Princesse des mers [Terminé]

"Héra" ou la déesse qui déclenche des souvenirs

Souvenez-vous du soldat partit en trombe sur son cheval, ce soldat qu'Aria avait rejeté pour la énième fois. Ce sale rat avait fait son boulot et bientôt, dans les mois qui suivirent, une rumeur se répandit à travers la Grèce entière.

Cette rumeur disait que le soldat le plus intelligent et doué au combat, celui-là même qui élaborait des stratégies guerrières qui marchaient à tous les coups en faveur des Corinthiens, était en réalité une femme. Cette rumeur fit choc et ne rata aucune ville, et passa plus particulièrement par la ville qui aurait du ne jamais être au courant de ça : Athènes. Bientôt les peuples alentours se révoltèrent mais aussi vantèrent les mérites de la présence de cette femme parmi les soldats Corinthiens.

Par malheur, un commença à dire qu'elle était imbattable, un autre que personne ne l'avait jamais vu assez longtemps pour la décrire, encore un autre qui disait que personne n'avait vécu assez longtemps face à elle . Certains prétendaient qu'elle était invincible, tuant ses adversaires en passant comme une ombre. D'autres encore disaient qu'aucune arme existante n'était capable ne serait-ce que de trancher sa cape. Celle-ci disait vrai.

Mais le pire arriva quand les gens commencèrent à dire que cette femme pouvait prétendre à surpasser la déesse de la guerre, Athéna. Le peuple d'Athènes alla se révolter contre cette outrance au Parthénon dédié à leur déesse protectrice mais jamais la déesse n'en entendit parler. Jamais rien ne se passa contre la femme soldat et même en allant se confier dans les sanctuaires d'autres divinités, la rumeur ne passa jamais au Mont Olympe. C'était tout bonnement impossible.

Les Corinthiens étaient eux aussi tous au courant de ces rumeurs circulant sur leur meilleure guerrière et c'est pourquoi tout le monde était sur ses gardes. La nuit surtout. Et plus particulièrement Enes et Aria même, depuis qu'ils avaient leur propre maison. Quelques mois étaient passés depuis le début de leur relation et c'est tout naturellement qu'ils avaient tous deux quittés la maison des parents du jeune homme pour aller vivre dans une maison en bordure de la ville.

Enes dormait mal la nuit, car il savait que plus de la moitié de la Grèce en était après sa moitié. Il était inquiet et ce même si personne ne connaissait l'identité de la "femme soldat" et que personne ne connaissait son visage, à part les Corinthiens. Il doutait également que ce soit un traître de leur rang qui ait répandu ces histoires sur Aria. Au moins le fautif a-t-il été intelligent de ne pas divulguer le nom de la "femme soldat".

Mais il ne pouvait plus s'empêcher de suivre Aria où qu'elle aille. C'était même pire qu'avant. Elle allait à l'écurie, il la suivait. Elle allait se changer, lui aussi. Elle allait discuter avec la mère du jeune homme, il lui collait aux fesses. Aria ne disait rien car il ne parlait pas quand il la suivait. Rares étaient les moments qu'elle pouvait passer seule.

Mais ce jour-là, Enes était occupé avec son père à parler du nouvel agencement de l'arène. Elle en avait alors profité pour prendre Jax et elle était partie faire une ballade.

*

Ce matin-là, les Olympiens s'étaient tous réunis pour faire le point sur le travail à faire durant la journée. Et la liste était longue. Déméter devait organiser la fête du retour de sa précieuse fille, Arès devait nettoyer son armure tâchée de sang de mortel et de monstres, Héphaïstos devait fabriquer un autre char pour un roi de Grèce qui avait cassé le sien -lamentable-,et Athéna et Poséidon se tuaient à la même tâche: retrouver une quelconque trace de leur fille. Elle aurait du avoir une vingtaine d'année, si tant est qu'elle soit toujours en vie. Ils n'avaient jamais abandonné l'idée de la retrouver.

Quant à Héra, qui était assise à côté d'Aphrodite et des deux malheureux, elle s'adonnait à une chose encore plus passionnante: regarder la liste de prénoms qui se tenait devant ses yeux et annoncer à toutes ces femmes qu'elles étaient enceintes avec tact et douceur. Elle commençait toujours par voir la fin de la liste et au fur et à mesure, elle remonta son parchemin et s'arrêta sur le premier de sa liste. Satisfaite, elle se leva avant que la déesse de l'amour ne l'interpelle.