Le Coeur Ou La Raison [En pause ]

Chapitre 2: Mon réveil

Splaaashhh!!!

Bras et jambes écartées​ je flotte, ma vision se trouble alors je ferme les yeux. Il pleut désormais. J'ai du mal à respirer dans l'eau. Pense à quelque chose de joyeux, pense à quelque chose de joyeux. C'est ce que je me dis quand ça ne va pas mais aussi en EPS. Je pense alors à la rentrée des classes en sixième. Ce jour là j'avais un sac à dos princesse et étais coiffée en demie queue. Mon père m'avait emmené et assisté à ce moment important pour moi en ce temps là . Ma mère n'était pas venue car elle travaillait. Je revois le regard fière de mon père et son sourire qui...

Rien. On me secoue. Rien. Des lèvres se posent sur moi et je crache de l'eau. Un parfum masculin et un goût d'alcool envahissent mes narines. Rien. Pinpon pinpon. Rien. ''elle est vivante, je sens son pouls'' . Rien. Au loin : '' Monsieur, vous n'êtes pas autorisé à rentrer, vous ne faites pas parti de la famille ''. Rien.

Une main se pose dans la mienne. Ma bouche est sèche et quelque chose s'y trouve à l'intérieur. Où suis-je ? Je bouge mes doigts, du moins j'essaye. Ça a l'air de fonctionner puisque j'entends:

- Oh ma chérie, réveille toi, supplie une voix enrouée mais qui m'est très familière.

J'ouvre à peine les paupières et la lumière me brule quelque peu les yeux. Je tourne la tête et aperçois ma mère en pleure qui me tient la main. Elle se lève de sa chaise en me disant :

- Ne t'inquiète pas je suis là. Nous somme là.

Je ne dis rien pendant un long moment. Je suis trop occupée à analyser les derniers événements mais je finis par prononcer faiblement :

- Eau.

Une ombre se déplace sur ma gauche. C'est mon père qui s'approche :

- Qu'est-ce qui y a ?

- Eau, répétais-je.

Il me sert un verre d'eau à l'aide de la carafe qui se trouve près de moi.

- Tiens, bois, doucement.

Ça me fait du bien de boire, j'ouvre et ferme la bouche en constatant que j'ai un tube dans la gorge, je l'enlève donc:

- Non,non,non, il ne faut pas le retirer.

- Ça va je vais bien, le rassurais-je.

- Non ça ne va pas mais nous en reparlerons plus tard, repose toi.

Il remet mes cheveux en place et me colle un baiser sur le front. Je ferme les yeux. Lorsque je les ouvre je ne sais combien de temps après, plus personne ne se trouve dans la pièce. J'ai de nouveau le tube dans la bouche et je le retire.

J'ai une envie pressante d'aller aux toilettes. Oh lala ça urge ! J'essaie de me mettre assise et appuie sur le bouton d'appel. Par la vitre qui sépare la chambre du couloir je vois un jeune homme un peu plus âgé que moi assis contre le mur sa tête brune entre les mains. Il la relève et a l'air inquiet.
Une infirmière assez âgée arrive peu de temps après. Elle porte évidemment la blouse blanche et ses cheveux bruns sont coiffés en chignon strict.

- Bonjour Mademoiselle Thirriet, comment allez-vous ?

- Bien, j'ai envie d'aller faire pipi.

-Ne vous inquiétez pas vous pouvez faire vos besoins, il y a une sonde juste ici, me montre t-elle au niveau du bas ventre.

- Ah mais non madame, insistais-je.

-Comme vous voulez.

Elle m'aide à descendre du lit et je constate que le garçon est encore là . Je fais mes petites affaires, me réinstalle dans ce lit et je questionne l'infirmière avant qu'elle ne reparte :

- Vous savez où sont mes parents ?

- Ils ont passés les deux derniers jours ici alors je leur ai conseillé de rentrer chez vous pour qu'ils puissent se reposer.

- Deux derniers jours ?Ça fait combien de temps que je suis là ?

- Et bien cela fait deux jours Mademoiselle que vous êtes ici.

- D'accord...

Je repense au pont avec ma chute. Ma mémoire est un peu brouillée. J'ai honte que mes parents sachent que j'ai voulu en finir avec la vie. Je reprends mes esprits et continue:

- Dites, que m'est-il arrivé au juste ?

- Vous avez sauté du pont Saint Jean dans la nuit de mardi à mercredi.Un jeune homme qui était là a assisté à la scène et vous a sauvé. Il a appelé l'ambulance aussitôt et vous voilà, me raconte t-elle.

- Qui était-ce ?

- Victor Polin, un jeune homme du quartier.

Elle tourne la tête en direction du mec dans le couloir.

- C'est lui?

- C'est exact.

Je me redresse.

- Je veux lui parler, annonçais-je.

- Mademoiselle même si vous allez beaucoup mieux, il n'est pas conseillé de vous déplacer pour le moment.

-Bien, alors dites lui de venir, ripostais-je.

L'infirmière leva les yeux au ciel et souffla :

- Ok, je reviendrais plus tard.

À ce moment-là elle sort et j'en profite pour remettre les draps sur moi. Je la vois discuter avec mon sauveur qui s'est mis debout. Il hoche la tête à ce qu'elle dit et se dirige vers ma porte. Quant à elle, elle repart dans le couloir. Je me demande ce qu'il doit penser de la folle qui a sauté.

Une tête passe par la porte et un sourire parfait apparaît (voir média).

- Salut, me dit-il

- Salut.