Un petit air

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Je m'assis sur une chaise et faisait face à ce piano. J'ouvris le pupitre et glissai mes doigts sur les touches froides. J'enfonçai une touche et un son aigu se répercuta dans la pièce où j'étais. Un autre son, plus grave cette fois-ci, suivit le premier. Alors l'enchaînement des notes devient de plus en plus rapide jusqu'à trouver une douce mélodie. Mes doigts défilent sur les touches accompagnés de cette musique. Je ferme les yeux, je me laisse aller dans cette bulle. Je me laisse aller dans mon univers. Univers qui n'appartient qu'à moi. L'atmosphère change, elle devient moins lourde à porter, elle semble légère comme une plume. Le silence a disparu, il a fait place à cette musique suave. La pièce résonnent de notes aigu et grave qui, ensemble, font un accord parfait. Petit à petit, élancée par le rythme de la musique, je commence à basculer d'avant en arrière, toujours en fermant les yeux. Nul besoin de partition, je connais les notes par cur, et mes doigts courent sur le clavier à une vitesse folle. Cette musique me transporte ailleurs ; je me vois parcourir un jardin tout en courant, m'arrêtant à chaque fleur pour sentir leur parfum délicat. Je me vois marcher dans le sable face à la mer, face au soleil couchant, souriante et heureuse. Je me vois sur un cheval, parcourant au trot une forêt de chêne sans que nul n'interrompt notre balade. 

Je change de mélodie et accélère le rythme. Cela me transporte autre part. Avec ma famille, mes amis. Des éclats de rires résonnent dans ma tête, des lumières aveuglent mes yeux et je sens l'euphorie m'envahir. Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire et de continuer pour que cette belle nostalgie ne me quitte plus. Je ressens toute cette joie créée lors des fêtes, je ressens tout cet amour que l'on se porte ensemble, je ressens toute cette amitié qui dure depuis des années sans jamais perdre son éclat.

Je finis pas ralentir le rythme et bifurque vers un autre air, plus lent, plus triste cette fois-ci. Maintenant, mes souvenirs m'emmène vers toi. Je revois alors ton visage, ton sourire. J'entends tes mots les plus doux me submerger et un sourire triste apparaît sur mon visage. Là, j'ouvre les yeux mais ma vision se brouille. Une larme puis deux coulent le long de ma joue. J'arrête de jouer. Je ne peux plus jouer. Le silence n'est brisé que par mes quelques sanglots. Je me lève de la chaise et je viens m'asseoir par terre le long du mur. Je ramène mes jambes contre moi et mets ma tête entre mes genoux. Je pleure. Je pleure pour toi. Tu me manques tellement. Tu es dans le ciel à présent, et rien, vraiment rien, ne pourra te faire revenir. Tu étais celui qui me donner la joie de vivre, celui qui me donner le sourire quand ça n'allait pas. Mais maintenant tu ne peux plus, tu n'es plus là pour ça. Et je pleure comme pour honorer ton absence si lourde à porter. La seule chose qui me rattache à toi est ce piano, et quand j'y joue, mes pensées dérivent toujours vers toi. Tu me manques et j'aimerai te rejoindre là où tu es, mais tu n'aurais sans doute pas souhaiter cela pour moi. Alors je continue de vivre. Pour toi.
Et moi.



Recueil de textes diversOù les histoires vivent. Découvrez maintenant