Chapitre 2: Quelle heure avions nous dit, mademoiselle Diop ?

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Courelle avait pris son bain de minuit et était étalée sur son lit, portant un vieux maillot de foot ayant appartenu à son grand-frère. Ses yeux fixaient le plafond de la chambre depuis maintenant...Combien de temps, déjà ? La jeune femme avait l'impression d'être restée là seulement quelques minutes mais le ciel étoilé que cadrait sa fenêtre prouvait le contraire. Il était tard, le réveil sur la table de chevet indiquait 23heures.

C'était comme si elle était enfermée dans une boucle temporelle. Cette ville était une boucle. Tout avait l'air tellement détaché, comme si la réalité à Pancok n'avait rien à voir avec celle du monde. C'était peut-être vrai tout ça mais Courelle n'avait pas encore eu la chance –ou le malheur- de s'en rendre compte. Pas encore.

Elle avait déjà dîné. La gérante de l'hôtel qui s'occupait de la réception et de la cuisine leur avait servi un gratin de pomme de terre et du Bissap bien frais. C'était simple mais délicieux. Cependant, Courelle n'avait pas mangé avec son boss. Elle avait cru qu'il la rejoindrait mais monsieur Ly avait préféré rester seul dans sa chambre. Donc, pour s'occuper, la jeune femme n'avait rien trouvé de mieux à faire sinon passer un coup de fil à sa mère et regarder la télé. L'hôtel avait bien le wifi mais le réseau était archaïque. Ça prenait plus d'une heure pour charger une vidéo YouTube et Courelle n'était pas des plus patientes.

Elle s'endormit à une heure du matin. Son boss et elle n'allaient pas perdre du temps. Ils allaient rencontrer leur premier client dès le lendemain et espérer signer un contrat avec lui. Cependant, malgré toute la bonne volonté de Courelle, elle s'était quand même débrouillée pour ne pas entendre son réveil au matin. Ce fût les coups sonores que son boss donna à la porte de sa chambre qui la réveillèrent.

« MADEMOISELLE DIOP ! Criait-il à travers le bois. »

La jeune femme se leva dans un sursaut, promit qu'elle serait prête dans une demi-heure et s'enferma dans la salle de bain. Une douche rapide plus tard, elle enfila son tailleur jaune et des sandales à talons assortis. Seul problème : elle n'avait pas le temps de s'occuper de ses cheveux. Son afro électrique partait dans tous les sens et elle en fit un chignon grossier pour tenter de camoufler les dégâts. Au final, cela n'avait pas servi à grand-chose...

Jerry l'attendait dans le hall. Inutile de préciser qu'il était furieux. Il regarda Courelle descendre avec un sourcil levé plus haut que le second. Son doigt tapa contre la glace de sa montre. Courelle pensait qu'il était très élégant dans son costume couleur marine avant de se rappeler brusquement que là n'était pas le bon moment pour fantasmer sur son boss.

« Quelle heure avions-nous dit, mademoiselle Diop ? Questionna-t-il. »

Courelle remua la question dans son esprit. Il était présentement Huit heures trente. Le rendez-vous avec monsieur Fonso était à neuf-heures. Ils n'étaient pas en retard. Le bureau de ce dernier ne se trouvait pas loin de l'hôtel, ça n'allait leur prendre que dix minutes en voiture. De plus, avec la déserté de cette ville, il n'allait sûrement pas y avoir d'embouteillages.

« Errr...Nous ne nous étions pas vraiment arrangés sur une heure, monsieur Ly. »

Jerry ne pouvait pas être plus en colère. La veine sur son front battait d'un air menaçant alors qu'il essayait de garder son calme.

« Que voulez-vous dire par là ? Grogna-t-il à travers ses dents serrées.

-Eh bien oui...Hier, quand vous êtes venu dans ma chambre, vous ne m'avez pas donné une heure précise pour être prête.

-Parce que je croyais que je n'avais pas besoin d'être après vous comme si vous étiez une enfant ! »

Le ton dur de sa voix força Courelle à baisser les yeux. Une enfant, il l'avait appelé. Son boss s'était certainement levé du mauvais pied car elle était certaine qu'ils avaient largement le temps d'arriver à l'office de Fonso avant neuf heures. Et puis quoi ? Avoir quelques minutes de retard n'était pas un crime !

Sans issue de secoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant