second jours de ce mois de mars, dix-huitième heures du second jours de ce mois de mars.
junhong regarde son plafond. il soupire, pour faire évacuer ses émotions, sans avoir besoin de mots ou de gestes.
dans son lit, son corps est lourd. un trou béant s'est creusé, à l'emplacement de son cœur. et ce trou aspire son être.
il se fait ronger
de l'intérieur.jiyong
lui manque.dans un grincement désagréable, la porte de sa chambre s'ouvre. un pas lourd résonne.
« le garçon est revenu, aujourd'hui, 'hong. il demande de tes nouvelles.
- mh ?
- c'est qui, dis moi ?
- un ami, papa.
- pourquoi tu ne vas pas le voir ?
- il ne m'aime plus.
- pourtant, il vient demander de tes nouvelles.
- mh. »le paternel soupire, et reprend.
« on va se séparer le mois prochain, ta mère et moi. tu le sais ?
- oui.
- ton père t'aime. »le même grincement, et la porte claque.
junhong comprend. il a l'âge. ses parents ne se sont jamais entendus. leur seul motif pour ne pas se quitter se était junhong. qui peut enfin comprendre. alors ils se quittent.
vingt-troisième heures du second jours de ce mois de mars.
un coup à la fenêtre suffit pour que ses larmes débordent.
il a abaissé les volets, mais il toque quand même.
junhong a ses limites.
il a besoin de le voir.
il lui manque.calmement, il se relève. sur la pointe des pieds, il s'avance. il remonte avec lenteur ses volets, et il le voit. il essuie ses yeux avec ses manches froissées et pose sa main sur la poignée de la fenêtre. jiyong n'a pas cillé. il l'ouvre, et reste silencieux, immobile, face à l'ainé.
« pourquoi, diable, est-ce que tu te caches de moi ?
- je te l'ai déjà dit, idiot.
- je ne suis pas l'idiot.
- alors c'est moi qui doit jouer ce rôle ?
- il faut croire que tu le fais à merveille. »junhong ne répond pas. jiyong pose sa main sur le torse du plus petit, et il le pousse, pour le faire reculer. puis il rentre, maladroitement. et il regarde autour de lui.
« t'as douze ans et ta chambre est blanche.
- je voulais du gris.
- idiot .»à nouveau, aucune réponse de junhong.
« gamin.
- mh ?
- je t'aime. »il prend Junhong contre lui. il le serre dans ses bras. contre son corps. état cette soirée lui revient à l'esprit. il se mord la lèvre.
ses mains se posent sur le visage du plus petit, dont l'esprit est déjà noyé dans son regard.
leurs lèvres se rencontrent.
junhong ne sait pas embrasser. jiyong le sait.
une nouvelle chose glisse entre les doigts de junhong. elle éclate au sol. et il sent la douleur. ses pieds sont sur ce verre brisé.
il se crispe.
à nouveau, ce ravin. et cette fois, des mains sur ses épaules. trop grande. trop effrayante. qui mains qui le rendent impuissant. des mains qui vont le pousser.
il panique.
elles se séparent et junhong se brise. il pleure, comme l'enfant qu'il devrait jouer.
« tes quatorze ans petit.
- on ne s'aimera plus...
- dans sept mois tu as treize ans. et après encore un an.
- tu ne voudras plus de moi.
- ça s'entretient, petit. je t'aimerai si les choses restent comme elles sont.
- promis ?
- t'as quel âge...
- douze ans.»junhong amène sa main devant jiyong, ferme son poing, et tend son petit doigt. jiyong fait de même, avec honte.
et junhong accroche son doigt à celui de jiyong, dans une promesse silencieuse.
dans une utopie mensongère.