Chapitre 4: Vous m'avez fait peur, bon sang !

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Courelle avait passé tout l'après-midi dans sa chambre. La moitié du temps, elle avait pleuré. Ce n'était pas seulement par peur, c'était aussi par malaise. L'événement qui s'était produit « aux abysses » l'avait marqué jusque dans sa chair. Jamais elle n'avait assisté à pareille scène. Ce genre d'horreur n'existaient que dans les films, pas dans la vraie vie. Comment se faisait-il que personne n'eut jugé sage d'appeler la police ou même d'intervenir ? Il y'avait des hommes dans ce maudit restaurant, pourquoi ne s'étaient-ils pas levés pour arrêter ces voyous ? Courelle ne comprenait pas. Et surtout, elle était choquée et malheureuse. Si elle avait pu, elle aurait choisi de n'être jamais venu à Pancok.

La partie la plus douloureuse avait été la réaction de Jerry. Au lieu de la réconforter, il avait enfoncé le couteau dans la plaie. Il lui avait dit qu'elle aurait dû rester silencieuse et ne pas intervenir. Jugeant que ces trois voyous étaient membres d'un gang, il pensait que Courelle avait attiré les projecteurs sur eux et que rester à Pancok était maintenant un danger. Malgré tout, cela ne voulait pas dire qu'ils allaient rentrer à Dakar. Il fallait d'abord qu'il règle ses affaires.

Courelle s'étaient ouvertement disputée avec lui dans la voiture. Il voulait la rendre fautive et elle refusait d'accepter. Ce n'était pas de sa faute si elle avait un cœur, elle. Son père ne l'avait pas élevé à croiser les bras pendant qu'un autre se fait abuser devant elle. Jerry lui avait ensuite dit qu'il regrettait de l'avoir amené avec lui.

« J'aurais dû prendre Nadia. »

Elle avait cherché à l'ignorer mais Courelle avait été blessée par cette déclaration. Elle savait déjà qu'elle était une mauvaise assistante et n'avait pas besoin de la confirmation de son boss à ce sujet. Mais de toute façon, elle ne regrettait rien de ses actions. Elle n'allait pas se sentir coupable pour ne pas avoir essayé d'apporter son aide.

Quand elle eut appelé sa mère pour lui parler de cet événement, celle-ci avait perdu tout son sang-froid et avait exigé qu'elle rentre immédiatement. Ensuite, elle avait parlé avec son frère qui lui aussi lui avait conseillé la même chose. Il travaillait comme agent dans la police dakaroise.

« Je vais investiguer dans la sécurité à Pancok, moi ! Avait-il promis. Mais en attendant, reviens-nous très vite. »

Et Courelle avait décidé de suivre le conseil de sa famille. Elle pliait ses chemises sur le lit lorsque quelqu'un toqua à la porte. Elle regarda sa montre. Il était presque vingt-heures. Cela devait être Aby la gérante de l'hôtel qui venait lui apporter son dîner. Ayant les yeux toujours humides, elle se passa un mouchoir sous les yeux avant d'aller ouvrir. Ce n'était pas Aby mais Jerry. Il avait un plateau de nourriture entre les mains.

Courelle garda la porte de sa chambre à demi ouverte. Elle ne voulait pas qu'il s'aperçoive qu'elle était sur le point de partir, ce qui était ridicule d'ailleurs : il fallait bien qu'il sache tôt ou tard.

« Mademoiselle Diop, soupira-t-il, est-ce-que je peux vous parler une minute ?

-Pas vraiment, monsieur Ly. Je suis occupée.

-S'il vous plaît. J'essayais de travailler sur mon ordinateur mais impossible de me concentrer. Je pense à notre dispute et ça me perturbe. J'ai l'impression que c'est à cause de moi que vous pleurez...Sachez que je n'ai pas voulu vous faire de la peine. Je suis très maladroit quand il s'agit de communiquer et moi aussi j'avais peur, cet après-midi. Je vous ai parlé sans réfléchir.

-Si vous cherchez à vous excuser monsieur Ly, épargnez-vous cette peine. Je ne vous en veux pas.

-Si vous dites la vérité, alors laissez-moi entrer. Il y'a ici assez de nourriture pour deux. Dînons ensemble...S'il vous plaît. »

Sans issue de secoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant