Chapitre onze

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- Qu'est-ce que vous fichez là ? demandé-je, plus que surprise de les trouver devant ma porte.

Forcément il fallait qu'elles décident de passer ce soir !
Je me balance d'un pied à l'autre, mal à l'aise, me préparant à la scène qui, d'après leurs visages contrariés, va venir. Tout, de leur posture à l'expression de leur faciès me dis que je ne vais pas apprécier ce qui va se passer.

- Ce que nous on fiche là ? Tu te fous de nous ou quoi? grogne July.

Dans ma tête, mille stratégies se bousculent, chacune d'entre elles destinée à en finir avec cette entrevue au plus vite. D'un instant à l'autre, Samson va arriver. Que va-t-il penser de moi, si lors de notre premier rendez-vous, lorsqu'il arrive je suis en pleine  altercation avec celles qui sont censées être mes amies.

La réponse me semble assez évidente : pas que du bien.

- Je t'ai dit que j'avais un rendez-vous, tu n'as pas reçu mon message ? je tente, sachant pertinemment que si, elle l'a bien reçu, justement.

- Ben voyons, minaude-t-elle, tu es soi-disant malade toute la semaine, et maintenant tu as un rendez-vous! Tu sais ce que je pense? Je pense que tu t'es bien foutue de nous tant que tu avais besoin d'amies, tant que tu étais seule et désespérée. On t'a ramassée à la petite cuillère et maintenant que madame est remise sur pieds, ça y est on n'est plus assez bien pour toi. Mais vas-y, dis-moi si je me trompe! sa tirade se termine presque dans les cris.

- Arrête July, tu sais bien que c'est pas ça! Je vous adore les filles, vraiment, mais là j'ai un rendez-vous et j'ai vraiment pas envie de le foutre en l'air! supplié-je presque, rageant intérieurement contre mon propre manque de répondant.

Soudain, Katia fait plusieurs pas en avant dans ma direction, passant devant les deux autres. Elle s'approche tellement de moi que nos regards ne sont plus séparés que par quelques trop peu nombreux centimètres.

Elle mesure une bonne tête de plus que moi et je ne peux m'empêcher de reculer d'un pas instinctivement lorsque son regard furibond croise le mien et qu'elle crache :

- Moi, je dis qu'on devrait rester là. On attend que celui qu'elle attend soit disant se pointe. Soit il n'y a aucun rendez-vous et Madame la menteuse est démasquée soit un amoureux transi débarque et on prévient ce malchanceux jeune homme qu'elle risque de se débarrasser de lui aussitôt qu'elle n'en n'aura plus besoin.

Ces paroles font naître chez moi une vague de colère inattendue. Je n'ai vraiment pas grand chose a perdre dans la vie, et je me rend compte que perdre Samson avant même d'avoir pû le connaitre me toucherait bien plus que cela ne le devrait. Essayant alors de cacher mon appréhension et de feindre de ne pas être impressionnée, je carre les épaules.

- Katia, le fait que tu fasses une tête de plus que moi ne va pas m'empêcher de te planter mon talon aiguille entre les deux yeux si tu t'avises encore une fois de me parler comme à un clébard ! menacé-je.

Olivia s'approche et pose gentiment son bras sur l'épaule de Katia. Ce faisant elle croise mon regard, et je vois dans le sien qu'elle regrette d'être venue. De toute évidence, elle ne pensait pas que les choses tourneraient de cette façon, et elle s'en veut profondément de l'attitude de ses deux comparses.

Je tente de lui sourire, l'encourageant silencieusement à calmer ses amies. Si je peux obtenir son aide pour les faire déguerpir au plus vite, promis demain j'irai à l'église allumer un cierge !

Un bourdonnement désagréable suivi d'un déclic métallique se fait entendre et je comprends qu'il s'agit de la porte de l'immeuble. Effectivement, une seconde après je dois me faire à l'évidence :

Malheureusement il n'y aura pas de cierge pour moi demain.

En effet, Samson est arrivé et prend en considération le tableau que nous constituons. Katia a le front presque collé au mien, Olivia a la main sur l'épaule de cette dernière et July se tient en retrait, bras croisés et sourcils froncés.

- Sa... lut, ça va ? demande-t-il, un peu confus.

- Oui, on s'en allait, répond mon alliée inattendue. N'est-ce pas les filles?

July hoche la tête sèchement, bien que toujours contrariée. Je ne doute pas qu'elle m'a définitivement rayée de sa liste d'amis. Mais elle n'est pas du genre à faire un esclandre en public. Katia, elle, n'hésite pas à partir en fanfare

- Ouais, on se casse ! J'étais juste venu prévenir Lila que son maqu' la cherche! Au fait, ajoute-t-elle en ricanant, j'espère que tu as des capotes, tu sais pas quelle merde tu peux choper avec celle-ci !

Des émotions vives traversent le visage de Samson. Étonnement confusion et colère. Mais il n'a pas le temps de répondre que les filles sont déjà parties en claquant la porte derrière elles.

- Tu devrais éviter ses filles là  comme la peste. Tu mérites beaucoup mieux.

- Tu... Tu ne les crois pas? demandé-je avec étonnement.

- Oh, ricane sans humour, ma sœur a eu une période punk à l'adolescence, alors ce genre de parasites qui gravitent autour de proies considérées comme faciles,  je connais !

Son regard est sincère et compatissant. Mon coeur manque un battement. Jamais on ne m'a accordée ainsi une confiance immédiate sans preuve de mon innocence.

Je lui souris, encore une fois mise rapidement à l'aise par son naturel spontané et chaleureux.

- Bon, dit-il, on y va ? J'ai plusieurs idées de resto, tu préfères chinois ou italien ?

- Je croyais qu'on allait simplement  boire un verre ? demandé-je gênée.

Je suis soudainement embarassée  par ce qui ressemble de plus en plus à un véritable rendez-vous galant. Je n'ai pas envie de me faire de fausses idées et, de toute évidence, Samson est suffisamment beau pour avoir n'importe quelle fille à ses pieds, alors pourquoi s'intéresserait-il à moi ?

- C'est ce qui était prévu, mais tu es bien trop belle pour un simple verre, répond-il d'une voix douce et grave, les yeux fixés sur ses chaussures.

À ses mots, je rougis jusqu'aux orteils et ferme la porte de mon appartement derrière moi, prête à passer sans doute la meilleure soirée de ma vie.

A.D.N Où les histoires vivent. Découvrez maintenant