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La plus grande maison du village était remplie, grouillant de bruits et de chuchotements, les idées fusaient. Puis, il entra. Une aura terrible entoura le corps robuste du chef du village. Il avait le visage sérieux, borgne car une longue cicatrice lui coupait le visage en diagonale. Il s'assit, lentement, et tous les bruits s'arrêtèrent. A sa suite se trouvait Astrid, sa fille chérie, belle comme un ange mais si fière qu'elle en devenait hautaine. Elle se tenait droite à côté du grand siège, fixant la foule elle-aussi. La réunion pouvait commencer.

Après d'interminables débats, la décision avait finalement été votée : une nouvelle excursion se ferait dans les jours suivants. Ainsi, les guerriers terminaient leur entrainement et préparaient leurs équipements, tandis que le reste du village s'affairaient à remplir la dizaine de langskips, eschiez et esneques. Puis, lors de la dernière nuit, quelques heures avant le départ de la flotte, une petite ombre se faufila jusqu'à un des drakkars, montant pour s'installer dans la calle du bateau longiligne.

A l'aube, une fois assez loin du port du village, l'ombre sortit le bout de son nez. Elle viendra longer le bateau jusqu'à la proue, se faufilant parmi les hommes de main. Puis, elle appuiera ses mains pour monter sur le bord, venant s'accrocher à la tête de dragon qui formait la proue. Elle retira sa capuche en fourrure, et de longs cheveux blonds vinrent s'envoler au gré du vent : Astrid.

Puis, brutalement, une main tira la belle blonde en arrière par sa capuche. Elle tomba, nez à nez avec le chef de la flotte et du village, son père. Le visage fermé, il la regardait sévèrement, mais elle n'avait pas peur de lui, il lui avait tout appris après tout. Elle lui sourit, mesquinement savant qu'il allait la réprimander. Après de courtes phrases lourdes de sens, il finit par soupirer longuement, lui tournant le dos pour retourner s'installer à l'arrière, lui indiquant d'une voix dure de se rendre utile.

Après un an à longer les côtes du royaume d'Aquitaine, finalement, ils dévalèrent la Dordogne. Le grand groupe de guerriers du Nord avaient déjà perdu de nombreux combattants, mais restaient fiers, accostant la tête haute le long des villes pour reprendre des provisions par-ci par-là. Comme la température s'était plutôt réchauffée, comparée à celle de leur village nordique, ils avaient aussi laissé leurs fourrures de côté pendant leurs trop longues journées de navigation.

Et puis, les voilà arrivés sur la plage de Bordeaux, accostant les bateaux, les ancres à la mer. Petit à petit, le troupeau de vikings posait les pieds sur le sable de la longue plage. Astrid, aussi curieuse qu'elle était, venait s'avancer le plus près possible d'une petite embouchure dans la dune de sable. Elle menait à un petit chemin de sable, entouré par de l'herbe qui poussait difficilement dans ses conditions. 

La blonde ne put retenir un rire : l'endroit était bien différent de chez eux, et ils avaient pu accoster sur de nombreuses plages, celle-ci lui faisait ressentir un sentiment agréable. Le genre de sentiments qu'elle avait quand quelque chose allait se passer. Doucement, elle passait une main dans ses tresses pour les basculer derrière ses épaules, redescendant sur la plage afin de trouver son père. 

Il fut décidé qu'une vingtaine d'hommes resteraient près des bateaux pour surveiller les trésors pillés dans les autres villages. Ainsi, Astrid, têtue comme elle était, pu suivre son père et l'autre partie du groupe. Ils longèrent le petit chemin, traversant une légère forêt et finirent par se trouver face à un village, plutôt grand mais pas encore assez pour être une ville.

Ainsi, les voici qui se mettent à courir pour attaquer l'endroit, fonçant sur les habitants en hurlant. Effrayés évidemment, les cris s'enchaînent, et les morts aussi. Le village n'avait pas les ressources nécessaires pour combattre le groupe de féroces guerriers et se retrouva rapidement submergé. Les quelques survivants furent cloitrés dans l'église par les guerriers, sans moyen de communication entre les deux camps. 

Astrid qui avait la pure interdiction de combattre, bien qu'elle en rêvait, se contenta de fouiller les maisons vides. C'est en essayant d'ouvrir un coffre qu'elle entendit un bruit et finit par se cacher derrière une armoire. Elle n'était visiblement pas seule dans la petite cabane. Quelqu'un rentra doucement dans la pièce, avec prudence, et elle retint sa respiration tout en serrant dans son poing la dague qu'elle portait toujours à sa ceinture. 

Rapidement, elle sortit alors de sa cachette et pointa sa dague en direction d'un homme. Grand, mais tout autant qu'elle, il plongea son regard dans le sien et elle frémit un coup. Beau, ça c'était certain, et elle se sentit flancher. En temps normal, elle l'aurait tué tout de suite, mais cette fois non. Dans un élan, elle le poussa de sorte à pouvoir se frayer un passage et fuir rapidement. Elle se mit donc à courir, faisant le chemin inverse en priant pour qu'il ne la suive pas. 

Enfin c'était peine perdu, car il la suivait bel et bien. Et voilà qu'elle se faisait prendre à son propre jeu, d'habitude c'était elle la chasseuse, mais cette fois, elle était la proie. Elle eut un nouveau rire, coupé par les souffles forts qu'elle relâchait dans sa course. Et puis, pourtant habituée des courses en forêt, son pied se prit dans une racine cachée sous du sable et elle tomba tête la première au sol. Evidemment, elle grimaça, cherchant à se relever rapidement, non sans maudire le fameux sable. 

Mais trop tard, l'homme était déjà là, lui attrapant le bras pour ne pas qu'elle court encore plus loin. Par réflexe, Astrid lui plaça sa dague sous la gorge, sans un mouvement de plus et il viendra simplement s'annoncer : << Isaac. >>
Au départ, elle ne comprit pas ce qu'il voulait dire, puis elle relâcha la pression de sa dague, de toue manière elle ne pourrait pas le tuer, en tout cas, pas tant que ses yeux continuerait de transpercer les siens comme cela. 

Comme tous les autres, les deux ne pouvaient pas communiquer, alors l'instant sauvage prit le dessus, et Astrid fut la première à venir dévorer ses lèvres. Les deux se complaisaient en tout cas dans cette relation sans queue ni tête, brut et sans autres réactions que l'animalité. Et ils continuèrent quelques minutes, camouflés par la forêt, jusqu'à ce que de grands rires se mirent à résonner. 

Effrayée que son père la découvre ainsi, Astrid bouscula Isaac, et lui intima d'aller se cacher plus loin. C'en était fini de leur relation aussi rapide qu'un éclair. Quand son père arriva près d'elle, elle se plaça à ses côtés, lançant un dernier regard à l'endroit où Isaac s'était caché. Elle lui souhaita un adieu silencieux, un adieu à jamais. 

Haki~

L'épopéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant