Fallen From Above

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Des soldats de la garde d'Asgard venaient de débouler dans la salle du trône, où se tenait l'éminent Odin, entouré de ses fils, d'une guerrière et de trois guerriers. Tous se tournèrent sur l'arrivée des gardes avec une curiosité qui laissait parler l'ennui dans lequel ils étaient plongés.

- Seigneur Odin ! s'exclama le premier alors que l'illustre l'enjoignait à parler d'un mouvement de tête. Nous avons trouvé un très grand cheval à la robe noire, descendu depuis le ciel sur Asgard, nos hommes le retiennent, mais avec beaucoup de peine.

Interloquée, la petite troupe réunie dans la salle du trône se dirigea d'un même élan vers l'extérieur. En effet, à l'entrée de l'immense palais se trouvaient plusieurs soldats qui tentaient de calmer tout en le maintenant un étalon ténébreux, dont la crinière épaisse se levait sous les amples mouvements de son cou qu'il utilisait pour essayer de s'échapper. Ses hennissements se transformaient en des hurlements incongrus qui se révélaient tout à fait effrayant pour tous ceux qui les entendaient. L'animal se débattait avec une force que les soldats avaient du mal à maîtriser malgré tous leurs efforts, les yeux de la bête écarquillés de peur, et de la salive mousseuse coulant sur son mord. Ses lourds sabots battaient impitoyablement le sol, le faisant vibrer et gronder.

Thor rejoignit les soldats, suivit de ses fidèles guerriers pour tenter de maintenir le cheval avec force. Mais rien ne retenait cette bête qui semblait se différencier des chevaux que les asgadiens avaient l'habitude de monter. Odin reconnu en l'animal autant de magie qu'en possédait sa propre monture : Sleipnir, son cheval à huit jambes qui galopait sur les mondes et l'univers.

Après quelques minutes d'acharnement, le grand cheval sembla se calmer, ses mouvements se faisaient de moins en moins amples et de moins en moins hargneux. Les soldats se réjouirent de leurs efforts, mais comprirent bien vite que cela ne relevait pas de leur dévouement à la tâche : le jeune Loki arborait un sourire satisfait, et regardait le reste des hommes avec un air supérieur et malicieux qui lui appartenait. Le prince cadet d'Asgard venait effectivement d'ensorceler le cheval, qui n'avait désormais plus la possibilité de voir : un voile invisible s'était posé sur ses yeux et incapable de voir ce qu'il se passait autour de lui, l'animal dut se résoudre à apaiser son entêtement.

- La force, nargua Loki, n'est que l'apanage des plus brutes.

- Ce n'est pas ce que disent les hommes sur le champ de bataille ! railla Thor en lui frappant fraternellement l'épaule.

Agacé par le geste, Loki garda son rictus aux lèvres sans répondre. La bête calmée, ce dernier se dirigea vers elle pour lui passer une tendre main sur le front. Odin s'avança avec la grâce des rois :

- Voici Hrimfaxi, annonça-t-il d'une voix grave et savante, le cheval de la nuit et des temps obscurs.

Quelqu'un enfin l'avait reconnu, et en entendant son nom le cheval s'ébroua doucement sous la paume de Loki. Odin rejoignit son fils pour se placer devant le cheval, et le sentant tout à fait calme, Loki leva le voile qu'il avait mis devant ses yeux. Les pupilles d'Hrimfaxi s'éveillèrent soudainement pour trouver le Père d'Asgard.

- Où est ta maîtresse, enfant de la lune ? demanda-t-il sans que personne ne comprenne réellement de quoi il s'agissait.

Mais Odin savait qu'avec cette bête, la nuit était tombée sur Asgard. Et la nuit était belle, tout de noir vêtue, le corps étendu sur le sol d'Asgard, quelque part à l'abri des vivants.