit s'asseoir de l'autre côté de la table.

- Nous n'avons pas assez pour en acheter d'autres, il va falloir se contenter de ça pour l'instant.
- Je sais bien Astrid. Soupira-t-il en prenant une cuillère de potage.

Ils commencèrent à manger en silence, savourant le repas fait avec les légumes de leur petit jardin.

- Ah, ma mère est passée apporter la viande aujourd'hui. Se souvint Astrid. Elle m'a encore parlé d'avoir un enfant...
- Oh... Hum...
- Oui je sais ce que tu en penses mais... Elle insiste vraiment...

Isaac ne répondit pas, il venait à peine de se marier et avoir un enfant n'était pas sa priorité. Mais pour la mère d'Astrid, c'était un signe et une preuve d'amour. Astrid soupira légèrement et l'aida à débarasser la table.

- Je... Commença la blonde en s'avançant vers lui.

Il lui tourna le dos et sortit dehors, Astrid à sa suite. Il entreprit de nourrir les quelques poules qu'ils avaient.

- J'y pense aussi... Finit-elle en baissant la tête.

Isaac se stoppa. Il faillit lâcher le sac de graines qu'il avait mais le déposa au sol doucement. Il se tourna vers elle et lui attrapa les mains, la rapprochant de lui.

- On a ni l'argent ni le temps de s'occuper d'un enfant. Je suis absent toute la journée et toi aussi. Réfléchis à ça Astrid.

Il lui embrassa tendrement les lèvres et lâcha ses mains pour ranger le sac de graine non loin de là avant de retourner dans la hute. La discussion était close pour ce soir.
Astrid entra à son tour dans la petite hute et s'approcha du lit où Isaac s'était assis pour enlever ses galoches. Elle l'imita, enleva ses bijoux et défit sa tresse, laissant ses longs cheveux blonds tomber en vague dans son dos. Déjà couché dans leur lit, sous les peaux de bêtes, Isaac tendit le bras pour prendre une mèche dans sa main. Il la caressa du bout des doigts avant de la relâcher pour qu'Astrid puisse se coucher à son tour.

- Je suis pas encore prêt Astrid...

Elle hocha doucement la tête et se colla contre lui sous les couvertures. Si le Soleil tapait le jour, le froid s'infiltrait la nuit alors les habitants du petit village devait se couvrir comme il le fallait.

°~•~•~°

Comme tous les matins, Isaac et Astrid furent réveiller au petit matin par la lumière du jour et le champ du coq du village. Ils se levèrent et remirent leurs galoches. Astrid refit sa tresse, ce qui fit soupirer Isaac qui adorait voir ses cheveux lâchés. Elle eut un petit rire et ils sortirent dehors avec une tranche de pain complet pour commencer la journée. Et l'agitation de dehors les surprit. Les commerçants rangeaient leurs commerces, les femmes rentraient les enfants dans les hutes, le chef du village était dehors, debout sur un gros rocher et les hommes avaient leurs armes à la main. Ce fut Briac, l'apprenti du forgeron, qui, passant par là en trottinant, fut stoppé par le bras d'Isaac.

- Que se passe-t-il Briac ?
- Le village voisin déclare la guerre ! Répondit l'adolescent avant de continuer son chemin vers la forge.

Le couple se regarda avant de retourner dans la hute, Isaac pour mettre son casque et prendre son épée, et Astrid pour prendre sa lance et se débarasser de son châle qui pouvait la gêner lors du combat.
Dans la plupart des villages gaulois, et le leur n'échappait pas à la règle, les femmes étaient toutes aussi courageuses que les hommes, voir plus pour certaines, et pratiquaient donc les mêmes tâches qu'eux.
Un des gardiens hurla que les autres arrivaient alors les villageois eurent un cri de guerre commun avant de sortir hors de la palissade en courant.
Leurs adversaires n'étaient pas encore arrivés jusqu'à la palissade qu'ils virent tout le village coururent vers eux, se faisant surprendre de leur propre attaque. Le sang giclait dans tout les sens, les épées s'entrechoquaient en coups secs et durs, certains criaient de rage et d'autres de douleurs. Isaac et Astrid se battaient de façon presque similaire, tuant tout ennemi qui passait devant eux, défendant l'entrée de la palissade de façon symétrique et ordonnée. L'un comme l'autre ne laissait passer personne dans le village, leur technique personnelle s'étant très améliorée au fil du temps.
Les derniers adversaires prirent la fuite en hurlant de peur et le village gagna encore une fois une bataille. Suivant leur tradition commune, les têtes de quelques ennemis furent ramassées pui accrochées dans les hutes pour leur apporter la force de la personne, en l'occurence pas grand chose vu la force du village ennemi. Isaac et Astrid n'échappèrent pas à la tradition et choisirent la plus belle tête parmis les personnes qu'ils avaient tués, l'accrochant ensuite à côté d'autres têtes.
Une fois la chose faite, ils se regardèrent et s'embrasserent dans un élan commun, fiers d'eux mais aussi l'un de l'autre.

°~•~•~°

Bonjour !

Et voilà, le premier OS est terminé ! C'est celui-ci qui inaugure ce projet.
Au début, je n'en étais pas trop fière, mais finalement ça va.
Et sachez que j'ai fais pas mal de recherches et que j'ai appris pas mal de choses que je n'ai pas pu utiliser dans cet OS mais qui seront utiliser dans les deux prochains de l'époque ;)
J'espère qu'il vous a plu et on se retrouve au prochain OS !

Bisous !