Chapitre 3

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Qui est donc cet homme que la magicienne attend nerveusement ?

Le voilà qui montre le bout de son nez. Reste à voir si c'est les nouvelles qu'il apporte vont lui plaire...

Bienvenue dans la suite de La Prophétie des Sables et bonne lecture (n'hésitez pas à donner votre avis, je veux tout savoir :-) !)

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Le bruit de bottes remonta  le bas des escaliers pour s'arrêter  derrière la lourde porte de la salle. Les vantaux de métal ouvragés s'effacèrent quelques secondes plus tard, laissant apparaître l'édule, le souffle court, sa silhouette arachnéenne suspendue dans l'espace. Une large ceinture bardée d'outils de mesure lui tombait autour de la taille : octants, sextants, règles, compas, verres polis : une guirlande de reflets gris, moirés et luisants. Des poches de son gilet, constellé de taches d'encre de toutes les couleurs, dépassaient des pages froissées, des bouts de cordes truffées de noeuds, des chaînes de boussoles. Ebouriffé, débraillé, il ressemblait à un homme qui vient de fuir un cataclysme, emportant tout ce qui lui est tombé sous la main. 

 Quoi qu'il en soit, arrivé en haut des marches, l'astronome fut surpris dans son élan. Il  n'avait pas fini de lever ses mains à hauteur de poitrine que les battants avaient été ouverts devant lui, sans qu'il ait eu le temps de les pousser. Il eut cet air stupidement surpris, comme s'il venait de faire basculer une muraille et qu'il ignorait d'où la force lui était venue. Il hésita un instant - comme si quelque chose lui échappait - secoua la tête, puis s'avança, raide et sans élégance, comme à son habitude.

-Arad... dit seulement la magicienne en haussant le sourcil pour l'accueillir.

L'édule, dont le teint de cire et la chemise froissée prouvaient - s'il était besoin - qu'il lui manquait bien deux nuits de sommeil, se courba à ses pieds en une révérence bâclée. Un tas d'os sous une peau fripée. Ses yeux noirs fuyaient derrière des mèches de cheveux presque blancs jetées de part et d'autre de son crâne. Bandore fit tourner sa main dans l'air, dévidant un invisible écheveau. 'Allons, allons, assez traîné, passons aux choses sérieuses' disait ce geste, 'parle'.

Rien. Un silence à couper au couteau suivit sa muette injonction. L'édule gardait sa tête anguleuse coincée dans sa poitrine, penchée de côté. Il arborait une moue pincée, ses lèvres formant une protubérance bardée de plis. C'était difficile de dire s'il s'agissait d'une hésitation ou d'une nouvelle forme de protestation qu'il étrennait.

-Alors ? articula Bandore sans chaleur. 

Quelque part dans le ciel du soir, un rideau de nuages céda la place aux derniers éclats du soleil. La lumière des lustres accrochés aux arches de marbre se mêla à celle des  fenêtres de la Haute Tour pour enfanter un rayon rubicond. Celui-ci vint cogner avec morgue le sol de la salle d'honneur, rebondit sur les longues colonnes, avant de s'épuiser dans la gueule des couloirs qui bordaient la salle. Bandore ouvrit les yeux. Un instant, le blanc qui voilait sa cornée donna l'impression de bondir jusqu'au plafond avant de revenir flotter dans son visage noir, dessinant deux étoiles mortes.

-Qu'as-tu trouvé.

Ce n'était plus une question.
A contrecœur, Arad dégagea de sa manche un astrolabe rutilant, le soupesa avec une précaution infinie - on aurait dit que tout le destin du monde sommeillait dans cet assemblage de métal et de vis - et se décida à parler.

L'Ordre Terne - La Prophétie des Sables -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant